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La tradition des romans de femmes. XVIIIe-XIXe siècles

La tradition des romans de femmes. XVIIIe-XIXe siècles

Publié le par Julia Peslier (Source : Damien Zanone)

Le Centre d'Études stendhaliennes et romantiques, composante de l'Équipe Traverses 19-21 de l'Université Stendhal – Grenoble 3, propose un séminaire de recherche pour les années universitaires 2007-2008 et 2008-2009 :

« La tradition des romans de femmes.

XVIIIe – XIXe siècles »


Responsables : Catherine Mariette-Clot et Damien Zanone.
Contact : cath.marietteclot@free.fr ou damien.zanone@u-grenoble3.fr



Projet d'étude :


Les noms de Mmes de Charrière, Cottin, de Duras, Gay, de Genlis, de Graffigny, de Guizot, de Krüdener, de Montolieu, Riccoboni, de Souza, de Tencin (donnés ici dans l'ordre impersonnel de l'alphabet), romancières réputées en leur temps, ont difficilement passé les années : dès le milieu du XIXe siècle, ils n'ont plus été retenus que des érudits qu'intéressaient l'histoire de la littérature ou l'histoire du roman, l'histoire des femmes aussi. Quant à la notoriété qui a toujours entouré les noms de Mme de Staël et de George Sand, elle s'est souvent plus occupée d'aspects de leur biographie, construits et chéris comme des stéréotypes, que de leur oeuvre de romancières.

Le fait est, pourtant, qu'au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle, les romans écrits et publiés par des femmes occupent la scène littéraire d'une manière qui les met suffisamment en valeur pour que les lecteurs reconnaissent en eux une tradition, celle des « romans de femmes ». L'unité de l'appellation collective est censée désigner un contenu objectivable : un maniement spécifique du langage romanesque, aux traits récurrents (modèles d'intrigues, constantes thématiques, normes du discours moral). Par jeu de reprises et de variations, cet ensemble d'éléments créerait de la codification, c'est-à-dire des conventions vis-à-vis desquelles apprécier chaque roman singulier, et ainsi déterminerait un genre.

C'est à l'hypothèse qu'un tel contenu objectivable existe pour le discours critique, que celui-ci peut le saisir et le formuler, que le séminaire voudrait se risquer à propos des romans de femmes écrits et publiés au XVIIIe et au XIXe siècles. Faut-il entériner l'idée que ces romans constituent une tradition ? Ce dernier terme est-il autre chose que l'euphémisation (par détour historique et caution pragmatique) de ce qu'on n'ose pas dire « genre » ? Les interventions au séminaire seront invitées à visiter ce corpus autour de cette grande question (l'identification d'un genre des romans de femmes), laquelle pourra trouver des formulations plus précises : délimitation du corpus et questionnement sur sa datation ; repérage de schèmes d'intrigue, de codes formels et de thèmes récurrents ; travail herméneutique sur ces phénomènes…

Il est probable qu'une telle enquête amènera à reprendre à nouveaux frais des questions d'envergure, historiques et théoriques, que se posent les études littéraires : sur le genre romanesque et son histoire ; sur le rapport complexe que ce genre noue entre fiction et moralité ; sur l'idée de roman sentimental ; sur le rôle féminin dans la littérature (dans les textes et hors-texte) ; sur la continuité entre les XVIIIe et XIXe siècles littéraires.

Toutes ces questions et d'autres auxquelles on ne peut penser encore sont ouvertes. En proposant d'interroger la production romanesque des femmes des XVIIIe et XIXe siècles du point de vue d'une tradition, l'intitulé du séminaire ne fait que postuler qu'on parviendra à objectiver un contenu : mais sans l'anticiper, puisqu'il s'agit d'apprendre à le formuler.

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Calendrier

(les séances auront lieu de 17h30 à 19h30 à l'Université Stendhal, salle C008 (bât. C, rez-de-chaussée) :


Année universitaire 2007-2008 :


- mardi 20 novembre 2007 : Brigitte Louichon (IUFM d'Aquitaine) : "Sophie Cottin ou le paradoxe du succès".
- jeudi 13 décembre 2007 : Martine Reid (Univ. Lille 3) : "Genlis ou la littérature".
- mardi 29 janvier 2008 : Jean Sgard (Univ. Grenoble 3) : "Dames en collections".
- mardi 18 mars 2008 : Shelly Charles (CNRS) : "Réécrire au féminin: les chefs d'oeuvres romanesques du XVIIIe siècle revus par Mmes Riccoboni, de Staël et de Genlis".
- mardi 1er avril 2008 : Christine Planté (Univ. Lyon 2 – UMR Lire) : "Peut-on parler d'un roman épistolaire féminin ?"
- mardi 13 mai 2008 : Damien Zanone (Univ. Grenoble 3) : « Le romanesque au féminin : une question de poétique ou de morale ? »


Année universitaire 2008-2009 (calendrier provisoire) :


- mardi 30 septembre 2008 : Jean-François Perrin (Univ. Grenoble 3) : « Mémoire affective et poétique du temps dans quelques romans féminins de la seconde moitié du XVIIIè siècle ».
- mardi 21 octobre 2008 : Claire Jaquier (Univ. de Neuchâtel) : « Isabelle de Charrière au tournant des Lumières : le roman mis en crise ».
- en novembre 2008 : Catherine Langle (Univ. Grenoble 3) : « Le refus du monde dans quelques romans de femmes, des Mémoires du comte de Comminge de Mme de Tencin (1735) à Delphine de Mme de Staël (1802) ».
- en février 2009 : Florence Lotterie (ENS Lyon) : « La question du pathétique dans les romans de femmes XVIIIe-XIXe siècles ».
- en mars 2009 : Anne-Emmanuelle Berger (Univ. Paris 8) : titre à préciser.
- en avril 2009 : Francis Marcoin (Univ. d'Artois) : « La littérature des femmes adressée à la jeunesse (Genlis, Guizot, Delafaye-Bréhier, entre autres) ».
- en mai 2009 : Catherine Mariette-Clot : "Romans de femmes, romans pour femmes de chambre : lectures de Stendhal".
- une journée d'étude terminera les travaux à l'automne 2009.