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Appels à contributions
La Séparation

La Séparation

Publié le par Sophie Rabau (Source : BEN KHAMSA Karim)

UNIVERSITE DE GABES (TUNISIE)
INSTITUT SUPERIEUR DES LANGUES
DEPARTEMENT DE FRANÇAIS


APPEL A COMMUNICATION
pour un colloque international
les 5, 6 et 7 mars 2009

« La Séparation »



Nous invitons à une réflexion sur la séparation, pas simplement comme thématique littéraire - simple envers du topos de la rencontre -, mais comme principe engageant la structure même du texte, comme en témoigne la dimension dynamique des synonymes proposés par le Petit Robert : « désagrégation, disjonction, dislocation, dispersion ». La séparation, en effet, désigne autant l'action de « séparer» ou de « se séparer » que le fait « d’être séparé ». Sur ces deux plans, la séparation n'est pas seulement dysphorique, on rappellera qu'elle est le geste difficile et nécessaire que présuppose toute naissance, toute individuation et toute (re)composition de soi et des communautés (interdit de l'inceste). Selon plus d'un mythe cosmogonique, elle correspond à la Création tirant les objets du chaos, et à la vie reproductive par la différentiation des sexes.
Cependant, dès le XVIIe siècle, le sens abstrait, et positif de « distinguer pour ne pas confondre » apparaît. La séparation permet de circonscrire, de délimiter, de visualiser, de singulariser et d’identifier des parties. Et que dire de la notion de « séparation des pouvoirs », élaborée au XVIIIe siècle, qui aboutira à la « séparation des Églises et de l’État » ? Dans le champ politique, comme dans le champ littéraire, la séparation conditionne le maintien d'un équilibre systémique entre des parties.
On retiendra donc à la fois le sens de « disjonction » et de « dislocation, mais aussi celui de mettre de l’espace, de la distance entre des parties, entre des corps et au sein de textes et donc de différencier.
Différents axes permettent une réflexion autour de ce terme, qu'il nomme un topos, ou se présente comme effet induit par des procédés d’écriture (injonctive, performative, déclarative, etc.) dans différents médias (verbaux, plastiques, musicaux) et différents domaines cognitifs et discursifs (littéraires, scientifiques, juridiques…).

1- En matière de récit, si nous revenons précisément à la séparation comme « topos » inverse de celui de la rencontre, nous pouvons supposer que la séparation induit tout autant le récit que la rencontre le laisse augurer. En effet, la séparation résonne comme l’autre bout de conjonction, son autre face narrative, qu'elle mette fin à ce qui naît de la rencontre ou qu'elle lui soit nécessairement préalable, comme dans le conte ou l'hagiographie, où elle permet les épreuves initiatiques du sujet.
La mise en place d’une distance alimente le récit romanesque et elle est constitutive de la fiction. De même, mais avec d'autres modes de comblement, la poésie lyrique dans sa dimension élégiaque se fonde-t-elle sur l'absence et projette-t-elle son devenir dans le deuil ou le temps suspendu.
2- Nous pouvons également comprendre la « séparation » comme un procédé composant le texte en parties distinctes. Il s’agit alors de s’interroger sur les pratiques stylistiques et/ou structurelles incluant une distanciation/séparation au sein d’un texte ou d’un ensemble de textes. Comme génératrice de distinction, elle met en valeur ou déclasse (de la mise en abyme et du détail saillant aux marges et péritextes). Ou encore l'espacement cherche-t-il à faire sens par lui-même, tels les blancs mallarméens.
3- Dans les arts plastiques la « séparation » (comme par exemple celle induite par la ligne) permet-elle l’émergence d’objets, leur donnant l’occasion d’occuper singulièrement l’espace (comme dans le cadre de la peinture cubiste) ou réduit-elle, au contraire, la complexité des objets en limitant leurs contours (comme dans le réalisme pictural) ? Cette question vaut, mutadis mutandis, pour l'iconicité poétique.
4- Enfin, le discours scientifique naît aussi d'une « séparation » au sens d’une différenciation des savoirs et d’une distinction en fonction de marqueurs. On pourra se demander sur quels plans (taxinomique, méthodologique, thématique) s’opère cette séparation des savoirs dont l’exemple emblématique serait l’Encyclopédie de Diderot. Ce dernier point pourrait, bien évidemment, s'étendre à l'étude du discours juridique et aurait, comme la réduction de champ scientifique, ses retombées et ses parallèles dans la production littéraire du sens. La critique elle-même dissocie ses objets (par la mention et la citation sélectives) pour mieux les réassocier et l'acte critique repose sur une séparation fondatrice entre discours et métadiscours.

Les communications interdisciplinaires et transdisciplinaires sont les bienvenues.

Ce colloque est organisé par le département de français de l’Institut Supérieur des Langues de Gabès avec le soutien de l’Institut Français de Coopération.

Les propositions de communication, d’environ 400 mots, et incluant vos coordonnées et appartenance institutionnelle, devront être envoyées simultanément aux adresses électroniques suivantes : gabeseparation@yahoo.fr et benkhamsa.karim@yahoo.fr

ou par courrier à l’adresse suivante :
BEN KHAMSA Karim
Directeur du département de français
Rue Ali Jemal – 6000 Gabès – Tunisie

avant le 30 septembre 2008

Confirmation de participation le 15 octobre 2008

Comité organisateur : BEN KHAMSA Karim, LOMBART Nicolas, KAHLOUL Mongi, LABIDI Mortadha, HENI Lassad, FEKI Kamel.

Comité scientifique : KHLIFI Mohammed, COSTE Didier, TRABELSI Mustapha, MOGENTALE Philippe, BEN KHAMSA Karim, LOMBART Nicolas, BOUTAGHOU Maya.