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Appels à contributions
La passion (Groupe de Recherche Sémiotique, Abidjan) 

La passion (Groupe de Recherche Sémiotique, Abidjan)

Publié le par Université de Lausanne (Source : GNATO Sia Modeste)

APPEL À CONTRIBUTION

 

Groupe de Recherches Sémiotiques – Côte d’Ivoire (GRS-CI)

Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’ivoire

www.grs-ci.org

 

Porteur du projet : M. VAHI Yagué, Maître conférences, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan (Côte-d’Ivoire)

 

 

 

LA PASSION

 

Du latin « passio » (souffrance) ; « passium » (passion du christ), la passion désignerait, à l’origine, les mouvements de l’âme, soit en bien soit en mal, comme l’amour, la haine, la colère, l’envie, la tristesse, etc. Les traités de passions ayant traversé l’histoire et enrichi ledit concept mettent en lumière le fonctionnement des phénomènes passionnels, et surtout leur particularité.

D’un côté, en effet, la passion parait condamnable. C’est pourquoi, les stoïciens l’envisagent comme des fixations maladives aux données naturelles et humaines, d’autant qu’elles représentent des inclinations contraires à la sagesse. Descartes, quant à lui, avance que les passions éprouvées par les hommes correspondent à l’action exercée par un mécanisme neurophysiologique. La passion exprimerait donc l’esclavage que le corps fait subir à l’âme. D’après la psychanalyse, la source de la passion réside dans l’inconscient et plus précisément dans la vie infantile oubliée. Ferdinand Alquié parle, à cet effet, du désir d’éternité, c’est-à-dire du refus du temps de la conscience passionnelle. Le passionné se fixerait des circonstances de son passé dont il serait d’autant plus esclave qu’il n’en prendra pas une conscience claire. Au sens contemporain du mot, la passion est un désir impérieux, exclusif, durable qui accapare à son profit la conscience et l’activité. Ainsi donc, la passion est polarisation du psychisme sur un seul objet ; ce qui implique une indifférence plus au moins poussée pour tout le reste. Cet exclusivisme de la passion est source d’un paradoxe : l’état de passion, en effet, entraîne à la fois un enrichissement et un appauvrissement.

D’un autre côté, en revanche, l’éloge des passions tire sa justification de l’enrichissement de la personnalité qu’entraîne la libération des énergies nouvelles dans l’état de passion. Ainsi les Romantiques l’ont exalté et en ont fait le thème de leur écrit. Nietzche a donné à son surhomme Zarathoustra la passion de la domination de la volonté de puissance, c’est-à-dire la passion de l’agressivité sous toutes ses formes. Fourier écrit, de son côté, « le devoir vient des hommes et les passions de Dieu » (Cité par Louis Reybaud, « Socialistes modernes, Charles Fourier » in Revue des Mondes, Quatrième série, Tome XII, Paris, Fournier, 1er Octobre 1837, p. 472.). Toute grande œuvre est innovatrice et toute innovation nécessite des énergies nouvelles que seule la passion peut déclencher. Hegel glorifie la passion en ces termes : « Nous disons donc que rien ne s’est fait sans être soutenu par l’intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l’appelons "passion" […] Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. » (Hegel, La raison dans l’histoire, Chap.2, §2, p. 108, 10/18, UGE).

Ces aspects contradictoires mais complémentaires de la passion constituent également la matière par excellence de la littérature. Aristote y voit, d’ailleurs, le fondement même de l’esthétique, car la tragédie qu’il échafaude dans sa Poétique, a pour but de purger les passions. La modernité, en ce qui la concerne, interroge les modalités expressives de la passion ainsi que leur authenticité dans les créations littéraires.

En sémiotique, la passion est diversement perçue par les théoriciens qui l’ont développé. Elle présuppose, selon Greimas, une perspective analytique doublement orientée. D’une part, les passions doivent être explorées en elles-mêmes, c’est-à-dire comme des lexèmes auréolés d’une dimension discursive et narrative. Dans ce cas, ces passions s’identifient à des actions. Il en est ainsi, par exemple, de la colère qui, d’après Greimas, résulte d’une série d’actions comme la frustration, le mécontentement et l’agressivité. D’autre part, l’analyse du discours passionné doit prendre en compte ses composantes sensibles, somatiques et perceptives. Ce faisant, la passion s’oppose aux actions, et met en lumière les aspects sus-indiqués.

