Questions de société

"La Sorbonne exhortée à défendre un professeur aux Emirats" (lexpress.fr, 14/10/11)

Publié le par Marc Escola

La Sorbonne exhortée à défendre un professeur aux Emirats
publié le 14/10/2011

L'université de la Sorbonne devrait rompre son silence et condamner le traitement réservé à un professeur de la Sorbonne-Abou-Dhabi traduit en justice pour avoir insulté les dirigeants des Emirats arabes unis (EAU) par ses appels à des réformes démocratiques, estime Human Rights Watch (HRW).
Nasser bin Ghaith a publié cette année un article dans lequel il reprochait aux autorités des EAU de chercher à éviter les réformes politiques en achetant la paix sociale par de généreux programmes de dépenses publiques.
En France, l'Université Paris-Sorbonne n'a fait aucun commentaire jusqu'ici.
Bin Ghaith et quatre autres ressortissants des EAU sont jugés pour affront aux dirigeants des Emirats, Etat du Golfe épargné par la vague de révoltes qui a balayé cette année le monde arabe, mais connu pour réduire promptement au silence les mouvements dissidents.
Troisième exportateur mondial de pétrole, les EAU sont un proche allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.
"Malgré les pressions croissantes des groupes de défense des droits de l'homme internationaux et des étudiants de l'Université Paris-Sorbonne pour l'inciter à intervenir, la Sorbonne a non seulement refusé de critiquer les autorités des EAU mais a aussi cherché à prendre ses distances à l'égard de bin Ghaith", dit un communiqué de HRW publié jeudi soir.


PAS DE RECOURS EN APPEL
"Chaque membre du corps enseignant de la Sorbonne devrait prendre le temps de penser à ce que cela signifierait pour elle/lui si les Emirats, ou n'importe quel autre gouvernement, la/le persécutait pour avoir exprimé ses opinions politiques, tandis que l'administration de l'Université se contentait d'observer en silence", a déclaré Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau de HRW en France.
"Les frais de scolarité d'Abou Dhabi valent-ils une violation élémentaire de la liberté d'expression ?"
Bin Ghaith, ancien pilote de l'armée de l'Air des EAU âgé de 42 ans, enseigne le droit international à la Sorbonne-Abou-Dhabi depuis 2009. Cette université a été créée en 2006 dans le cadre d'un accord entre l'université française Paris-Sorbonne et le gouvernement des EAU.
Parmi les accusés figure Ahmed Mansour, ingénieur et défenseur des droits de l'homme qui s'est joint cette année à d'autres militants pour lancer une pétition en ligne réclamant des pouvoirs renforcés pour le Conseil national fédéral, un organe consultatif du pays.
Human Rights Watch cite un communiqué daté du 1er octobre dans lequel Bin Ghaith écrit de sa prison qu'il ne connaît "pas vraiment" le ou les chefs d'inculpation retenus contre lui. Son avocat a déclaré qu'il avait subi de mauvais traitements en détention et avait été un moment placé au secret et enchaîné.
Les accusés ont plaidé non coupables et les décisions de la cour de sûreté de l'Etat ne sont pas susceptibles d'appel. Les médias et les groupes de défense des droits de l'homme ont eu accès au procès ce mois-ci pour la première fois depuis son ouverture en juin.

Bureau de Dubaï, Philippe Bas-Rabérin pour le service français

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Lire aussi le dernier communiqué de Human Rights Watch:

Émirats arabes unis: La Sorbonne devrait condamner les poursuites contre un enseignant

Et l'article très complet paru sur lesinfos.com, en date du 17/10/11:

"Émirats Arabes Unis : un professeur incarcéré pour avoir “insulté” le gouvernement".

Ou, en anglais, sur le portail universityworldnews (en date du 23/10/11).

Ou encore la dépêche Reuters reproduite sur le site 20minutes.fr.