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La taille des romans

La taille des romans

Publié le par Marc Escola (Source : Équipe Fabula)

LA TAILLE DES ROMANS

Colloque organisé par
T. Pavel (University of Chicago/Collège de France) & A. Gefen (Université de Neuchâtel/Fabula),
avec le soutien de la Fondation des Treilles et du projet Artamène (Fonds National suisse de la Recherche Scientifique),
ainsi que la collaboration du groupe Fabula à l'ENS et de l'équipe de recherche « Littérature et histoires » (Université Paris VIII).


Comité scientifique : Claude Bourqui, Alexandre Gefen, Marielle Macé, Thomas Pavel, Tiphaine Samoyault.

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Tentation de gigantisme, rêve d'infini ou désir d'épuisement : que l'ampleur soit perçue comme une valeur ou un repoussoir, la taille des romans est un enjeu central – tant pour le lecteur, l'éditeur, l'écrivain que pour la théorie critique.

Dans l'ordre de la dimension, les pouvoirs quantitatifs du roman, qui embrassent un spectre exceptionnellement vaste, dépassent en effet tous ceux des autres genres littéraires, du Grand Cyrus de Mlle de Scudéry (13 000 pages) aux Hommes de bonne volonté de Jules Romain (27 volumes). Comment comprendre cette propension du roman à la démesure ?

Peut-on détecter, à l'intérieur de l'histoire du roman, une histoire de ses dimensions possibles, faite de traditions intertextuelles et de modèles génériques ? Existe-t-il une continuité des immenses romans dits « baroques » au roman moderniste du XXe siècle en quête d'un langage-monde ? Faut-il supposer également une géographie mondiale de la longueur, qui verrait aujourd'hui le très long roman – à la fois social et psychologique – prospérer en Angleterre ou dans les Amériques, et décliner au contraire en Europe continentale ?

Quels peuvent être, ensuite, les enjeux formels et énonciatifs du gigantisme ? Comment penser en termes esthétiques les effets de taille, d'échelle et de proportions ? Brièveté ou longueurs font-elle nécessairement sens ? Certains romans, longs ou courts, le sont peut-être indifféremment. Peut-on esquisser une poétique transhistorique du très grand roman et mettre en rapport des modes de représentation et des ambitions quantitatives ?

Existe-t-il en effet, du côté de la théorie littéraire, des affinités réelles entre la dimension de l'oeuvre et celle de l'univers représenté ? Comment penser les liens entre la quantité fictionnelle et l'ampleur textuelle ? Les grandes oeuvres relèvent-elles toutes d'une ambition de totalisation équivalente, y compris celles qui ne font pas de la quantité et de la longueur un critère matériel de cette ambition ? Que penser, dans ce cadre, des formes particulières de débordements que sont les continuations, les suites, les transcriptions dans d'autres arts ou dans les pratiques paralittéraires ou ludiques qui accompagnent nombres d'oeuvres ?

Qu'en est-il enfin du lecteur ? L'attraction pour les très grands romans relève-t-elle d'un mécanisme d'immersion spécifique, d'une pulsion d'englobement ? Met-elle en place de formes particulières d'attachement au genre ? Quels rapports entretiennent la temporalité de la lecture et le temps du roman ? Les limites perceptives ou mémorielles et les usages historiques de lecture s'accommodent probablement d'une manière singulière des univers dilatés des très grands romans et du risque d'illisibilité qui les frappe.

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PROGRAMME


Mercredi 19 avril
Matin :
•    10h00-11h00 : Christine Montalbetti, « De quelques méthodes pour grossir son roman ».
•    11h00-12h00 : Nathalie Piegay-Gros, « Le long pour l'un pour l'autre est court ».
•    12h00-13h00 : Emmanuel Bouju, « Size lies : petite axiomatique paradoxale touchant à la mesure des romans ».


Après-midi :
•    14h30-15h30 : Tiphaine Samoyault, « L'occupation des temps ».
•    15h30-16h30 : Alexandre Gefen, « “ Les grandes existences ” : individus-fresques, sommes biographiques et cycles familiaux dans les “ années roman ” ».




Jeudi 20 avril
Matin
•    10h00-11h00 : Mireille Séguy, « Le roman infini. La fiction du Graal aux XIIe et XIIIe siècles ».
•    11h00-12h00 : Françoise Lavocat, « De la figure à la fiction, longueur de la pastorale ».
•    12h00-13h00 : Anne Duprat, « Le roman, cet océan sans fond ni rives - Figures de l'immersion dans le roman de mer baroque ».

Après-midi

•    14h30-15h30 : Delphine Denis, « Le style des longs romans à l'âge baroque : un “ tableau du monde ” ».
•    15h30-16h30 : Claude Bourqui, « Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) : vertus du roman “ extensible ” ».

Vendredi 21 avril
Matin :
•    10h00-11h00 : Camille Esmein-Sarrazin, « Les petites histoires ont entièrement détruit les grands romans : réflexion théorique et taille des romans au XVIIe siècle ».
•    11h00-12h00 : Marc Escola, « Ces romans qui s'écrivent dans l'ignorance de leur fin : l'exemple de Cleveland de Prévost ».
•    12h00-13h00 : Damien Zanone, « Longueur, désir de roman, romanesque ».


Après-midi libre



Samedi 22 avril
Matin :
•    10h00-11h00 : Marie De Gandt, « L'empire du roman stendhalien : coups de force ou liberté ? ».
•    11h00-12h00 : Françoise Sylvos, « La longueur des romans sandiens ».
•    12h00-13h00 : Marie-Eve Thérenty, « Le long et le quotidien ».

Après-midi :
•    14h30-15h30 : Vincent Ferré, « Du big bang au big crunch : La Terre du Milieu de Tolkien, un monde en expansion infinie ? ».
•    15h30-16h30 : Alain Schaffner, « Petit roman (du vingtième siècle) deviendra grand… ».