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La Ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs (Grandes métropoles du Canada et de France)

La Ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs (Grandes métropoles du Canada et de France)

Publié le par Julien Desrochers (Source : CRILCQ)

Colloque international

 

La Ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs (Grandes métropoles du Canada et de France)

Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence
Du 13 au 16 juin 2007

 

Appel de communication

 

Association française d’études canadiennes (AFEC) – Colloque de l’AFEC, du 13 au 16 juin 2007, organisé à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence sur le thème : « La ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs (grandes métropoles du Canada et de France) » Aix-en-Provence, France. Les propositions de communication sont attendues jusqu'au 1er novembre 2006.

 

 

Présentation

 

Si l’une des problématiques classiques de l’analyse urbaine — la tension entre fragmentation et unité urbaines — a fait un imposant retour en force au cours des vingt dernières années, c’est en raison de l’émergence de nouveaux processus de fragmentation qui ont rapidement modifié les pratiques, les langages et les perceptions de la ville. Ces transformations, dont nous sommes à la fois les acteurs et les témoins, amènent aujourd’hui à penser « la ville » comme un territoire éclaté, aussi bien en termes sociologiques et imaginaires que de pouvoir. International et pluridisciplinaire, le colloque « La ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs » a pour objectif de mieux décrire et de mieux comprendre ces processus de fragmentation, ainsi que les transformations qui les accompagnent, en privilégiant trois axes principaux : l’examen de leur influence sur la gouvernance et la gestion urbaines ; l’étude de leurs représentations littéraires ; l’analyse des nouvelles pratiques sociales qui en sont issues.

L’analyse de la fragmentation urbaine n’est pas nouvelle. Qu’il s’agisse des approches politologiques (la polyarchie de R. Dahl observée à New Haven, propre au pluralisme par exemple) ou encore de la sociologie urbaine (Weber ou l’Ecole de Chicago depuis déjà un siècle), l’analyse de l’urbain insiste sur la variété des groupes et des pouvoirs et des territoires qui composent « la ville ». Cependant, les mutations sociales (Bourdieu, 1993 Syntomer, 2005), politiques (Le Galès, 2004) et technologiques (Eveno, 1997 ; Musso, 2002) des vingt dernières années sont telles que l’idée même de « ville » paraît remise en cause, en particulier sur le plan de l’imaginaire ou des représentations. La ville, « cette expérience des instabilités » n’a plus de centre, plus de frontières (Cf. Echenoz, Valabregue, Benotman), les relations interindividuelles et entre groupes prennent des formes nouvelles : la « citoyenneté métropolitaine » est aujourd’hui moins « universaliste » et plus « communautarienne » (Jouve, 2004). La diversité ethnique, les minorités socio-culturelles bousculent l’occupation traditionnelle du sol. La séparation du privé et du public change de forme (Stoker, 1998 ; Booth, 2004, 2005). Comment dans ces conditions s’opère la gestion de la ville ? Comment les responsabilités et les rôles sont-ils répartis entre les différents acteurs appartenant aux différentes sphères de la vie sociale ?

Parce qu’elle exerce un travail critique sur les représentations et sur les langages sociaux, la littérature est une importante source de réflexion et de savoir sur l’état et le devenir des villes. Avec ses moyens propres, elle offre une manière de sociologie qualitative de la ville, et qui veut savoir ce qu’était Paris sous la Restauration dans la conscience même de ses habitants ne peut se passer de Balzac. On cherchera à répondre à des questions de ce type : comment les bouleversements récents passent-ils dans la littérature (et dans l’art) ? Comment les fictions contemporaines leur donnent-elles sens ? Comment les genres littéraires — et lesquels ? — se modifient-ils pour accueillir ces nouvelles thématiques ? Comment les nouveaux langages, sociolectes et argots s’insèrent-ils dans la langue littéraire ? Quels phénomènes sociaux sont retenus par les écrivains et les artistes ? Quels sont les personnages et les types littéraires qui, aujourd’hui, ont la maîtrise de l’espace urbain ? Cette maîtrise est-elle encore à l’actif d’un héros individuel (Rastignac, Javert) ou est-elle dévolue à des avatars héroïques plus étranges ou à des groupes aux contours indécis ou volatiles ? à l’inverse, quels sont, sur le plan symbolique, les figures incarnant une alternative ou une rupture relative par rapport aux formes établies de la gouvernance urbaine ?

