Agenda
Événements & colloques
La Première Guerre mondiale et la langue - Approches croisées  

La Première Guerre mondiale et la langue - Approches croisées

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Stéphanie Smadja)

Dans le panorama des manifestations prévues autour de la Grande Guerre en 2014, une place est légitime pour un colloque réunissant historiens, linguistes et spécialistes de la littérature autour du devenir de la langue française, des parlers et des langues européennes impliquées, pendant la période du conflit. Deux raisons à cela. D’une part le rôle démarcatif que l’on attribue souvent à cet événement historique dans les histoires de la langue française, ce qui pose la question des coïncidences de périodisation entre l’histoire de la langue et l’histoire de la guerre. D’autre part la relative désaffection dont a fait l’objet chez les linguistes, depuis une date déjà ancienne, l’histoire du français des XIXe et XXe siècles, français jugé trop proche de nous pour qu’un regard historique paraisse nécessaire.

Surtout, la Première Guerre Mondiale s’offre comme un laboratoire potentiel passionnant et en grande partie inexploré pour quelques-unes des questions fondamentales que se pose la linguistique aujourd’hui, en particulier depuis l’émergence de la sociolinguistique, et de la mise au premier plan de la question des usages.

Autant de raisons pour réexaminer à nouveaux frais l’« événement de langage » que fut aussi cette période de drames et d’intense reconfiguration des relations interpersonnelles.

À la différence de certains événements plus anciens, la Première Guerre mondiale a laissé un matériau très abondant, essentiellement écrit, mais aussi oral, matériau qui a déjà fait l’objet de soins patrimoniaux et d’études, et qui va, à l’occasion du chantier mis en œuvre pour le centenaire, être exploré de façon beaucoup plus systématique, notamment par le biais de la numérisation. Ainsi, ce sont de véritables corpus qui vont devenir exploitables pour les linguistes.

Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur les témoignages littéraires, et sur la question de l’« argot » des tranchées en France comme dans les principaux pays belligérants pour lesquels les sources (dictionnaires, lexiques, enquêtes, etc.) sont abondantes mais ne sont pas forcément toutes explorées, notamment dans les pays étrangers. Pour autant, l’éventail des questions linguistiques relatives à la guerre est beaucoup plus vaste.

Le colloque se propose d’ouvrir le champ, et d’examiner notamment les thèmes suivants :

□ la question de la périodisation : la Première Guerre mondiale est-elle le moment qui sépare le français du XIXe siècle du français du XXe siècle, et si oui, pourquoi ? Sur quels éléments se fonde-t-on ?

□ la question des parlers ;

□ la question de l’argot et plus largement de la néologie ;

□ la question du contact des langues (apprentissage accéléré
de langues étrangères, idiomes véhiculaires, traductions, interprétariat…) ;

□ la question des parlers spécialisés, notamment militaires, plus largement techniques et de leur adaptation aux réalités de la guerre moderne ;

□ les questions relatives à l’écrit ;

□ les questions d’éducation.

 

Au total, au travers de l’analyse linguistique de l’événement que constitue la Première Guerre mondiale, le colloque a pour but de montrer que l’étude attentive des questions de langage est à même d’avoir des implications sur l’ensemble des questions historiques et culturelles relatives à cet événement, et d’en renouveler l’approche. Cette rencontre, qui voudrait viser un public large, entend aussi par ce biais stimuler les rencontres entre historiens et linguistes autour de nouveaux objets.

 


 

Jeudi 12 juin
Université Paris-Sorbonne
Amphi. Guizot, 54 rue Saint-Jacques - 75005 Paris

 

 

9h00 : Ouverture du colloque, Allocutions

9h30 : Présentation scientifique du colloque : Gilles Siouffi et Odile Roynette

 

 

première séquence                                                                              langues, nations et identités

 

 

Président de séance :
Christophe Prochasson (École des Hautes Études en Sciences Sociales - EHESS)

 

10h00–10h30
Jean-Jacques Briu (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

« Les sources linguistiques des nationalismes et leurs manifestations lors de la Première guerre mondiale. Une approche comparatiste France-Allemagne »

 

10h30-11h00
Yann Lagadec (Université Rennes 2)

« La Grande Guerre, début de la fin ou renouveau pour la langue bretonne ? »

 

11h00-11h30 : discussion et pause

 

 

