Questions de société
La Ronde Infinie des Obstinés : Mille et une heures pour engager la résistance des universités

La Ronde Infinie des Obstinés : Mille et une heures pour engager la résistance des universités

Publié le par Marc Escola (Source : Paris 8)

Voir des vidéos ici et .

Et sur SLU: 

"On va faire tourner la Ronde" (après 1001 heures sur la place de Grève à Paris)

Et au bas de cette page: L'ultimatum des mille et une heures (lundi 4 mai 2009) 

La Ronde Infinie des Obstinés :
Mille et une heures pour engager la résistance des universités


Dans la nuit du 3 au 4 mai, cela fera mille heures que des enseignants-chercheurs, des étudiants et des personnels des universités, tournent jour et nuit sur la place de Grève (place de l'Hôtel de Ville à Paris). Cette manifestation assez singulière, qui a commencé le 23 mars, trouve son origine dans la contestation contre la loi LRU qui ne cesse de s'étendre depuis un an.

Le principe de base de cette loi est de convertir les universités aux « bienfaits » d'une gestion managériale. Fin des directions collégiales, fin des commissions de spécialistes destinées à recruter les enseignants chercheurs, mais un président disposant de tous les pouvoirs, et répondant de tous les choix pédagogiques de son université devant le ministère. Une autonomie financière destinée à établir entre universités une concurrence farouche ; une orientation professionnalisante interdisant toute recherche innovante, toute prise de risque de la pensée. Cette année, les universités, dans leur grande majorité, sont entrées en lutte contre les premières mesures d'application de cette LRU.

La Ronde Infinie des Obstinés est un acte de résistance contre la marchandisation des savoirs, contre une société de la précarité généralisée, contre l'omnipotence d'un pouvoir qui ne connaît que le mépris et la répression comme mode d'expression. La ronde infinie des obstinés s'est inventée au fur et à mesure de sa persistance comme un lieu de rencontre et de synergie des luttes.

Nous invitons du dimanche 3 mai midi au lundi 4 mai midi tous ceux qui souhaitent participer par solidarité à notre obstination. De nombreux artistes ont déjà répondu à notre appel. Pour partager notre refus, il y aura des mots, de la musique, des gestes…. Cela ne sera pas une fête, mais l'intensification d'une action qui annonce celles à venir.

Contact : rondeinfinie@gmail.com


Pré-programme des 1000 et 1 heures d'obstination :

10h préambule

11h45 ouverture

12h-5h : musique, danse, lectures (acoustique ou a capella à partir de minuit, car sans sono.)

5h : 1000h d'obstination

5h-6h : les mots de l'infini (lectures)

6h : 1000 et 1h d'obstination6h-10h : la convergence des luttes - rencontre

10h-12h : musique, danse, lectures (on cherche toujours des groupes acoustiques, a capella, ...)

12h : conférence de presse

avec la participation, entre autres, de :Alain Borer, Les Blérots de Ravel, Bratsch, Dominique Brun, Rosalind Crisp,Jacques Darras, Joseph d'Anvers, Odile Duboc, Jacques Higelin, John andJehn, Daniel Jeanneteau, Régis Jauffret, Pierre Jourde, Latifa Laabissi,Michèle Kokosowski, Maguy Marin, Vaslav Nijinski, Julie Nioche, CécileProust, Quinsigamond, Jacques Rancière, Alban Richard, Julie Salgues,François Salvaing, Les Szgaboonsites, Loic Touzé, Mary Wigman, etc.

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L'ultimatum des mille et une heures
lundi 4 mai 2009 

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L'ultimatum des mille et une heures

Depuis mille heures, nous tournons place de Grève, jouret nuit, comme nous l'avions annoncé lorsque nous sommes venus ydéposer notre ultimatum, le 16 mars.

Depuis mille heures, des enseignants chercheurs, deschercheurs, des personnels biatoss, des étudiants, les IUFM, desartistes, des citoyens ayant à coeur de défendre l'indépendance de lapensée, marchent jour et nuit pour manifester leur refus de la LRU.

