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La vie parisienne

La vie parisienne

Publié le par Marie de Gandt

La vie parisienne : un mythe, une langue, un style

IIIe CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA

Société des études romantiques et dix-neuviémistes

(7-8-9 juin 2007, Paris)

« La vie parisienne : un mythe, une langue, un style ».

La Société des Études Romantiques et Dix-neuviémistes (SERD) a décidé de choisir comme thème de réflexion pour son prochain Congrès International (7-8-9-juin 2007) le thème suivant : « La vie parisienne : un mythe, une langue, un style ». Il s’agira d’étudier la construction, au cours du siècle, d’un véritable mythe moderne, d’une sorte d’ « appellation contrôlée » qui se met progressivement en place à travers des titres devenus emblématiques (La Vie parisienne d’Offenbach en 1866, La Vie parisienne de Marcelin, journal fondé en 1863 — Flaubert rêvait de faire un grand roman du Second Empire en prenant ce journal comme « document » de base unique).

Ce mythe réunit en faisceau les images associées à un certain style de vie (la « mode » et ses nouvelles tyrannies, la « légèreté », le « brillant », le « nouveau », de nouveaux comportements sociaux, une nouvelle mondanité, la naissance de « l’homo festivus » — Ph. Muray), à un certain langage (voir J.-R. Klein : Le Vocabulaire des mœurs de la vie parisienne sous le Second Empire, 1976) lié à un certain style d’ « esprit » (voir la question de la « blague », du « spirituel » — « chic », « scies » et « balançoires » du jour), et au développement d’une certaine presse qui promeut le potin et certaines formes brèves et « rapides » au rang de quasi stylistique unique (comme on dit : « pensée unique »).

Ce mythe se construit, contre certaines traditions, à travers un ensemble de représentations littéraires et artistiques originales qui passe par la promotion ou l’invention de nouveaux genres (souvent suscités par la Presse, faisant directement ou indirectement , de L’Hermite de la Chaussée d’Antin à Bourget et à Charles Virmaître, la peinture des « mœurs du jour » : le « Tableau de Paris », l’album illustré, la « chronique mondaine », la « note sur Paris » (Taine), « l’écho » ou la « lettre de Paris » (Delphine Gay), le « roman de mœurs parisiennes » naturaliste (c’est le sous-titre de plusieurs romans de Daudet, et un modèle que vont décliner autrement Bourget et Proust), la « littérature panoramique » du genre : Le Diable à Paris ou le Paris-Guide de 1867 avec sa célèbre Préface de Hugo, le vaudeville, la revue, la féerie et l’opérette, l’interview et le reportage, la peinture de genre anecdotique, la parodie et la caricature.

Déconstruire ce mythe, c’est donc étudier, évidemment dans le prolongement du chantier de W. Benjamin, une nébuleuse de clichés (les petites femmes de Paris, la mode féminine qui ne peut être que parisienne, la « fête parisienne » et « Paris est une fête », « l’esprit de Paris »), une réalité historique et politique (la France « révolutionnée » ressassant son origine traumatisante et la « répétant en farce » périodiquement, la « Commune de Paris » opposant « urbains » et « ruraux »), et un ensemble de types socioprofessionnels, caractériels ou psychologiques entérinés par la caricature, les « Physiologies » de 1840, la peinture et la littérature : le « bourgeois », le « gamin de Paris », le « clochard », la « grisette de 1830 », la « Parisienne », la « lorette », le « dandy », le « flâneur », la « passante », la « grande actrice », et, ce qui est nouveau, mythe dans le mythe, hyperbole du mythe, « la Parisienne » — la grande porte de l’Exposition universelle de 1900 est surmontée d’une statue de « La Parisienne ».

Avec les mises en perspectives nécessaires : les classifications et étiquetages des physiologies et de la littérature « analytique » de 1830-1840 se brouillent peut-être avec les types mixtes de la fin-de-siècle, « hommes-femmes » et androgynes, « nymphettes » et « demi-vierges », déclassé(e)s et parvenu(e)s, métèques et rastaquouères de Paris-Cosmopolis.

Ce mythe repose sur une nouvelle sociabilité avec ses « organes et fonctions » (titre de la grande publication de Maxime du Camp), ses lieux, sa géographie différentielle (le « salon », « l’atelier », le « cabaret », le « boulevard », le théâtre, la Rive gauche et la Rive droite, le café littéraire, la « rue », la banlieue), ses emblèmes et sa sémiotique (mobilier urbain spécifique, blasons et enseignes, imageries populaires, affiches publicitaires de Toulouse-Lautrec, Chéret et Mucha), ses débats, ses institutions et rituels saisonniers spécifiques (l’élection à l’Académie française, le bal de l’Opéra, le Salon annuel de peinture, les grands travaux urbains, les « saisons » de la villégiature, les enjeux des diverses expositions universelles). Rastignac, Gavroche, Mimi Pinson, Monsieur Pipelet, Thomas Vireloque, Monsieur Gogo, Monsieur Prudhomme, Sarah Bernhardt, la Traviata, Offenbach, la Tour Eiffel, La Goulue et les tableaux de James Tissot ,de Béraud, de Helleu, ou de Renoir sont les acteurs (tantôt positifs, tantôt exécrés) et les vecteurs qui participent, à leur place qu’il s’agira d’évaluer, à l’élaboration de ce mythe.

