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La Pléiade de Saint-John Perse: un autoportrait poétique

La Pléiade de Saint-John Perse: un autoportrait poétique

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Fondation Saint-John Perse)

La « Pléiade » de Saint-John Perse : un autoportrait poétique

exposition

du 11 avril au 29 juillet 2006, vernissage le 11 mai à 18 h 30

Fondation Saint-John Perse, Aix-en-Provence

Saint-John Perse, maître d'oeuvre de sa « Pléiade »
L'exposition étudie la conception, la composition, la réception et les visées des Oeuvres Complètes de Saint-John Perse éditées par lui-même en 1972, trois ans seulement avant sa disparition, dans la prestigieuse collection de la « Bibliothèque de la Pléiade » chez Gallimard. Cette présentation s'appuie sur les archives de la Fondation Saint-John Perse ainsi que sur les dernières recherches universitaires.



un cas unique
« La Galerie de La Pléiade n'étant pas d'ordinaire ouverte aux vivants », quelques auteurs seulement ont eu le privilège de voir leurs oeuvres publiées sous les ors de la collection (André Gide, André Malraux, Paul Claudel, Henry de Montherlant, Saint-John Perse, Julien Green, Marguerite Yourcenar, René Char, Julien Gracq, Eugène Ionesco et Nathalie Sarraute). Ils sont plus rares encore à avoir bâti eux-mêmes directement ou indirectement leur « Pléiade » (Saint-John Perse, René Char, Marguerite Yourcenar et Julien Gracq). Parmi ces derniers, Saint-John Perse se distingue par l'étendue et la complexité d'une démarche d'autoédition, de surcroît non révélée au lecteur. Ses Oeuvres Complètes ne comportent en effet ni mention d'éditeur intellectuel, ni préface explicative.


un rêve ancien
L'idée d'une édition de la « Pléiade » est évoquée dès 1945 dans la correspondance de Gaston Gallimard avec son « auteur » et ami Saint-John Perse. Le poète caresse vraisemblablement ce rêve depuis longtemps. Apparu dans le catalogue Gallimard dès la fondation de la maison en 1911, il voit ses « grands Aînés » Gide et Claudel entrer de leur vivant dans la collection, respectivement en 1939 et 1947. Sa bibliothèque recèle en outre des « classiques » de la « Pléiade » qu'il personnalise à l'aide de portraits découpés dans la presse.



un travail titanesque
Entre l'âge de 78 et 82 ans, Saint-John Perse abandonne son oeuvre poétique en cours pour s'atteler au chantier de la « Pléiade », devenant tour à tour autobiographe, éditeur, documentaliste, critique littéraire. 5 années de travail intense lui seront nécessaires, de 1965 à 1970, pour édifier ses Oeuvres Complètes avec l'aide de son épouse - apprentie dactylo - et de Robert Carlier des éditions Gallimard. Pressé par Gaston Gallimard d'étoffer une oeuvre trop concise et d'apporter au volume « une valeur éclatante d'inédit », il accompagne ses poèmes d'imposantes annexes (biographie, prose, correspondance, notes, bibliographie).



préparer sa postérité
Saluée par la critique, la « Pléiade » de Saint-John Perse connaît lors de sa sortie en 1972 un vif succès. Outre les poèmes longtemps épars, le public découvre avec surprise la vie de ce poète secret et les « Lettres de jeunesse, d'Asie et d'exil » adressées à Paul Claudel, Joseph Conrad, André Gide, etc. La biographie surtout, puis les hommages, les témoignages, les correspondances et les notes brossent le portrait du « Poète » au sein d'une famille d'élection : amis, écrivains, grands de ce monde. Ces textes en prose ont aussi pour mission d'introduire à la poésie de l'auteur, d'en guider la réception.


édifier un monument à la Poésie
Les Oeuvres Complètes de Saint-John Perse dans la « Pléiade » forment une oeuvre totale, le « texte ultime du poète du grand âge » selon le mot de Renée Ventresque. A l'instar de la biographie, la correspondance se rapproche souvent davantage de la création littéraire que du document historique. S'il retouche finalement peu sa poésie, Saint-John Perse fait un usage particulièrement créatif de ses propres lettres : coupures, réécriture, voire écriture. Au fil des pages, le poète se prend au jeu. Il ne s'agit pas seulement de façonner sa statue ou d'orienter la lecture des poèmes. Ce jeu avec l'identité, la réalité, le langage obéit à une motivation profonde : se hisser à la hauteur d'une oeuvre poétique distinguée par le Prix Nobel.

[Conception de l'exposition : Corinne Cleac'h-Chesnot avec l'aide de Renée Ventresque.]