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La reliance (Colloque doctoral, Tunis)

La reliance (Colloque doctoral, Tunis)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mme Ghada Nechi Fekih)

                                                 LA RELIANCE

 

                                          Premier colloque doctoral

               de l’Unité de Recherche en Intermédialité, Lettres et Langages

                                  (I2L- Université de Tunis El Manar)

           en partenariat avec le Centre de Recherche en Poétique, Histoire littéraire et Linguistique (CRPHLL - Université de Pau et des Pays de lAdour)

 

                                                20, 21 et 22 octobre 2016

 

à l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis -TUNISIE

 

Coordinatrices :

Nesrine Boukédi (I2L – U. de Gabès)  

boukadi.nesrine@yahoo.fr

Ghada Néchi (I2L – U. de Tunis El Manar)  ghadanechi@yahoo.fr

Charlène Clonts (CRPHLL – U. de Pau et des Pays de l’Adour) charlene_michelle@yahoo.f

 

 

Si la modernité s’est structurée sur les processus de la rupture, de la désintégration et de la division ­— diviser pour régner (Machiavel), diviser pour comprendre (Descartes), diviser pour produire (Taylor) — la pensée postmoderne, consciente des dérives et des « dé-solations » (Hannah Arendt) causées par ces disjonctions  urbaines, familiales, culturelles, scientifiques, religieuses, écologiques… s’est évertuée à rétablir le lien entre les individus, les communautés, les disciplines par la revitalisation des paradigmes de la solidarité, de l’altérité, du décloisonnement, de l’intermédiation et de « la reliance ».

En effet, le concept de « reliance », introduit par  le sociologue Roger Clausse en 1963 (qui décèle la fonction de « reliance sociale » des techniques de diffusion collective - cinéma, presse, radio, télévision…) trouve son origine dans le domaine de la sociologie des médias, mais se diffracte dans des champs multiples et disparates. C’est ainsi que Marcel Bolle de Bal a élargi en 1970 la perspective de ce diagnostic sociologique en y superposant plusieurs plans : psychologique, culturel, anthropologique, philosophique...

Ce « besoin psychosocial » (Clausse), est perçu comme une « norme éthique» par Edgar Morin ; le dessein de la pratique de la « reliance » est d’enchaîner les objets du monde et les êtres pour réaliser une interaction durable : «  Il faut, pour tous et pour chacun, pour la survie de l’humanité, reconnaître la nécessité de relier, de se relier aux nôtres, de se relier aux autres, de se relier à la Terre-Patrie »[1].  Polarisant les phénomènes scientifiques (articulation entre théorie et pratique, recherche et action, entre disciplines cloisonnées) et humains (les apports et les rapports des sectes, des communautés, les luttes nationales, les mouvements écologistes, les groupes de rencontre), ce schème de la « reliance » contribue à l’éclosion d’un néo-tribalisme, pour reprendre l’idée de Michel Maffesoli[2].

En parlant de Reliance, nous sommes également amenés à nous interroger sur la tautologie de ce concept, sur la pluralité de ses significations conceptuelles (travail de « lien » pour Morin, moyen de « médiatisation des rapports humains » pour Clausse). L’hétérogénéité des champs que couvre cette instance notionnelle à savoir la discipline anthropologique, sociologique, épistémologique, philosophique, psycho cognitive, littéraire, économique, etc. nous conduit à spéculer sur les nuances de ce concept qui semble se croiser, se recouper avec des paradigmes convergents comme « la médiance », vocable forgé par Augustin Berque, et « l’interstance », concept mis en avant par Jean-Louis Darms et Jean Laloup.

D’autre part,  la spéculation sur les spécificités, les fondements, les apports et les protocoles d’organisation de la pratique de la reliance nous autorise à soulever certaines interrogations fondamentales sur les limites de la pensée reliante. Il nous serait loisible, alors, d’examiner le double antinomique et complémentaire de la reliance qui est la déliance. Ce couple conceptuel (reliance-déliance) est l’avers et le revers d’une même médaille. La reliance se caractérise par cette binarité dialogique et paradoxale. A admettre que la déliance naît de la dispersion, le concept de la reliance, synthèse des antithèses, avec ses significations plurielles, sa dimension hybride, éclatée et trans-générique se voue d’emblée à la dissolution et à la dilution. D’ailleurs, loin de consolider la médiatisation des rapports humains, les médias tendent à approfondir de plus en plus les heurts entre les groupes humains. Dans cette tendance totalisante, émerge l’aporie de la présence qui se conçoit dans la déliance, la parcellarisation et l’isolement. Soubassement de l’inquiétante question de l’être humain, la déliance est le substrat d’un mécanisme de défense contre toute forme de généralisation banalisée. La reliance revêt ainsi une dimension paradoxale dans la mesure où elle naît de la dispersion et s’y identifie. Constitue-t-elle alors le dépouillement de l’homme de sa propre singularité ? Est-ce que l’intégration dans une communauté ne laisse pas l’homme dépendant aux valeurs et idéologies de l’Autre ?

