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La ruse en scène. Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre (XVIe-XVIIIe siècles)

La ruse en scène. Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre (XVIe-XVIIIe siècles)

Publié le par Lise Michel (Source : Clotilde Thouret)


Centre de recherche en littérature comparée (CRLC)
Université Paris IV-Sorbonne
Séminaire GRAL – Orient/Occident

La ruse en scène
Poétiques et politiques de la tromperie au théâtre (XVIe-XVIIIe siècles)

sous la responsabilité d'Anne Duprat et de Clotilde Thouret


Jeudi 17h-19h, Bibliothèque Ascoli
17, rue de la Sorbonne, escalier C, 2e étage
(Le séminaire est ouvert à tous)

Jeudi 19 novembre 2009
Clotilde THOURET (Université Paris IV-Sorbonne)
« Crise de la fidélité et machinations urbaines ; quelques réflexions sur la ruse dans le théâtre jacobéen »

Jeudi 10 décembre 2009
Guillaume NAVAUD (Lycée Chateaubriand de Rennes - CRLC)
« Les ruses d'Ulysse au théâtre : Philoctète ; Troïlus et Cressida »

Jeudi 28 janvier 2010
Adrien WALFARD (Université Paris IV-Sorbonne)
« Brouillages de la sincérité : ruse, morale et politique dans quelques tragédies romaines »

Jeudi 25 février 2010
Enrica ZANIN (Université Paris IV-Sorbonne)
« La moralisation de la ruse érotique dans la tragédie italienne et française (1550-1650) »

Jeudi 11 mars 2010
Lise MICHEL (Académie de Grenoble – CRHT)
« Ruse et vertu du héros tragique (1630-1660) »

Jeudi 8 avril 2010
Claude BOURQUI (Université Paris IV-Sorbonne)
« Fourberie et vision du monde de Rotrou à Molière »

Jeudi 6 mai 2010
François LECERCLE (Université Paris IV-Sorbonne)
Titre à venir

Jeudi 20 mai 2010
Didier SOUILLER (Université de Bourgogne)
« La victime de la ruse : personnage comique ou tragique ? »

Jeudi 10 juin 2010
Gilles DECLERCQ (Université Paris III-Sorbonne nouvelle)
« L'art d'insinuer au XVIIe siècle entre impératif éthique et pratique sophistique »

Contacts : anne.duprat@wanadoo.fr ; clotilde.thouret@wanadoo.fr


De la beffa italienne à la burla espagnole, du deceit anglais à la fourbe française, le motif de la ruse occupe largement les scènes européennes de la Renaissance aux Lumières. Or il n'a fait l'objet que d'études relativement restreintes et n'a guère été envisagé dans une perspective comparatiste . On s'intéressera aux différentes formes que prend la ruse (mystifications visuelles ou verbales ; trahison, mensonge, secret, équivoque), aux personnages qu'elle met en relation ainsi qu'aux techniques et aux situations dramatiques qu'elle mobilise. De ce point de vue dramaturgique, on pourra aussi envisager la question générique : est-ce un motif essentiellement comique, ou bien peut-on aussi parler de ruse dans la tragédie ? Dans son énumération des conventions de la comédie, Vauquelin de la Fresnaye évoque « les ruses des putains » ; dans ses Observations sur le Cid, Scudéry condamne la fourbe par laquelle Don Fernand éprouve l'amour de Chimène comme une « finesse » indigne d'un roi. Ces réflexions théoriciennes associent fortement tromperie et comédie, mais l'intrigue d'Héraclius suggère le contraire. Enfin, par sa dimension évidemment réflexive, la ruse fonctionne comme un modèle de la représentation théâtrale (le gredin se dédouble toujours en comédien et régisseur, et met en scène une comédie dans laquelle la dupe est acteur malgré lui, ou spectateur berné) ; elle permet alors de reprendre à nouveaux frais les questions du vraisemblable, de l'illusion et de l'interprétation perceptive.
Ces considérations poétiques peuvent engager d'autres questionnements, d'ordre éthique et politique notamment. Au seuil de la modernité, le lien de fidélité est en crise. La nouvelle science du gouvernement et l'affirmation de l'État absolu, les guerres de religion et les nouvelles pratiques économiques fragilisent « la couture de notre liaison » (Montaigne) et reconfigurent les liens politiques et sociaux fondés sur la confiance et la loyauté. Le motif théâtral de la ruse permet de poser cette question du lien. Il peut être ainsi perçu comme le symptôme d'un manque du politique (la ruse est nécessaire quand la loi ne règne pas) , ou bien comme la solution d'un rapport antagoniste  ; mais il peut aussi permettre d'envisager par exemple le problème de la licéité de l'usage des équivoques .