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La ruse en scène. Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre (XVIe-XVIIIe siècles)

La ruse en scène. Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre (XVIe-XVIIIe siècles)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : C. Thouret)

Centre de recherche en littérature comparée (CRLC)

Université Paris IV-Sorbonne

Séminaire GRAL – Orient/Occident

La ruse en scène

Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre(XVIe-XVIIIe siècles)

sous la responsabilité d'Anne Duprat et de ClotildeThouret

Mercredi17h30-19h30, Bibliothèque Ascoli

17,rue de la Sorbonne, escalier C, 2e étage

(Leséminaire est ouvert à tous)

Mercredi13 octobre 2010

PatrickDANDREY (Université Paris IV-Sorbonne)

« Genèseet généalogie de Monsieur de Pourceaugnac : un passé de “bourles” et de beffe »

Mercredi10 novembre 2010

SarahNANCY (Université Paris III-Sorbonne nouvelle)

« Charmeset ruses de la voix dans le théâtre français du XVIIe siècle (ThomasCorneille, Sallebray…) »

Mercredi8 décembre 2010

AjdaLATIFSES (EHESS)

« Ruseet héroïsme dans l'Hélèned'Euripide »

Mercredi12 janvier 2011

SophieMARCHAND (Université Paris IV-Sorbonne)

« “Vousme la donnerez tous deux la comédie” : ruse, définition de l'être et sensde la comédie dans quelques pièces de Marivaux »

Mercredi9 février 2011

GeorgesZARAGOZA (Université de Bourgogne)

« Mettreen scène la ruse : le jeu au carré »

Mercredi9 mars 2011

FabienCAVAILLÉ (Université de Caen)

« Ruseet reconnaissances tragi-comiques : de la guérison des imaginations maladesà l'apologie de la représentation théâtrale (A. Hardy, Cornélie et La Force du sang ; J. de Rotrou : L'Hypocondriaque ; W. Shakespeare, Winter's Tale) »

Mercredi27 avril 2011

EdithKARAGIANNIS (Université de Strasbourg)

« Laruse dans le théâtre d'Étienne Jodelle »

Mercredi18 mai 2011

DanielVITKUS (Florida State University)

« TurningTricks: Commercial, Erotic and Religious Trickery on the English Stage,1580-1630 »

Mercredi8 juin 2011

FrançoisLECERCLE, Anne DUPRAT et Clotilde THOURET (Université Paris IV-Sorbonne)Conclusions

Contacts :anne.duprat@wanadoo.fr ; clotilde.thouret@wanadoo.fr

De la beffa italienne à la burla espagnole, du deceit anglais à la fourbe française, le motif de la ruseoccupe largement les scènes européennes de la Renaissance aux Lumières. Or iln'a fait l'objet que d'études relativement restreintes et n'a guère étéenvisagé dans une perspective comparatiste[1].On s'intéressera aux différentes formes que prend la ruse (mystificationsvisuelles ou verbales ; trahison, mensonge, secret, équivoque), auxpersonnages qu'elle met en relation ainsi qu'aux techniques et aux situationsdramatiques qu'elle mobilise. De ce point de vue dramaturgique, on pourra aussienvisager la question générique : est-ce un motif essentiellement comique,ou bien peut-on aussi parler de ruse dans la tragédie ? Dans sonénumération des conventions de la comédie, Vauquelin de la Fresnaye évoque« les ruses des putains » ; dans ses Observations surle Cid, Scudéry condamne la fourbe parlaquelle Don Fernand éprouve l'amour de Chimène comme une « finesse »indigne d'un roi. Ces réflexions théoriciennes associent fortement tromperie etcomédie, mais l'intrigue d'Héracliussuggère le contraire. Enfin, par sa dimension évidemment réflexive, la rusefonctionne comme un modèle de la représentation théâtrale (le gredin sedédouble toujours en comédien et régisseur, et met en scène une comédie danslaquelle la dupe est acteur malgré lui, ou spectateur berné) ; elle permetalors de reprendre à nouveaux frais les questions du vraisemblable, del'illusion et de l'interprétation perceptive.

Cesconsidérations poétiques peuvent engager d'autres questionnements, d'ordreéthique et politique notamment. Au seuil de la modernité, le lien de fidélitéest en crise. La nouvelle science du gouvernement et l'affirmation de l'Étatabsolu, les guerres de religion et les nouvelles pratiques économiquesfragilisent « la couture de notre liaison » (Montaigne) etreconfigurent les liens politiques et sociaux fondés sur la confiance et laloyauté. Le motif théâtral de la ruse permet de poser cette question du lien.Il peut être ainsi perçu comme le symptôme d'un manque du politique (la ruseest nécessaire quand la loi ne règne pas)[2],ou bien comme la solution d'un rapport antagoniste[3] ;mais il peut aussi permettre d'envisager par exemple le problème de la licéitéde l'usage des équivoques[4].


[1] Une questiond'agrégation a abordé la question ; voir Le Maître et le valet. Figureset ruses du pouvoir,éd. B. Didier et G. Ponnau, Paris, SEDES, 1998.

[2] GeorgesFaraklas, Machiavel. Le pouvoir du prince,Paris, PUF, Philosophies, 1997.

[3] MireilleCelse, « La beffa chez Machiavel, dramaturge et conteur », Formeset significations de la beffa dans la littérature italienne de la Renaissance, 1972.

[4] J.-P.Cavaillé, « Ruser sans mentir : de la casuistique aux sciencessociales. Le recours à l'équivocité entre efficacité pragmatique et souciéthique », Les Raisons de la ruse. Une perspective anthropologique etpsychanalytique, éd. S. Latouche,P.-J. Laurent, O. Servais, M. Singleton, Paris, La Découverte,2004.