Cette évaluation, objet du Congrès, se fera dans l’étude de l’interférence de plusieurs pratiques (les différents arts, les styles de la Mode, les styles du mobilier, les styles du parler et du texte à la mode, les postures et idées « chic »). Comme tous les mythes, celui de « La vie parisienne » est à la fois réducteur et mensonger (c’est sa dimension fictionnelle et fausse de faisceau de stéréotypes), et universel (c’est sa force et son efficacité).

Les interventions pourront se regrouper autour des rubriques suivantes :

1. Styles de vies : la mode et les modes, les lieux et les rituels sociaux de la « modernité » et de la « nouveauté », les nouvelles figures de l’ érotisme et de la mondanité ; la « mise en exposition » et les « mises en scène » de la vie parisienne ; la naissance, contre la fête politique, contre la célébration nationale, de l’homo festivus ;

2. Styles de textes : nouvelles parlures, nouvelles écritures, nouvelles métaphores (« la ville Lumière », etc.), nouveaux types de livres, nouvelles hiérarchies de nouveaux genres littéraires (« petits » et « grands ») ; le siècle des albums et de la chronique, du potin et du roman de mœurs, du « Petit Paris » et du fait-divers ;

3. Les arts et les nouvelles « imageries » de/dans la vie parisienne ; l’« article de Paris » sous toutes ses formes ;

4. Autres points de vue, réactions, et envers du décor : les dessous, les contraires, les coulisses, les « mystères », les cuisines et les cauchemars de « La vie parisienne » : Cosmopolis, Babylone et Futuropolis, la banlieue, la province et l’étranger ; la vie parisienne vue de l’étranger ; la vie parisienne vue par les écrivains catholiques (Veuillot, Les Odeurs de Paris) ; mythe et contre-mythes ;

5. Les copies et les contrefaçons de la « Vie parisienne » ;

6. « Vie parisienne » et nouvelles valeurs esthétiques : l’éphémère, l’artificiel, le saisonnier, la primeur, l’éclectisme, la vitesse, l’actuel, le contemporain, le moderne, le nouveau, le festif.

7. Mondanité(s) et création littéraire.

Organisateurs du Congrès

M. Philippe Hamon, Professeur émérite de littérature française, Université Paris III – Sorbonne nouvelle, Président de la Société des études romantiques et dix-neuviémistes (philippe.hamon@alicemail.fr)

M. José-Luis Diaz, Professeur de littérature française, Université Paris 7 - Denis Diderot, Secrétaire général et responsable des colloques de la Société des études romantiques et dix-neuviémistes

Les propositions de communication seront reçues jusqu’au 15 novembre 2006.

Comité scientifique

·                    Mme Frédérique Desbuissons, MCF d’Histoire de l’art, Université de Reims - Champagne-Ardenne

·                    Mme Françoise Gaillard, MCF de littérature française, Université Paris 7 -Denis Diderot

·                    M. Charles Grivel, Professeur émérite de littérature française, Université de Manheim

·                    M. Jean Lacoste, Philosophe et écrivain, traducteur et éditeur de Walter Benjamin

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·                    M. Bertrand Marchal, Professeur de littérature française, Université Paris IV-Sorbonne

·                    M. Max Milner, Professeur émérite de littérature française, Université Paris III

·                    M. Jean-Claude Yon, Professeur d’histoire, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelynes

 

 

Jeudi 7 juin 2007

Matin

Après-midi

Amphi Louis Liard, en Sorbonne

I.     Esthétique de la vie parisienne

1.     9 h Philippe Hamon (Paris III), Ouverture

2.      9 h 30 Karlheinz Stierle (Constance), Balzac, Simmel et la vie des grandes villes

3.     10 h Jean-Marie Goulemot (Tours et IUF) (titre à confirmer)

Pause

4.     11 hPierre Pinon, Le double mythe Haussmann

5.     11h 30Françoise Gaillard (Paris-Diderot), La ville épileptique

Amphi Louis Liard, en Sorbonne

II.     Lieux

6.     14 h 15 Stéphanie Sauget (doctorante Paris I), Dans les coulisses des gares : une entrée dans la vie parisienne ?

