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Le bouleversement créateur : Témoin d’Histoires

Le bouleversement créateur : Témoin d’Histoires

Publié le par Emilien Sermier (Source : Appel à communication)

« Le bouleversement créateur : Témoin d’Histoires »

Proposition de journée d’étude doctorale et interdisciplinaire EA - 1573.

Scènes du monde, création, savoirs critiques - Ecole doctorale EDESTA

Université PARIS 8 – Vincennes / Saint Denis

Mai, 2014  

 

Appel à communication

Date limite de proposition : 30 mars 2014

 

Cette journée doctorale vise à promouvoir un espace d’échange et de réflexion sur le concept de témoin-artiste et ses formes de créativité. Être témoin de l’Histoire ou simplement d’histoires ; le témoin est l’être bouleversé capable de s’engager personnellement et, à partir de sa résistance, de proposer également  à autrui de s'engager. Il est profondément touché par la violence en tant qu’énergie bouleversante qui transforme l’essence de l’être, et il peut établir des connexions entre l’Histoire et les histoires.

L’enjeu de cette journée d’études consistera à partager et à approfondir des questions et des réflexions concernant les relations entre les productions artistiques et les bouleversements qu’elles peuvent engendrer dans un contexte historique donné, de manière à comprendre certaines dynamiques qui se produisent entre esthétique et politique, lors du contact entre l’œuvre et le public. Cette approche sera interdisciplinaire, elle concerne principalement les domaines des arts, principalement les arts du spectacle vivant, de la philosophie et de l’histoire, mais nous accueillerons aussi des propositions d’autres champs disciplinaires.        

Celui qui témoigne soulève la question de la mémoire de manière inachevée, la mémoire regroupe les formes symboliques permettant de contester un certain temps, un certain contexte. La mémoire est une manière de résister symboliquement au désenchantement du monde. Elle comprend plus que des souvenirs et représente autant le maintien que la possibilité de création d’une identité. Elle assure la conservation et la récolte des expériences. La mémoire est aussi l’élément fondamental de la création en soi ; nos histoires sont composées de matière, agrégat de molécules et de faits. Il serait donc possible de retrouver des fragments d’Histoires dans les formes-matières créées,  dans ces réorganisations de molécules, de temps et faits, avec lesquelles la création artistique se développe.

Bergson approfondit certains de ces rapports entre mémoire et création dans L’évolution créatrice :

 

« (...) comment comprendre l'influence exercée sur la Matière sans forme par cette forme sans matière ? (...) Cette organisation prend pour nos sens et pour notre intelligence la forme de parties entièrement extérieures à des parties dans le temps et dans l'espace. Non seulement nous fermons les yeux sur l'unité de l'élan qui, traversant les générations, relie les individus aux individus, les espèces aux espèces, et fait de la série entière des vivants une seule immense vague courant sur la matière, mais chaque individu lui-même nous apparaît comme un agrégat, agrégat de molécules et agrégat de faits. (…). »[1]

 

Cette pensée peut être l’un des points de départ  des questionnements engagés pendant cette journée d’étude. Le témoin qui utilise la mise en image,  la poétique et d’autres langages artistiques dans sa création, sera-t-il capable de mettre en scène son bouleversement créateur ? Pourrait-il partager de façon sensible la violence qui a fait de lui un témoin ? Est-ce que l’acte créatif peut être capable de réinventer certaines mémoires communes ? Pourrions-nous parler d’un témoin-acteur dans le domaine de certaines œuvres d’art ? Peut-on déterminer certains enjeux d’effacement de mémoires devant l’Histoire à travers l’analyse des créations artistiques ?

L’artiste est souvent témoin de son temps, par conséquent de son histoire et de sa mémoire. Nous questionnons sa responsabilité critique alliée à son approche sensible des faits. Il s’agit parfois de la création d’un nouveau corps sensible (le corps de l’œuvre) pleinement engagé, qui fait que son bouleversement se projette de façon créative, dans d’autres corps. Parfois le bouleversement créatif est exprimé au moyen de métaphores et surtout d’un langage poétique.

La métaphore alliée au poétique est récurrente lorsque nous entrons dans le champ de l’abstrait, de la subjectivité ou de l’imaginaire. La métaphore poétique ouvre ainsi des chemins pour de nouvelles esthétiques. Dans les arts, nous pouvons parler de métaphore poétique textuelle, sonore, corporelle, incluant ou pas une mise en scène.

Le processus déclenché lors du contact entre œuvre et public est un travail actif pour les deux partis, à savoir ceux qui la proposent et ceux qui la reçoivent, les deux responsables pour l’existence même de cet évènement qui peut bouleverser et réinventer des mémoires, impliquant parfois des relectures de l’Histoire même. C’est un travail continu et cette continuité est aussi un acte créateur. De toute façon il s’agit d’un mouvement transformateur, une liberté créative à double sens.

Le bouleversement créateur génère souvent de nouveaux langages poétiques. Le fait de créer, par exemple des métaphores poétiques, aide le témoin-acteur à communiquer autrement avec le monde, parce que la prise de conscience est un des éléments nécessaires pour une transformation du langage. Ce qu’impliquerait forcément un changement de la nature de ce qui est exprimé. Le langage poétique, aidé par la construction de métaphores, réinventerait des histoires, grâce à d’autres natures de relations, d’autres engagements de vieux réseaux, la possibilité de lire et se rapporter autrement à de vieilles ‘réalités’.

Comme le poétique relève de l’irrationnel, les métaphores poétiques favorisent plutôt une relation entre les acteurs et les spectateurs, dont le double enjeu créateur allié à l’inévitable situation de participer aux transformations d’une mémoire commune motive les deux parties. Dans le cas du théâtre et d’autres arts, le rôle de l’acteur-témoin peut être vu comme un moyen d’accès pour le spectateur à un devenir témoin actif des événements.

 

Cette journée d’études mettra en discussion les points suivants :

  • Les enjeux de la composition artistique d’un témoin.
  • Comment le témoin d’Histoires arrive-t-il à mettre en scène son bouleversement créatif.
  • Ce qui demeure en tant que bouleversement créatif dans un contexte politique. Les relations entre esthétique et politique. 
  • Les enjeux d’effacement de la mémoire/des histoires devant l’Histoire. Les enjeux qui peuvent la récupérer, la récréer.
  • Le corps poétique est-il  témoin ? Peut-il remettre en question des tensions oubliées par l’Histoire?

Les propositions de communication (200-400 mots), accompagnées d’une bibliographie sommaire et d’un CV de quelques lignes pourront être envoyées aux organisateurs jusqu'au 30 mars 2014.

Organisateurs et responsables : Rebbeka Del Aguila (rebbeka.pdd@gmail.com) et Viviana Coletty (vivianascoletty@gmail.com)