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Le bonheur est dans l’amphi. Réflexions interdisciplinaires sur la notion de bonheur.

Le bonheur est dans l’amphi. Réflexions interdisciplinaires sur la notion de bonheur.

Publié le par Alexandre Gefen (Source : doctorants de l'université d'Angers)

Le bonheur est dans l’amphi. Réflexions interdisciplinaires sur la notion de bonheur.

 

Journée d’études organisée à Angers le 9 mars 2017 par l’Association Interdisciplinaire des Doctorants de l’Ouest en Confluences (AIDOC) adressée à tous les doctorants et jeunes chercheurs.

 

Argumentaire

 

Que pourrait-on dire sur le bonheur qui n’ait pas déjà fait l’objet d’analyses ? D’Aristote aux Lumières en passant par les épicuriens, nombreux sont les philosophes à s’être saisi de ce mot pour conclure, presque résignés, à un impossible idéal. Le mot serait-il trop vaporeux, ou fuyant, pour que son étude soit considérée ailleurs comme trop frivole, sinon inconsistante ? L’indigence des travaux en sciences économiques, juridiques ou encore géographiques pouvait jusqu’à récemment le faire croire. Car le mot, aujourd’hui, suscite l’intérêt des chercheurs. À l’origine de ce (ré)investissement de la notion, un constat : l’accroissement des populations et de leur niveau de vie global n’a pas conduit au développement parallèle de leur bonheur. De cette observation, la recherche d’action : par délibération du 19 juillet 2011, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution sur le bonheur comme approche globale du développement, invitant les États à « élaborer de nouvelles mesures qui tiennent mieux compte de l’importance de la recherche sur le bonheur ». Qu’émerge de plus en plus l’idée d’une « économie du bonheur » quand n’est pas ostensiblement affiché un « droit au bonheur » n’étonne donc guère, comme naissent ici et là des programmes de recherche à l’instar du projet « BonDroit » (Bonheur et Droit) porté par le Centre Jean Bodin de l’Université d’Angers ou du programme « Le bonheur à l’école » de l’Institut français de l’éducation.

 

Le bonheur, en histoire ?

Échappant à toute définition rigide, la félicité a une histoire : les différents siècles ont fait éclore des perceptions multiples et parfois antinomiques de cette notion. Au cours du temps, les représentations collectives du bonheur prennent différentes formes : liesse populaire, épanouissement dans la contemplation monastique, poursuite de la prospérité matérielle, recherche de la réussite professionnelle, sentimentale ou familiale. La recette du bonheur n’est pas intemporelle. Elle dépend des sociétés, des mœurs, des structures mentales et des idéologies propres à chaque époque et à chaque individu en fonction de son identité (religion, genre, âge, origine sociale etc). Le bonheur se nourrit de la projection dans l’avenir mais également de l’idéalisation du passé s’incarnant dans des âges d’or dont les plus évocateurs sont la « Renaissance » et la « Belle époque ». A travers de tels questionnements, cette journée d’étude invite les jeunes chercheurs à questionner cette définition subjective et évolutive du bonheur.

 

Le bonheur, en droit ?

Longtemps mise à l’écart du champ de l’analyse juridique, la notion irrigue pourtant la matière. Car que visent les droits de l’Homme si ce n’est « la recherche du bonheur », pour reprendre la déclaration d’indépendance américaine ? La déclaration française de 1789 le réitère en assignant le bonheur comme but de la société, comme le font encore les constitutions du Japon et de la Turquie. La question de son effectivité néanmoins interroge : ne faut-il y voir que l’expression d’une proclamation rassurante, à défaut d’une réalité vivante ? Cette journée d’étude pourrait être l’occasion de s’interroger sur les expressions concrètes du bonheur, son caractère opérationnel ; tout comme seront bienvenues des communications plus théoriques interrogeant sa qualification juridique, ses potentialités en tant que principe matriciel, tout comme sa spécificité par rapport à d’autres notions.

 

Le bonheur, en géographie, économie, sociologie ?

Depuis plusieurs décennies, les sciences humaines et sociales (Psychologie du bonheur, économie du bonheur, sociologie du bonheur et par association la géographie du bien-être) se sont emparées du bonheur comme objet d’étude. Les travaux de recherche ont alors eu pour ambition de conceptualiser, évaluer et expliquer le bonheur. Les finalités de ces recherches ont été de saisir les principales composantes et causes du bonheur (richesse, travail, environnement, sécurité, liens sociaux, espaces de vie, etc.). La question du bonheur représente également une question éminemment politique qui interroge nos sociétés contemporaines dans leurs modes de fonctionnement et d’organisation. Appréhender le bonheur représente donc un défi complexe aux contours incertains qu’il s’agira d’interroger dans le cadre de cette journée d’études.

 

Le bonheur, en lettres, langues, arts ?

De l'Utopie de Thomas More (1516) au Mad Max de George Miller (2015) , les arts dans toute leur diversité ont contribué à alimenter la réflexion quant à la notion de bonheur et à ses représentations. Indissociable du contexte socio-culturel générant l'œuvre, la définition du bonheur ne cesse de se métamorphoser à travers des genres propices tels que l'utopie, la dystopie ou encore l'uchronie. Synonyme d'échappatoire ces derniers permettent d'atteindre une idée du bonheur souvent construite en opposition à la réalité. Au contraire, une veine plus réaliste révèle un tableau critique fidèle aux failles contrariant l'accès à ce même bonheur. Cette journée sera l'occasion pour les doctorants en lettres, langues et arts d'interroger cette thématique.

Il ne s’agit là que de pistes exposées à titre indicatif. Seront également bienvenues des communications ouvertes à la psychologie, la philosophie, l’anthropologie, l’ethnologie, les sciences politiques etc.

La journée d’études se terminera par un apéritif filmique avec la présentation et la diffusion d’un film interrogeant la notion de bonheur.  Avec la Part des Anges Ken Loach, figure emblématique du cinéma britannique, continue d'accompagner par sa caméra discrète et respectueuse le quotidien des laissés pour compte, des prolos et des bras cassés du système. Le cinéma de Ken Loach, par-delà la grisaille qui occupe l'écran, cherche à glisser de brefs moments de félicité par une mise en valeur des cultures populaires. Blagues potaches, art de la débrouille, solidarité infaillible autour d'une pinte, tous ces écorchés vifs – littéralement – résistent au processus de déshumanisation dont ils sont victimes et par la résistance culturelle qu'ils expriment participent à notre réflexion menée sur le bonheur.

 

 

Conditions de soumission

Les projets de communication ne devront  pas dépasser une page et devront être envoyés à asso.aidoc@gmail.com

Date limite d’envoi des projets : 6 janvier 2017

 

 

 

Comité scientifique

  • M. Félicien Lemaire, Professeur de droit public à l’université d’Angers
  • Mme Taïna Tuhkunen, Professeure de littérature et cinéma américains à l’université d’Angers
  • M Emmanuel Vernadakis, Professeur de littérature anglophone, université d’Angers
  • Mme Mathilde Plard, chargée de recherches en géographie (ESO Angers) , université d’Angers
  • Mme Edith Parmentier, Professeure d’histoire ancienne, université d’Angers