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La valeur de l'œuvre littéraire

La valeur de l'œuvre littéraire

Publié le par Marc Escola (Source : Stéphane Pouyaud)

 


Le Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne a proposé une journée d’étude en lien avec la question au programme de khâgne sur « l’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur » qui s’est tenue le 14 février.

Vous pourrez trouver les vidéos et les textes des interventions en suivant le lien ci-dessous:

http://crimel.hypotheses.org/730

 

Le programme était le suivant: 

- Vincent Jouve (Université de Reims Champagne-Ardenne) : Valeurs littéraires et valeurs morales : la critique éthique en question.

- Stéphane Pouyaud (Université de Reims Champagne-Ardenne) : Parodie et valeur romanesque. 

- Emmanuel Échivard (Lycée Jean Jaurès) : Apulée, prologue des Métamorphoses : qu’est-ce qu’un texte latin ?

- Jean Balsamo (Université de Reims Champagne-Ardenne) : "Valeur littéraire et valeur morale: Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné ou poésie et fanatisme"

- Jean-Louis Haquette (Université de Reims Champagne-Ardenne) : “Le siècle le plus éclairé qui fut jamais” : histoire et valeurs dans le Siècle de Louis XIV.

- Anne-Élisabeth Halpern (Université de Reims Champagne-Ardenne) : Action / transaction, combat / contrat : le théâtre comme drogue du désir.

 

Longtemps fondée sur une hiérarchie des genres héritée des Anciens, la valeur des œuvres était d’abord établie en fonction de leur appartenance à un genre plus ou moins noble, ensuite par rapport à leurs qualités intrinsèques, évaluées à l’aune, notamment, de leur respect, ou non, des règles inhérentes à leur genre. Avec l’éclatement de la hiérarchie des genres et, en leur sein, des règles, l’évaluation des œuvres change aussi forcément de critères. Une première question que pose la question de la valeur de l’œuvre est littéraire est alors, logiquement, celle de savoir quels sont les critères permettant cette évaluation.

            Dans un deuxième temps, on peut se demander où se déroule cette détermination de la valeur, et, corrélativement, qui la détermine. L’évaluation se place-t-elle du côté du pôle de la réception, la valeur se jugeant à l’aune du succès des œuvres ? Est-ce exclusivement du côté du pôle critique, les « doctes » étant chargés de juger de la valeur des œuvres ? Et dans ce cas, qu’en est-il du pôle de la création ? quel rapport les auteurs entretiennent-ils avec cette question de la valeur dans leur acte créateur ? En somme, est-ce que ce sont les lecteurs, les critiques ou les auteurs qui sont le lieu de l’évaluation ?

            Une troisième interrogation est liée aux différences de valeurs liées aux genres. S’il est évident que les critères pour évaluer un roman, une poésie ou une pièce de théâtre sont différents, il faudra se demander comment ils sont liés à leur inscription générique. Il faudra aussi voir ce qui permet une évaluation comparative des genres. Pourquoi par exemple on a longtemps attribué une valeur supérieure à l’épopée par rapport, par exemple, au roman ; pourquoi la poésie est souvent aussi considérée comme un « grand » genre.

            Enfin, outre cette question, centrale, de l’évaluation, il sera nécessaire aussi de s’interroger sur les stratégies de valorisation des œuvres : comment mettre en valeur des œuvres qui n’en auraient pas forcément, ou qui en auraient moins que d’autres ? Comment, par exemple, valoriser le roman à une époque où le roman est considéré comme un genre mineur ? Quelles sont les stratégies de justification utilisées par les auteurs pour expliquer des choix qui pourraient paraître de « peu de valeur » ?