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Langue(s) d'écrivain

Langue(s) d'écrivain

Publié le par Florian Pennanech (Source : Isabelle Reck)

Langue(s) d'écrivain

Du 2 octobre 2009 au 3 octobre 2009,Université de Strasbourg

Les équipes d'accueilCulture et Histoire dans l'Espace Roman (C.H.E.R., EA4376) et Groupe d'ÉtudesOrientales (G.E.O., EA1340) de l'Université de Strasbourg organisent un colloqueinternational intitulé « Langue(s) d'écrivain », les 2 et 3 octobre2009 (9h-18h), au Collège doctoral européen de Strasbourg (Boulevard de laVictoire).

Le colloque réunitquatre écrivains étrangers (romanciers, nouvellistes, poètes et essayistes)dont trois résidant en France: Nedim Gürsel (Turquie), VassilisAlexakis (Grèce), Abdelfattah Kilito (Maroc), et KadhimJihad Hassan (Irak). Pris entre la langue mère et la langue d'accueil, lalangue de l'autre, ils dialogueront sur cette question du choix de la langued'écriture et du bilinguisme, largement évoquée dans des écrits comme Lesmots étrangers (Vassilis Alexakis), Les mots de l'exil(Nedim Gürsel) ou Tu ne parleras pas ma langue (AbdelfattahKilito). Le colloque sera précédé, le 1er octobre à 19h15, à la librairie Quaides Brumes, de la présentation de l'édition française (Seuil) du dernier romande Nedim Gürsel, en librairie à partir du 1er octobre, Lesfilles d'Allah, roman qui lui a valu récemment un procès en Turquie. Larencontre sera animée par deux spécialistes de la culture turqueStéphane De Tapia, directeur de recherches au CNRS et Paul Dumont, professeur,directeur du département d'études turques de l'Université de Strasbourg.

Dans une lettre du06/11/1896, Sigmund Freud écrit que "le refoulement se présente comme un"défaut de traduction"". Dès lors, pouvons-nous poserl'hypothèse selon laquelle la traduction favoriserait la levée de refoulement ?Cette hypothèse débouche sur l'idée que dans leurs oeuvres, des écrivains commeS. Beckett, Julien Green ou V. Nabokov ont pu exprimer des fantaisies,fantasmes et affects qu'ils n'auraient sans doute pas pu éprouver et écriredans une langue maternelle charriant avec elle les refoulements infantiles. Lalangue d'accueil favoriserait ainsi une créativité d'autant plus facile etgrande que celle-ci se trouverait "libérée" des refoulements defantaisies drainés et enfouis avec la langue maternelle. (Axe 1)

Qu'en est-il aussides écrivains bilingues : quelle langue pour écrire ? (Axe 2)

Un siècle plus tard,Kadhim Jihad Hassan, dans un essai consacré à l'oeuvre de l'écrivain espagnolJuan Goytisolo, définit en ces termes un autre type de traduction dans le champde la création littéraire, la traduction dite « interne » : elleest ce travail de « renvoi, dans un texte, à d'autres textes, à d'autresstyles et à d'autres langues », « ce qui fait de l'oeuvre littérairemoderne un "patchwork", selon un mot de Deleuze, une"greffe" ou une "dissémination", selon des mots deDerrida. ». Cette autre modalité de la « traduction », inscritedans le processus d'écriture, se fait manifeste au sein d'un espace textuel quiinclut et expose l'interculturalité et l'altérité au sein même de sonénonciation. Choisir une autre langue, n'est-ce pas avant tout choisir lalangue de l'Autre ? (Axe 3)

Les intervenants ducolloque exploreront ces modalités de la « traduction » dans lacréation littéraire et leurs implications multiples au sein de la poétique destextes et du rapport de l'écrivain à la langue, au monde, à la littérature.

Programme :

G. Pirlot(Toulouse-Le Mirail, Pr., Psychanalyste) : Le prépuce de la languematernelle circoncis par l'usage d'une langue seconde dans la créationlittéraire chez Beckett, Green et Nabokov. – R. Baudin (Strasbourg) :Exprimer son intimité : la concurrence entre français et russe dans lacorrespondance d'exil d'Alexandre Radichtchev (1791-1802). – table ronde desquatre écrivains invités. –- A. Kilito (Rabat) : La langue, ma raison. –K.J.Hassan (INALCO) La traduction en question-traduire la poésie en arabe. – X.Luffin (Univ. Libre de Bruxelles) : L'arabe, une nouvelle languelittéraire en Afrique ? Le cas de l'Erythrée. – S.Gasti (Paris IV) :Comment exprimer le sexe et l'amour chez Assia Djebbar. – N. Abi-Rached (Strasbourg) :Les langues secondes chez Alexandre Najjar, pourquoi ? – E.Garnier(Toulouse-Le Mirail) : Les « mots de passe » dans Les petitesfilles mortes ne grandissent pas, de Beth Escudé. – C. Egger(Aix-Marseille) : La théâtralisation de la langue chez Romero Esteo. – Y.Llored (Nancy2) : Langages des traditions et fictions de l'histoire dans Elsitio de los sitios de Juan Goytisolo. – J. Strauss (CNRS/Strasbourg) :Turcophonie-version ottomane. – L. Savova (Paris III) : Traversées del'étrangeté. La migration des langues au coeur du geste créateur d'Elias Canettiet de Vladimir Nabokov. – G. Puica (Strasbourg) : Théodore Cazaban :de l'interférence linguistique et culturelle au silence. – A. Starck-Adler(Univ. Haute Alsace) Isaac Bashevis Singer, entre le yiddish et l'anglais. – L.Denooz (Nancy2) : Langue et construction identitaire d'écrivains arabesexpatriés. – A. Sakkal (Strasbourg) : Tahar Ben Jelloun : entre lesmots, les mots de la honte.