Depuis mille heures, ce sont plusieurs milliers depersonnes qui se sont succédé en place de grève, issues de toutes lesuniversités d'Ile de France, et parfois même de province, de toutes lesdisciplines. Des universitaires que la loi LRU voudrait placer enconcurrence les uns avec les autres témoignent, ici, de leur entièresolidarité, de cette idée d'une communauté que les tenants du marché nesauraient ni admettre ni peut-être même comprendre.

Depuis mille heures, nous avons défendu une idée del'université ouverte sur l'avenir, populaire, démocratique, toutentière vouée à sa mission qui est de former des générationsd'étudiants et de contribuer à la création de savoirs nouveaux.

Aujourd'hui, alors que la mille-et-unième heure vientde passer, force est de constater que le gouvernement n'a rien vouluentendre de nos revendications. Il s'est entêté à tenir une postureidéologique qui admet pour seul prédicat la rentabilité immédiate, quistigmatise le risque de la pensée comme un luxe inutile et touteslibertés de recherche comme autant de privilèges. Aux négociations, cegouvernement a préféré s'en tenir à la menace et au mensonge. Mais àtrop vouloir affirmer que tous les problèmes sont résolus et que lemouvement des universités s'essouffle, cette politique de communicationa perdu toute crédibilité.

Et c'est ici la première victoire de notre rondeinfinie des obstinés et du mouvement universitaire. Depuis plus demille heures, y ont tourné des universitaires dont certains assumaientune grève totale de leur service enseignant, tandis que d'autressubstituaient aux cours habituels des séminaires de grève, et qued'autres encore,en raison de la préparation de concours, apportaient àleurs étudiants la totalité des enseignements dont ils pouvaient avoirbesoin. Cette hétérogénéité n'a jamais occasionné la moindre dissensionparmi nous, et la ronde a permis à chacun de marquer sa détermination,de s'inscrire dans un mouvement de résistance face à une politique quetous condamnent avec la même fermeté.

La ronde infinie des obstinés, en convergence avec tousceux qui luttent contre ces décrets, témoigne de notre engagement àobtenir leur abrogation, et dès maintenant à en refuser l'application.Les maquettes de mastérisation continueront de tourner dans l'infini denotre refus et les modulations de service se dissoudront dans notrecommune obstination. Au silence des gouvernants, la ronde infinie desobstinés oppose le flux permanent de nos paroles. Et sous chacune deces paroles, c'est un nouvel acte contre cette politique qui estinventé.

À travers ces mille heures de marche ininterrompue,c'est bien une résistance qui s'est engagée. Et cette résistances'exercera jusqu'à ce que le gouvernement apporte des réponses à lamesure de la crise profonde qu'il a provoquée par la LRU, et jusqu'à cequ'il ouvre de véritables négociations.

Non seulement la ronde infinie des obstinés n'est pasprête de se dissoudre, mais elle compte bien intensifier son action, setrouver de nouveaux terrains d'application et de nouvelles déclinaisonstemporelles de l'infini.

A l'issue de ces mille heures, c'est donc un secondultimatum que nous posons aujourd'hui. Aucun des quatre points qui ontsuscité notre présence place de grève n'a reçu de réponsesatisfaisante. La ronde infinie des obstinés tout au long du mois demai déclenchera donc autant de rondes intempestives que cela seranécessaire, à Paris comme en Province. Que nos ministres de tutelle lesachent, notre marche lancinante et déterminée n'est pas prête derompre. Elle entre dans une dynamique centrifuge, elle réapparaîtraplus massive et intempestive et s'associera plus encore aux autressecteurs en lutte. Ainsi, si le 1er juin, aucune avancée significativede nos tevendications n'est constatée, la ronde infinie des obstinéss'invitera dans le débat des élections européennes. De toutes lesuniversités, nous convergerons vers un nouveau point de ronde et nousreprendrons notre marche, jour et nuit, pour rappeler à l'opinion lepeu de cas que ce gouvernement fait de l'université et de notre avenirà tous.

Nous serons présents à cet appel car, tous, nous sommes intensément obstinés et l'infini est de notre côté.