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La Rhétorique du combat ou l’exercice de la polémique Violence et persuasion dans le discours

La Rhétorique du combat ou l’exercice de la polémique Violence et persuasion dans le discours

Publié le par Mathilde Levesque (Source : Luce Marchal-Albert)

 

 


 

 

Journée d’étude organisée par Luce Albert & Loïc Nicolas

 

 

 

 

 

 

Programme

 

 

 

 

9h00                Accueil des participants – collation

 

9h20                Ouverture de la journée

 

 

 

 

 

Présidence : Christelle Reggiani (MCF habilité / Université de Paris Sorbonne – Paris IV) 

 

9h30                Samy Coppola (Université Jean Moulin – Lyon 3): « Les paradoxes de la préface romantique chez Hugo et Musset : une rhétorique du refus de la rhétorique ? »

 

10h10              Angélique Tintinger (Université Paris Est – Marne-la-Vallée :  « Polémique et politique chez Lamartine orateur. »

 

10h50              Cédric Passard (I.E.P. de Lille – Cepen) : « Parole pamphlétaire et construction de la politique moderne à la fin du XIXe siècle. »

 

11h30              Émeline Seignobos (Université de Paris Sorbonne – Paris IV / Celsa) : « Un crime de lèse-littérature : la “querelle de l’éloquence judiciaire” ou la rhétorique en polémique à la fin du XIXe siècle. »

 

12h10              Conclusion de la matinée

 

 

 

Déjeuner

 

 

 

 

 

Présidence : Emmanuelle Danblon (Chercheur qualifié au FNRS / Université Libre de Bruxelles, Ltpc, Gral)

 

14h30              Raphaël Micheli (Université de Lausanne) : « La dimension polémique du pathos : la controverse autour de la pitié dans les débats parlementaires français sur l’abolition de la peine de mort. »

 

15h10              Thierry Herman (Université de Neuchâtel) : « De Gaulle et l’ad hominem : désignation de l’ennemi (1940-1942). »

 

15h50              Emmanuel de Jonge (Université Libre de Bruxelles, Ltpc, Gral) : « Les conditions rhétoriques d’émergence de la polémique dans l’ère des droits de l’Homme. »

 

16h30                         Conclusion de la Journée d’étude (I) par le Professeur Georges Molinié, Président de l’Université de Paris Sorbonne – Paris IV

 

17h00              Apéritif

 

 

 

 

 

 

 

Comité scientifique

 

-          Luc Boltanski (Directeur d’études à l’EHESS)

-          Emmanuelle Danblon (Chercheur qualifié au FNRS / Université Libre de Bruxelles)

-          Delphine Denis (Professeur à l’Université Paris IV)

-          Perrine Galand-Hallyn (Directeur d’études à l’EPHE)

-          Fernand Hallyn (Professeur à l’Université de Gand)

-          Carlos Lévy (Professeur à l’Université Paris IV)

-          Luce Albert (Université de Gand / Université Paris IV – Ater Université Paris II)

-          Loïc Nicolas (FNRS – Université Libre de Bruxelles (Ltpc, Gral) / EHESS)

 

 

 

 

  

 

 

Cette journée d’étude constitue la première étape d’une série de trois rencontres scientifiques organisées autour de la « fonction critique » de la parole rhétorique. La deuxième journée doctorale qui aura lieu en octobre 2008 s’appliquera à poursuivre le travail débuté ici. Aussi, malgré la littérature existant sur le sujet, souvent d’un intérêt remarquable pour l’objet qui nous occupe, il nous a semblé profitable de reconsidérer le champ discursif de la polémique, afin d’en actualiser la définition par une investigation diachronique – de l’Antiquité à l’époque moderne – capable de révéler les contours et les régularités de cette production langagière d’apparence marginale.

 

Toute l’ambition historique autant que théorique de la présente enquête est de parvenir à dresser l’état des lieux d’une question à la fois centrale et problématique dans le cadre d’une réflexion sur les conditions de la persuasion. Partant, le projet consiste-t-il d’une part à interroger les modalités pratiques d’une prise de parole primordialement caractérisée par l’attaque et l’opposition, voire la disqualification systématique de la parole d’un autre (adversaire réel ou imaginé) – ce que nous pourrions appeler l’usage vectorisé de la violence verbale –, d’autre part à analyser le dispositif rhétorique propre à légitimer le procès oratoire et favoriser la transaction du sens. Or, pour que le polémiste puisse prétendre, par son statut et sa posture éthiques, gagner l’auditoire, le rallier à ses vues, il ne peut renoncer à insérer son discours dans l’univers doxal des choses acceptables, ni à le soumettre aux attendus contractuels d’une rencontre sociale définie dans ses rites, comme dans ses codes. De fait, un tel dispositif semble exercer une contrainte générique et conventionnelle sur l’orateur, en instituant un sens de la mesure et de l’à-propos. La polémique prescrit ses règles et ses armes, impose ses conditions, son terrain d’action ou de réaction : un mot de trop, un tour mal pesé, et tout le projet rhétorique se trouve mis en échec faute d’une entente pérenne sur les enjeux et les fins du combat. Mais qu’en est-il des excès possibles, des dérives, des limites (sociales, morales, éthiques, techniques) de ces discours disposés en ordre de bataille et néanmoins en quête de reconnaissance et d’approbation ? 

 

Nous faisons à ce propos l’hypothèse que la guerre par les mots, cette « guerre pour de rire », selon l’expression de Catherine Kerbrat-Orecchioni, demeure rhétorique dans son essence même, au sens où celle-là vise d’abord le dépassement de la violence physique, l’absorption du corps à corps dans le mot à mot. Qu’on tente de l’évacuer, de la dissimuler derrière une évidence fictive en faisant « comme si » tout allait de soi, ou, au contraire, qu’on la mette en scène ostensiblement à des fins stratégiques, la polémique demeure au cœur de l’entreprise oratoire. Elle constitue un horizon possible, une éventualité, une ressource circonstancielle disponible à la croisée des genres. C’est pourquoi, négliger sa pertinence, son importance topique aurait pour effet de récuser l’idée essentielle suivant laquelle à l’origine et au fondement de tout discours réside une cause à gagner, un contradicteur à évincer, des arguments à contester, et, en fin de compte, un auditeur à persuader de la supériorité d’un dire inscrit dans une hiérarchie (souvent implicite) des valeurs et des préférences. Provocation, incitation à la réponse, une telle parole invite à la surenchère, à la contre-attaque, à la pointe, à la recherche de l’argument imparable – cette munition discursive – qui viendrait enfermer dans ses formes la bataille des mots, et clore le rapport de force entre des protagonistes plus ou moins bien dotés pour mener à son terme la joute verbale et soutenir cette situation instable sans vaciller.

 

 

 

 

Contacts

 

-          Luce Albert : slalbert@free.fr

-          Loïc Nicolas : loic.nicolas@ulb.ac.be