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Appels à contributions
Le Beau ordinaire. Recherches en nouvelle esthétique

Le Beau ordinaire. Recherches en nouvelle esthétique

Publié le par Marielle Macé (Source : Janusz Przychodzen)

30 avril, 1er mai 2008.

Le Beau ordinaire. Recherches en nouvelle esthétique

Toronto

Argument

La question du beau, depuis Hegel, qui se sentait « avec la beauté naturelle [pour ne pas dire ordinaire], sur un terrain trop mobile et trop vague, dans une indétermination dénuée de tout criterium » (Esthétique), avait été définitivement reléguée au domaine de l'art, de l'architecture et de la littérature. Il s'est constitué dès lors, avec l'appui de philosophes grecs (Platon, Hippias majeur), une longue et riche tradition, qui, même si elle a été éclipsée de temps en temps par des approches poétiques de la littérature, continue aujourd'hui, à l'époque marquée par la condition postmoderne de la valeur esthétique (Lyotard, Leçons sur l'analytique du sublime) et la réarticulation de la question de la perception, d'alimenter la réflexion critique.
D'autre part, comme l'a bien démontré Ricoeur dans son analyse de Proust (Temps et récit), c'est bel et bien dans le monde non esthétique que le beau en tant que phénomène tire ses racines et exerce en deçà de l'esthétique son influence sur notre perception du monde. Ainsi, il nous paraît nécessaire de rediscuter le beau en dehors du terrain traditionnel et de réfléchir sur la possibilité de constituer un nouvel objet de recherche et, par là, jeter les bases d'une nouvelle esthétique ou, pour le dire différemment, de la non esthétique.
Fondée sur la catégorie du « beau ordinaire », c'est-à-dire d'un beau exprimé en termes de langage ordinaire, que l'on définira de manière globale comme toute forme de langage qui n'est constitutive ni de la représentation littéraire ni de la représentation artistique à proprement parler, cette nouvelle perspective permettra aussi aux chercheurs d'étudier la place, le rôle et les formes du beau, tel qu'il se manifeste aussi dans le domaine des sciences sociales, ce qui nous intéresse particulièrement ici. L'expression de « langage ordinaire » est donc employée ici dans un sens similaire mais plus large, dans une certaine mesure, à celui défini par la philosophie du langage ordinaire (Wittgenstein, Austin).
Une telle question du beau ordinaire s'est posée régulièrement et de manière explicite en sciences pures, surtout en mathématiques (H. E. Huntley. The Divine Proportion: A Study in Mathematical Beauty). Mais elle se manifeste aussi de manière importante, quoique beaucoup moins articulée et étudiée, dans d'autres domaines : par exemple, en droit (Ed Morgan, The Aesthetics of International Law), en économie (Cassey Lee, Peter L. Lloyd, « Beauty and the Economist: The Role of Aesthetics in Economic Theory ») et en histoire (Arthur W. Foshay, « Aesthetics and History »). Il faudra voir cependant de plus près dans quelle mesure on peut parler de la beauté de la démocratie, de la justice, de la guerre ou de la bombe atomique, comme l'a fait, par exemple, R. Oppenheimer. Se demander au fond sur quoi repose précisément la nature du beau ordinaire afin de mieux comprendre comment elle est déterminée et exprimée; explorer aussi, finalement, les rapports de celui-ci avec le beau esthétique.
Cette exploration du poétique et de l'esthétique se fera de manière parallèle aux recherches en poétique du social (Richard Brown. A Poetic for Sociology: Toward a Logic of Discovery for the Human Sciences ; Henri Meschonnic. Politique du rythme).
Le beau ordinaire ne se définit pas par la nature du référent mais par son mode d'énonciation, c'est-à-dire par sa manière essentiellement non littéraire et non artistique de percevoir et d'exprimer ce qui se donne à voir et à saisir comme beau. Néanmoins, il reste possible, sinon nécessaire, d'établir une jonction entre le domaine esthétique et le domaine non esthétique, car, d'une part, le beau ordinaire peut prendre la forme de toutes les catégories esthétiques, et même faire de l'art et de la littérature en soi des arguments ou des sujets de représentation ordinaire ; et d'autre part, le même beau ordinaire se manifeste aussi en littérature en tant que topos. C'est sur ce dernier plan que nous solliciterons des contributions en études littéraires.

Thèmes proposés

— Le beau ordinaire, élément constitutif du représentable social ;

— Le beau ordinaire comme argument et valeur du discours social ;

— Les implications esthétiques de la représentation et du récit historiques ;

— Le pouvoir et le beau ordinaire : formes, expressions, légitimations ;

— Le fondement esthétique en sciences politiques et dans les systèmes politiques ;

— Le bien et le juste dans la perspective du beau ordinaire;

— Le beau ordinaire en sciences pures (mathématiques, physique, etc.) ;

— La place du beau ordinaire dans la vulgarisation scientifique ;

— L'usage du beau ordinaire dans le discours médical et thérapeutique ;

— L'esthétique des médias : le beau ordinaire en journalisme et en publicité ;

— Le beau ordinaire et le témoignage (récit de vie) ;

— Le beau protocolaire ;

— Le beau comme catégorie non esthétique en philosophie ;

— Le beau ordinaire en littérature et en discours critique.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, doivent inclure un résumé de 300 mots, accompagné d'un titre et des coordonnées (nom, fonction, université, département d'attache, etc.). Elles doivent parvenir aux organisateurs avant le 20 décembre 2007.