Président de séance :
Jacques Dürrenmatt (Université Paris-Sorbonne / EA 4509)

 

11h30-12h00
Juan García-Bascuñana (Universitat Rovira i Virgili – Tarragone)

« La Première Guerre mondiale et son retentissement en Espagne : les rapports des Espagnols avec la France et la langue française pendant le conflit »

 

12h00-12h30
Philippe Salson (Université Montpellier III-Paul Valéry)

« L’Allemand prononçait Henri, et le Français Heinrich ». Communiquer avec l’ennemi dans la France occupée (1914-1918) »

 

12h00-12h45 : discussion

 

 

deuxième séquence                                      langues et pratiques de l’écrit en temps de guerre

 

 

Président de séance :
Gabriel Bergounioux (Université d’Orléans)

 

14h00-14h30
Agnès Steuckardt et l’équipe « Corpus 14 » (Université Montpellier III-Paul Valéry)

« La rencontre de l’écrit. Correspondances de poilus peu lettrés »

 

14h30-15h00
Sonia Branca-Rosoff (Université Sorbonne Nouvelle-Paris III)

« Lire des lettres de 14-18 : analyse linguistique et discursive »

 

15h00-15h30
Carita Klippi (Université de Tampere, Finlande)

« Pour une archéologie de l’idiolecte d’un poilu peu-lettré (1915-1918). L’historicité d’une langue maternelle »

 

15h30-16h30 : discussion et pause

 

 

16h30 table ronde

 

Fictions de la Grande Guerre : comment faire parler les personnages ?

 

18h30 : cocktail, Club des Enseignants, Université Paris-Sorbonne


 

 

Vendredi 13 juin

Centre d’histoire de Sciences Po

Salle de conférences, 56 rue Jacob - 75006 Paris

 

 

 

troisième séquence                                   créations lexicales et néologie en temps de guerre

 

 

Présidente de séance :
Sonia Branca-Rosoff (Université Sorbonne Nouvelle)

 

9h30-10h00
Jean-François Sablayrolles (Université Paris-Nord)

« Les néologismes de la Grande Guerre d’après les indications du Petit Robert »

 

10h00-10h30
Patricia Kottelat (Université de Turin)

« La première inscription de la Grande Guerre dans un discours lexicographique :
le Larousse Universel de 1922 »

 

10h30-11h00 discussion et pause

 

Président de séance :
Jean-François Chanet (École nationale des Sciences Politiques)

 

11h00-11h30
Christophe Gérard (Université de Strasbourg)
Charlotte Lacoste (Université de Lorraine)

« Étude comparée de la création lexicale dans les romans et les témoignages de la Première Guerre mondiale »

 

11h30-12h00
Julien Sorez (Centre d’Histoire de Sciences Po)

« Quand faire du sport, c’est faire la guerre. Fonction performative et enjeux sociaux de la métaphore sportive en temps de guerre »

 

12h00-12h30 : discussion

quatrième séquence                                                                       échanges, transferts, contacts

 

 

Présidente de séance :
Carine Trévisan (Université Paris VII-Denis Diderot)

 

14h00-14h30
Franziska Heimburger (École des Hautes Études en Sciences Sociales)

« “Schoolboy French”, “Tommy French” et d'autres modes de communication – L'armée britannique et les civils dans le nord de la France pendant la Première Guerre mondiale »

 

14h30-15h00
Cécile Van den Avenne (ENS de Lyon)

« Quelle(s) langue(s) pour les tirailleurs sénégalais ? La politique linguistique militaire pendant la Première Guerre Mondiale. Tensions entre pratiques et idéologie »

 

15h00-15h30 : discussion et pause

 

 

cinquième séquence                                       création littéraire et langue en temps de guerre

 

 

Présidente de séance :
Annette Becker (Université Paris Ouest-Nanterre La Défense / IUF)

 

15h30-16h00
Clémence Jacquot (Université Lumière Lyon II)

« “J’ai tant aimé les Arts que je suis artilleur1” : la syntaxe poétique d’Apollinaire “change-t-elle de front” pendant la guerre ? »

 

16h00-16h30
Thomas Guillemin (Université d’Angers)

« Quatre années de guerre au prisme de la langue : la correspondance de Jacques Vaché, soldat, interprète, et poète d’avant-garde »

 

16h30-16h45 : discussion

 

 

16h45 : Conclusions du colloque : Sonia Branca-Rosoff