Pour Jacques Fontanille, en revanche, la passion est un langage, et en tant que tel, elle s’exprime au moyen des états affectifs qui s’enchevêtrent dans les discours verbaux. Cette dimension affective, rattachée au dispositif tensif, prend également en compte les classes modales et les modulations axiologiques par la catégorie de présence, d’intensité et de quantité. Là, il ne s’agit pas de répertorier dans le texte les faits commis par les personnages ou les êtres de chair et de sang. Loin s’en faut ! Il s’agit d’interroger l’organisation des formes discursives : « Tel état affectif de l’auteur expliquerait telle forme ou situation dans le texte » (Jacques Fontanille, Sémiotique et littérature, Essais de méthode, Paris, PUF, p. 64). La passion devrait, de ce fait, obéir à un principe théorique susceptible de produire les textes et d’en éclairer le sens.

En somme, l’apologie ou la condamnation des passions constituent deux phases contradictoires d’une valorisation absolue de la passion. Il convient, ce faisant, de relativiser cette valorisation de la passion en lui restituant sa dimension totale. En effet, en même temps qu’elle menace de tuer notre volonté libre à cause de sa dimension subie, elle constitue également un stimulant important pour toutes nos facultés à cause de sa dimension dynamique. La passion est donc comparable à une arme à double tranchant, en ce sens qu’elle comporte un aspect négatif et un aspect positif ; un aspect passif et un aspect actif. Objet central de poétique et principe constitutif d’une rhétorique et d’une esthétique particulières, elle permet d’interroger les formes littéraires, de remettre en question les modalités théoriques en plein essor, ouvrant ainsi la voie d’un champ de recherches nouveau et pluridisciplinaire ; d’où l’intérêt du présent appel à contribution.

Trois axes sont proposés aux contributeurs :

Axe 1 : Passion en littérature : confrontations théoriques et épistémologiques

Axe 2 : Poétique, esthétique et rhétorique du discours passionné

Axe 3 : La passion : les approches sémiotique et de l’analyse du discours.

 

Protocole de rédaction

1. Page de titre. Par ordre, du haut vers le bas : le titre de l’article ; vos nom et prénoms, adresse et courriel ; résumé et descriptifs. Le titre de l’article s’écrira totalement en majuscules gras, taille 14.

2. Résumé. Fournir un résumé de l’article (50 à 100 mots) et en donner une version anglaise.

3. Descriptifs. Identifier 4 à 6 descriptifs (ou mots clés) qui situent le contenu (domaine géographique, sujet, auteurs, théories, etc.). En donner une traduction anglaise.

4. Mise en pages. Police : Times New Roman ; taille : 12 (10 pour les citations en retrait, les notes et la liste d’ouvrages cités) ; interligne : 1.5 ; marges : 2.5 cm (haut, bas, gauche, droite).

5. Citations. Lorsqu’une citation a plus de 4 lignes, la mettre en retrait (2 cm à gauche, 2 cm à droite, interligne simple) sans guillemets, suivie de l’appel de la référence (taille 10). Mettre entre crochets [ ] les lettres et les mots ajoutés ou changés dans une citation, de même que les points de suspension indiquant l’omission d’un ou plusieurs mots.

6. Tableaux. Pas de tableaux dans le corps de l’article.

7. Notes. Numéroter consécutivement les notes du début à la fin de l’article.

8. Appel des références. Appeler les références en note de bas de page, de manière automatique.

9. Liste des références (Bibliographie). Dresser la liste des œuvres citées et des publications utilisées pour préparer l’étude ; les classer dans l’ordre alphabétique des auteurs, par ordre décroissant d’année de publication.

10. Longueur de l’article. 10 à 15 pages maximum.

11. Format. Utiliser le format Word 97-2003.

12. Caractères spéciaux. Signaler tout recours aux caractères spéciaux (alphabet étranger, phonétique, symbole mathématiques, etc.)

13. Langue d’écriture. Le français.

14. Acheminement des articles. L’article de 10 à 15 pages (maximum) doit être envoyé à l’adresse électronique suivante : grsemiotiquesci@gmail.com

 Les résultats des évaluations sont envoyés par voie électronique. Les auteurs des articles rejetés recevront un compte-rendu des motifs du refus.

15. Soumission des articles. Le présent projet accepte tout article inédit conforme aux modalités susmentionnées.

-       LA DATE LIMITE DE SOUMISSION DES ARTICLES : 31 Août 2018

-       RETOUR DES EXPERTISES : 30 Septembre 2018

-       PUBLICATION [en ligne] : 20 Octobre 2018

 

Les articles ne respectant pas les consignes ne seront pas examinés.

NB : Le GRS-CI ne bénéficie d’aucune subvention institutionnelle. Leurs activités sont entièrement financées par les membres du Groupe.

À cet effet, il est porté à la connaissance des contributeurs que les frais d’instruction et de publication de l’article s’élèvent à 25 000 Francs CFA (38,11 Euros). Les modes de paiement seront communiqués ultérieurement.