Les sciences sociales de leur côté oscillent entre deux approches bien résumées dans la posture de P. Le Galès pour qui les villes vivent une tension contradictoire entre d’un côté la fragmentation des pouvoirs, des processus sociologiques pluriels (mobilité, pauvreté, individuali-sation, mobilisations ethniques, identitaires et/ou socio-culturelles), et de l’autre une « réinvention » de formes d’intégration urbaines (identitaires, managériales…) pour lesquelles les « idéologies émergentes des politiques territoriales » (Sciences de la société, 2005) jouent un rôle important (projet de territoire ou de « développement urbain dans une stratégie globale de développement » - Anderson, 1998).

 
- D’une part, les sciences sociales repèrent des processus d’intégration urbaine :

 
> Les approches géographiques en terme d’ « archipels » ou de « villes mondes » s’intéressent à des « systèmes » urbains relativement homogènes qui composent le « système monde » (Durand, Lévy, Retaillé, 1992).
> L’analyse des politiques publiques urbaines insistent sur l’apparition de politiques « intégrées » (urbaines, sociales, développement économiques…), de type « politiques de la ville » ou d’ « intégration urbaine » (Anderson, 1998 ; Chaline, 1997) à la française ou de urban regenation à l’anglo-saxonne (Chaline, 1999 ; Jacobs, 2000).
> Les analyses en terme de « gouvernance urbaine » (Le Galès, 1995, 2004) repèrent des modes de gestion relativement consensuels, même si les acteurs y sont appréhendés comme des « associés-rivaux » (Gaudin, 1997).

 
- Mais, d’autre part, les sciences sociales insistent sur les processus de fragmentation urbaine :

 
> Traditionnellement, la sociologie urbaine s’attache à décrire avec minutie les processus de ségrégation sociale et/ou ethnique. La géographie urbaine en fait de même avec des outils statistiques affinés quartier par quartier (Grataloup, 1997). Quant à l’anthropologie urbaine, elle accorde de son côté de plus en plus de place à la complexité des usages de « la villes » par ceux qui la vivent et donc la façonnent au quotidien. Les réseaux de familiarité et de sociabilité, de voisinage, de travail, montrent une ville plurielle, fragmentée et évolutive pour l’individu lui-même (Hannerz, 1983).
> La sociologie urbaine montre également, en compagnie de la science politique, comment la gestion des problèmes et les allégeances change d’échelle pour donner la priorité à des territoires de « proximité » (quartiers par exemple), voire à des « régimes partiels » dans la régulation socio-politique des villes (Billard, 1999 ; Warin, 2004, Jouve et Négrier, 2005 ; Fournier, Mazzela, 2004).

 

C’est en explorant ces trois axes mais aussi en tentant de trouver entre eux des passerelles cognitives, autrement dit : en essayant de regarder le social, le politique et le littéraire de façon transversale pour tâcher de voir comment ils s’éclairent mutuellement ou, au contraire, comment ils entrent en contradiction, que le colloque «La ville éclatée : Imaginaires et pouvoirs» souhaite tester l’hypothèse d’un mouvement accru de fragmentation des espaces urbains, de leur gestion, des imaginaires et des représentations de « la ville » par le moyen d’analyses provenant de plusieurs disciplines.

 

 

Présentation des propositions de communications

 

Les communications présentées devront porter sur une grande métropole du Canada (une perspective comparative pourra être établie avec une grande ville française).
Les propositions (une page maximum) seront adressées à l’Institut d’Etudes Politiques à :
Yannick RESCH (Sciences humaines et sociales) ygr@wanadoo.fr
Gilles MASSARDIER (Sciences politiques) gilles.massardier@univ.u-3mrs
Date limite 1er novembre 2006

 


La sélection se fera au sein du Comité scientifique
Comité scientifique
Jacques CRETE, Université Laval
Madeleine FREDERIC, Université de Bruxelles
Bernard JOUVE, Directeur du laboratoire RIVES
Gilles MASSARDIER, IEP
Maurice OLIVE, IEP
Pierre POPOVIC, Université de Montréal
Yannick RESCH, IEP
André-Louis SANGUIN, Université Paris IV-Sorbonne