7.     14 h 45 Jean-Dominique Goffette (docteur-ès-lettres, Paris VIII), Le Boulevard : lieu symbolique et espace référentiel

8.     15 h 15Noëlle Benhamou (docteur Paris III), La Promenade au Bois dans le roman du XIXe siècle

Pause

9.     16 h 15Chantal Pierre-Gnassounou (Paris III), Le mythe du Quartier Latin

10.   16 h 45Cécile Meynard (Grenoble III) Mansardes, pensions et gargotes parisiennes dans l’imaginaire romanesque de Balzac et de Stendhal.

Salle Bourjac, en Sorbonne

III.     Paris vu d’ailleurs

11.   14 h 15 Sylvain Briens (Marc Bloch, Strasbourg), Un baron suédois et autres barbares scandinaves à Paris..

12.   14 h 45 Catherine Sablonnière (Rennes), La vie parisienne selon la presse espagnole entre 1836 et 1868

13.   15 h 15 Özge Samanci (Istanbul), La vie parisienne dans les quartiers « parisiens » d'Istanbul

Pause

14.   16 h 15Christèle Couleau (Mantes), La vie parisienne… vue de la province

15.   16 h 45Peter Brooks (Yale), L’envers du roman français (selon Henry James)

 

Vendredi 8 juin 2007

Matin

Après-midi

INHA, Auditorium

IV.     Petites femmes de Paris

16.   9 h Alex Lascar, La Grisette

17.   9 h 30 IsabelleMons (Université de Franche-Comté), Visages de la Parisienne dans la peinture impressionniste américaine et française

18.   10 h Charles Grivel (Mannheim), Femmes-papier du Paris 1900

Pause

19.   11 h Éric Bordas (Paris III), Draguer à la parisienne : brève histoire d'une catachrèse et introduction à l'étude des sexotopes

20. 11 h 30 Julie Deramond (Toulouse), Jeanned’Arc, tout contre la vie parisienne ?

INHA, Auditorium

VI.     L’art à Paris

26. 14 h 15 Cyril Lécosse (INHA),Un aspect méconnu du Paris artistique sous la Restauration : les ateliers de François Gérard (1770-1837) et de Jean-Baptiste Isabey (1767-1855).

27. 14 h 45 Cécile Reynaud (BnF), La vie parisienne au rythme des fêtes sous la monarchie de Juillet : les célébrations nationales et leur illustration musicale

28. 5 h 15 Frédérique Desbuissons (Université Champagne-Ardenne) et Michelle Haddad (Paris), « Vous ferez four aux Italiens ! » : le style parisien selon Gustave Courbet

Pause

29. 16 h 15 Thomas Schlesser (Paris I), 1855, la campagne à Paris

30. 16 h 45 Jean-Charles Geslot, La vie parisienne, entre culture et politique : l’Exposition universelle de 1867

31.   17 h 15 Ting Chang (Carnegie Mellon University), Les dieux à Paris, le Musée Guimet

 

Samedi 9 juin 2007

Matin

Après midi

INHA, Auditorium, rue vivienne

VIII.     Paris en scène

37. 9 h    Marie-Bénedicte Diethelm, Le roman aristocratique en 1820 : « Scènes de la vie du monde »

38. 9 h 30   Jean-Claude Yon (Versailles-Saint-Quentin), La Vie parisienne d’Offenbach et ses réécritures à l'étranger

39. 10 h      Michelle Cheyne (University of Massachusetts-Darmouth), Des Parigots à Pariki : la vie parisienne mise en scène au XIXe siècle

Pause

Scènes de la vie de Bohème

40. 11h    Jean-Didier Wagneur (BnF), La bohème : mythe parisien.

41.   11 h 30  Hugues Laroche (Toulon), Paris maudit ses poètes

Samedi matin

INHA, Salle Peiresc, rue Vivienne

IX.     Chroniques de Paris

42. 9 h 30   Roselyne de Villeneuve, La littérature interstitielle ou la poétique de la fugacité : chroniques et croquis parisiens au milieu du siècle

43. 10 h      Sophie Spandonis (Paris IV), « Un monde entier à remuer » : styles de vie et styles d’esprit parisiens dans  la Gazette de Paris de Dollingen (1856-1859)

Pause

44. 11 h   Joëlle Bonin-Ponnier (Bordeaux), La vie parisienne selon le Journal des Goncourt

45. 11h 30     Clara Édouard (Université Libre de Bruxelles), Le roman de la vie parisienne (autour de 1880)

INHA, Auditorium, rue Vivienne

X.    Paris à l’envers

46. 14 h 15 Martine Lavaud (Montpellier), Envers du décor et contre-mythes : la « vie parisienne » pendant la Commune

47. 14 h 45 Jean-Pierre Ricard, Le Paris-rasta et le cosmopolitisme

48. 15 h 15 Daniel Compère (Paris III), La vie parisienne au futur

49. 15 h 45 -17hDiscussion finale