Le colloque pluridisciplinaire que l’Unité de recherche Intermédialité, Lettres et Langages organise les 20, 21 et 22 octobre 2016, à l’ISSHT - Tunis, envisage d’examiner une base conceptuelle privilégiée pour aborder les pratiques d’« intermédiation » à partir de la question de la Reliance, en ambitionnant de contribuer à l’exploration de cette notion complexe et en engageant la réflexion autour de la richesse et de la polymorphie de ses dimensions, de ses implications et de ses portées.

 

 Les doctorants inscrits dans l’un ou l’autre domaine du savoir des sciences humaines et sociales (sciences de l’éducation, linguistique, didactique, littérature, musique, arts, anthropologie, sociologie, psychologie…) sont invités à réfléchir autour des axes suivants :

 

-          Axe I : La conscience reliante : formes et manifestations entre tradition et (post)modernité.

o   Reliance à soi : exploration philosophique, psychologique, littéraire, artistique  de l’intériorité, manifestations de la subjectivité, la singularité de l’individu dans son vécu et son discours, les déterminants historiques, sociaux… ;  reliance aux autres : individuel et collectif, privé et public, dimensions anthropologique, sociale, psychologique, politique,  rôle des média dans la rupture de l’isolement, néo-tribalisme, cybervie et réseaux sociaux… ;

o   Dimensions culturelle, psychologique, spirituelle (religieuse, laïque) et philosophique de la reliance comme besoin, désir, acte et réalisation.

 

-          Axe II : Approches transversales de la reliance cognitive et scientifique :

o   Convergence des champs, écarts et tensions (littérature, sociologie, anthropologie, philosophie, communication, religion, arts, sciences du langage, sciences de l’éducation, etc.).

o   Décloisonnement des savoirs : (supports, vecteurs, facteurs) intertextualité, traduction, dynamiques intra-linguistiques et interlinguistiques.

o   Intermédialité comme foyers de la reliance. L’interartialité, l’intersémioticité, l’intercodique.

 

-          Axe III : Enjeux et limites de la reliance :

o   Enjeux et limites heuristiques de la reliance (aux niveaux épistémologique, psychologique, praxéologique).

o   Pertinence de la dynamique dialogique reliance-déliance, éclatement-reliance.

 

 

Modalités de soumission : Les propositions seront de 350 mots maximum et accompagnées d’une courte notice bio et/ou bibliographique.

 

Adresse d’envoi :     

 

E- mail   reliancedoctorale@gmail.com

 

Durée de la communication : 20 mn.

 

Calendrier :

Date limite de soumission : 17 juin 2016.

Date de réponse : 1er juillet 2016.

 

Comité scientifique 

 

Hédia Abdelkéfi (I2L - UTM)

Alia Baccar (I2L-UTM)

Saloua Ben Ahmed (I2L - UTM)

Hayet Ben Charrada (I2L - UTM)

Mohamed Chagraoui (I2L - UTM)

Alya Chelly (I2L – U. Sousse)

Isabelle Chol (CRPHLL, UPPA)

Caroline Fischer (CRPHLL, UPPA)

Abel Kouvouama (ITEM, UPPA)

 

Comité d’organisation :

Inès Kaouach (I2L – UTM)

Imene Khammessi (I2L – UTM)

Saber Raddaoui (I2L – UTM)

 

Bénévoles :

Rim Amira, Houda Ammar, Nesrine Amri, Mouna Abdessalem, Abir Baklouti, Wafa Dammak, Nouha Ghannouchi, Imen jemai, Olfa Kerrit, Fayrouz Mimouni, Hakim Nejjai, Sabry Néji, Hanène Salhi, Olfa Trabelsi.

 

Eléments bibliographiques :

ALVAREZ-PEREYRE F., L’exigence interdisciplinaire, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2003.

ATCHA Ph.-A, TRO DEHO R. et COULIBALY A., Médias et littérature, Forme, pratiques et postures, L’Harmattan, 2014.

BOLLE DE BAL M., Voyages au cœur des sciences humaines. De la reliance, Paris, L’Harmattan, 2 tomes, 1996.

BOLLE DE BAL M., « Éthique de reliance, éthique de la reliance : une vision duelle illustrée par Edgar Morin et Michel Maffesoli. », Nouvelle revue de psychosociologie 2/2009 (n° 8) , p. 187-198.

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GAYERIE M.-P., Dynamique de la reliance sociale. Approches sur quelques formes personnelles de la socialité chez les jeunes, Paris, Université de Paris V, Sorbonne, 1992.

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