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Appels à contributions
La traduction comme frontière

La traduction comme frontière

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Chantal Gagnon)

Appel à communications

Dans le cadre du 81e Congrès de l’ACFAS (Université Laval, 9-10 mai 2013)

La traduction comme frontière

Responsables : Alvaro Echeverri (Université de Montréal), Chantal Gagnon (Université de Montréal) et Marie-Alice Belle (Université de Montréal)

Portées par l’étymologie traditionnelle, les métaphores usuelles de la traduction la donnent à lire en termes de passage, de transfert, de transport par-delà les frontières. La pratique du traduire ouvre ainsi une zone d’échanges, où les traducteurs agissent comme passeurs d’idées, d’informations et de valeurs, comme négociants du capital intellectuel et culturel mondial, ou encore comme agents interlinguistiques et interculturels.

Il s’agit ici d’interroger l’expérience de la frontière inhérente à l’acte de traduction, que ce soit dans sa dimension linguistique, intellectuelle, matérielle ou culturelle. En effet, si le schème du transfert a l’avantage de mettre en valeur les apports des traducteurs à la vie intellectuelle et au rayonnement de sociétés données —Louis Kelly notait ainsi que la civilisation occidentale doit tout ce qu’elle est à la traduction—, la linéarité implicite au paradigme s’accorde mal avec la complexité des transactions langagières, mais aussi idéologiques, économiques et politiques qui marquent la pratique du traduire.

Il est par exemple des frontières qui résistent au passage : quelles stratégies le traducteur pourra-t-il déployer pour les franchir ? Devra-t-il à son tour donner à lire cette résistance dans le texte traduit ? Qui dit frontière dit aussi droit de passage, et il y a lieu de s’interroger sur les facteurs de sélection des œuvres et documents qui font l’objet d’une traduction, ainsi que des stratégies de traduction favorisées. Quels agents institutionnels, culturels ou sociaux décident-ils ainsi de la traversée des idées, des connaissances et des valeurs au-delà des frontières établies ? Quels intérêts ces décisions servent-elles ? Enfin, l’un des principaux apports des approches « culturelles » de la traduction au cours des dernières décennies a été de formuler la problématique de la traduction en termes pluriels, en remettant en cause la distinction binaire entre source et cible, et partant, la notion même de transfert.  Dans quelle mesure peut-on alors penser la traduction comme une région frontalière, c’est-à-dire un espace de mixité et de métissage, autant qu’un lieu de pouvoir et, potentiellement, de conflit ?

Afin de créer un espace permanent pour la traductologie au sein de l’ACFAS, nous vous invitons pour la deuxième année consécutive à nous réunir pour partager nos intérêts de recherche et pour rendre la traductologie encore plus visible aux yeux de la communauté scientifique francophone. Le colloque de cette année invite à la réflexion sur les aspects théoriques et pratiques de la traduction comme expérience de la frontière, que cette dernière soit physique, théorique ou métaphorique. Les contributions pourront porter, entre autres, sur les thèmes suivants :

La traduction et les frontières linguistiques et culturelles

  • bilinguisme et multilinguisme
  • interférences linguistiques
  • traduction et variétés linguistiques
  • métissage linguistique et culturel
  • le propre et l’étranger (langue, culture, religion)
  • la traduction et les genres d’écriture (littéraire, scientifique, etc.)
  • la traduction et les médias
  • traduction, adaptation, transposition

La traduction et les frontières politiques et sociales

  • traduction et identité nationale
  • flux migratoires et influences étrangères
  • postcolonialisme et traduction
  • enjeux politiques et diplomatiques de la traduction
  • traducteurs et interprètes dans les zones de conflit
  • traduction et activisme politique et social
  • traduction et censure
  • traduction et politiques linguistiques
  • la traduction et le genre

La traduction et les frontières temporelles

  • histoire de la traduction
  • périodisation et chronologie
  • perspectives transhistoriques
  • traduction, retraduction, adaptation
  • traduction des « classiques »

L’étude des traductions - frontières disciplinaires

  • Frontières et limites de la réflexion traductologique
  • Cartographies (« maps ») de la traductologie
  • Traductologie et interdisciplinarité

Merci de faire parvenir votre proposition de communication (150 mots) à Chantal Gagnon (chantal.gagnon.4@umontreal.ca) avant le 5 février 2013.