Collectif
Nouvelle parution
Langue française et contacts langagiers, Abdellah Baida (dir.)

Langue française et contacts langagiers, Abdellah Baida (dir.)

Publié le par Julia Peslier (Source : AMEF)



Langue française et contacts langagiers,

Actes de l'Université d'été de l'AMEF (juillet 2006),

Ed. Bouregreg, Rabat, 2007, coordination Abdellah Baida, 181 pages.


 

 



SOMMAIRE


Présentation des actes, par Abdellah Baida……….…… p.7

CONFERENCES p.9

Hassane Belgra, Compétence écrite et activités traduisantes……...………………..…………… p.11

Dalila Benzakour, Les proverbes, point de rencontre de civilisations authentiques………..……………. p.21

Frédéric Mambenga-Ylagou, L'hétérogène comme dynamique esthétique des littératures africaines francophones…………...………………..……. p.33

Abdellah Baida, Contact des langues dans les romans de Mohamed Nedali ……………..………………. p.51

Jacques Lefebvre, Regards sur quelques livres d'auteurs maghrébins de langue française qui m'ont ouvert les yeux et le coeur.................................. p.65

Catherine Sablé-Delvert, Vers un vécu euphorique de la diversité linguistique dans le cadre d'un apprentissage du français:exemples de pratiques pédagogiques autour de la littérature.. p.97

Mohamed AbouFarrag El-Cheikh, Les marques d'interférences (écrites) de l'arabe au français chez les étudiants de première année universitaire à Ménouféya……………….….. p.109

Mohamed –Saâd Zemmouri, A la redécouverte d'Elisa Chimenti, écrivaine humaniste………………. p.135

Camille Ganty, L'atelier d'écriture comme maïeutique…………………………..……….. p.147

Mohamed Aiche, Registres de langue et enseignement du français……………………….…………... p.153

COMPTES-RENDUS DES ATELIERS p.165


* * *
PRESENTATION DES ACTES:


Par Abdellah BAIDA



Après avoir abordé la question de l'enseignement du français et son rapport à la culture, l'Association Marocaine des Enseignants de Français (AMEF) a décidé pour sa sixième Université d'été (Tanger, 17-21 juillet 2006) de réfléchir sur les rapports entre la langue française et les autres langues au sein de différentes structures : scolaire, culturelle, littéraire, linguistique, quotidienne... Le résultat est très intéressant !

A travers un éventail d'articles qui ont abordé cette question, le lecteur comprendra mieux cette co-existence entre les langues au sein d'une structure linguistique relevant à l'origine de la langue française. Un travail de traduction permanente s'effectue ainsi de manière directe ou indirecte. C'est ce qui incité Hassane Belgra a poser le problème de la traduction et de son rôle dans le développement de la compétence de l'écrit chez l'apprenant. Il a insisté dans son intervention sur l'importance de la traduction dans l'apprentissage des langues (aspect qui malheureusement n'est pas encore suffisamment exploité dans le cadre de l'enseignement des langues au Maroc).

Dans sa quête des points de rencontre entre les civilisations, Dalila Benzakour mettra l'accent sur la fonction des proverbes comme vecteur et carrefour des civilisations authentiques. Certes, les proverbes résistent encore au processus de traduction mais ils demeurent adaptables à chaque civilisation. Selon Mme Benzakour, il faut oser enseigner les proverbes et exploiter tout le côté ludique qui émanerait de cette opération.
L'hétérogénéité linguistique ne va pas, dans le cadre du texte littéraire, sans une hétérogénéité esthétique.

Frédéric Mambenga a bien analysé cet aspect en mettant en relief trois niveaux d'interférence : le composite, le combinatoire et le symbolique. Son champ d'application favori n'est autre que les littératures africaines francophones qui regorgent d'exemples d'écrivains qui n'hésitent pas à exploiter l'apport des langues maternelles pour enrichir le tissu de la langue française. C'est dans la même perspective qu'Abdellah Baida a abordé l'oeuvre de Mohamed Nedali pour montrer tout l'apport des langues amazighe, arabe et autres dans les romans de Nedali. Il spécifie à cet égard le pourquoi du choix d'un mot autre que français en précisant ce que ce procédé apporte au texte et à son esthétique. Cette intervention est enrichie par un entretien avec l'auteur qui apporte son propre éclairage à cette problématique.

Toujours en rapport avec les textes littéraires, Jacques Lefebvre donne son « point de vue de Roumi » sur des textes maghrébins en émettant plusieurs hypothèses sur les motivations du choix de la langue française par les auteurs abordés. Mais il dépasse rapidement ces dimensions linguistiques pour mettre en relief dans ces textes les grandes valeurs aptes à ouvrir au lecteur aussi bien les yeux que le coeur.

Ayant un « coeur ouvert », le lecteur ne peut que tendre « vers un vécu euphorique de la diversité linguistique » ; c'est ce qui apparaît dès le titre de l'intervention de Catherine Sabblé-Delvert qui se penche sur le concept du « divers » pour en extraire tous les plaisirs qu'il peut fournir au texte et à la communication. Elle considère ainsi la lecture littéraire comme une tendance « vers de joyeuses rencontres ».

C'est dans le même esprit que Mohamed-Saâd Zemmouri part « à la (re)découverte d'Elisa Chimenti, écrivaine humaniste », comme l'indique très bien le titre de sa communication. Le choix de ce « personnage » n'est pas fortuit car tout son parcours, comme le démontre Zemmouri, est un appel au contact pacifique entre les peuples, entre les langues et aux échanges euphoriques entre les civilisations.

L'écriture peut jouer un rôle similaire à celui de la lecture. C'est ce que montre l'expérience présentée par Camille Ganty qui évoque « l'atelier d'écriture comme maïeutique » ; la langue qui est parfois un obstacle peut devenir un moyen pour se libérer notamment lorsqu'on se retrouve dans une société et dans une langue qui ne sont pas ceux d'origine. Mme Ganty montre comment à travers des ateliers bien conduits, la personne peut retrouver confiance (en l'autre et en elle-même) et reconstruire une identité.

Sur un mode plus technique, mais non moins intéressant, Mohamed AbouFarrag EL-Cheikh propose une étude sur les marques d'interférences (écrites) de l'arabe au français chez les étudiants de première année universitaire à Ménouféya (Egypte). Il montre, exemples à l'appui, les différentes variétés des interférences en analysant leurs origines dans les pratiques quotidiennes et universitaires des étudiants.

Tout en restant dans le cadre d'une seule langue, en l'occurrence la langue française, la variété et la diversité ne sont pas exclues. C'est ce que montre Mohamed Aïche en se penchant sur la question des registres de langue et son rapport avec l'enseignement du français. Les différents registres sont liés à des situations précises qu'évoque l'article avant de s'interroger sur le choix qu'il faut effectuer dans un cadre scolaire.

Les travaux d'ateliers, dont nous présentons ici certains comptes-rendus, étaient une autre occasion pour approcher le contact des langues à travers des pratiques concrètes et précises.

La langue française et les contacts langagiers est un rapport qui dépasse la simple dimension linguistique. En effet, les intervenants de l'Université d'été de l'AMEF ont bien dévoilé d'autres aspects et d'autres enjeux qui émanent de ces contacts des langues. Ces enjeux peuvent être de différents ordres, ils vont du symbolique à l'esthétique en traversant divers champs à chaque fois renouvelés.

Que les auteurs de ces recherches ainsi que le public qui a participé activement aux débats soient ici chaleureusement remerciés pour leurs efforts et leur générosité scientifique.