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La musique et le mal : figures, lectures, représentations

La musique et le mal : figures, lectures, représentations

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Nathalie Vincent-Arnaud)

 

APPEL À COMMUNICATIONS
 

Dans le cadre de l’institut IRPALL (Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues), le programme « Musique et Littérature : dialogues intersémiotiques » organise une journée d’étude intitulée

 

                        « La musique et le mal : figures, lectures, représentations »

 

le vendredi 10 juin 2016, à l’Université Toulouse-Jean Jaurès (Maison de la Recherche).

 

 

Cette journée d’étude interviendra à l’issue des séances mensuelles du séminaire conduit tout au long des trois dernières années universitaires sur ce thème.

 

L’idée que la musique puisse avoir partie liée avec le Mal (au sens métaphysique ou simplement moral que l’on accorde à ce terme), est l’envers de l’idéalisation dont elle a souvent fait l’objet dans l’histoire et la culture, qui l’érigeait en traduction esthétique d’un ordre providentiel (harmonia caelestis) ou en expression du « meilleur » de l’humanité : l’excellence artistique, telle qu’elle a pu être absolutisée à l’époque romantique. Au rebours des propos et représentations tendant à affirmer le caractère spirituel de la musique, voire ses vertus curatives et spéculatives, une tradition explorant sa négativité s’est développée en contrepoint. Sans que la passion qu’on lui voue en soit en rien diminuée, la musique a pu ainsi être jugée corruptrice, dommageable à la cité, ennemie de la raison et du fait politique, complice d’une puissance de destruction de l’ordre providentiel, appariée à une entreprise de subversion du bien commun, etc. Comment expliquer que des mises en garde – un Cave musicam ! comparable à celui qui résonne dans La Montagne magique de Thomas Mann – aient pu être régulièrement proférées à l’encontre de la musique, émanant aussi  bien d’autorités spirituelles que temporelles ? Ce sont les différentes modalités du démonisme et de l’antihumanisme musical que nous souhaiterions continuer d’explorer au cours de cette journée d’études : à quels types de représentations (situations dramatiques, personnages, images) peut-on le rattacher ? Quels éléments de forme, de poétique sont privilégiés pour en rendre compte ? Quels types de discours (philosophique, politique, fictionnel) sont utilisés pour le décrire et le dénoncer ? En quoi est-il producteur d’un imaginaire, de métaphores ou d'allégories spécifiques ? Dans la perspective interdisciplinaire qui est la nôtre, nous accueillerons des propositions portant sur les relations entre musique et littérature, quelle qu'en soit la forme. Plusieurs pistes peuvent être envisagées, que nous suggérons ici sans esprit d’exhaustivité ni de contrainte :

           

1.     La perception de la musique (ou d’une musique particulière) comme contraire à l’intérêt général et à un état de la société jugé digne d’être conservé : c’est la tradition mélophobique tendant à condamner la musique comme corruptrice, immorale ou dangereuse.
2.     La perception de la musique comme hostile à l’individu, l’incitant au désengagement intérieur, à la paresse spirituelle et morale, à la perte des valeurs morales, à l’abdication de sa responsabilité (voir les nombreuses associations de la musique avec la drogue, la servilité, la complaisance, voie le despotisme).
3.     Les figures symboliques et allégoriques du mal intervenant en contexte musical (en particulier l’opéra, mais sans exclure la musique instrumentale) ou associées à la musique : variations sur le mythe des sirènes, etc. On pourra également s’intéresser à des figures historiques de musiciens (compositeurs, interprètes) qui ont fait l’objet de détournements consistant à les confronter à des contenus choquants ou paradoxaux.
4.     Les nombreuses représentations de la musique (ou du musicien, ou de l’instrument) comme instance maléfique : on s’intéressera à toute la poétique du « diabolique » dans la musique, aux musiques successivement jugées « sataniques » au cours des siècles, le « Mal » s’entendant ici au sens métaphysique de la tradition judéo-chrétienne.
5.     L’appariement de la musique à certaines poétiques et représentations de l’excès, de l’outrance, de la dissidence, de la pathologie, du blasphème religieux ou social : qu’en est-il de la musique et du sadisme ? De la musique et du crime ? De la musique et de la psychopathie / sociopathie ?
 

 

Les propositions (d'une dizaine de lignes en français, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique) devront être envoyées simultanément à Nathalie Vincent-Arnaud (nathalie.vincentarnaud@sfr.fr) et à Frédéric Sounac (fredericsounac@aol.com), responsables du programme Musique et Littérature, avant le 15 décembre 2015 (délai de rigueur).

Une réponse sera donnée aux auteurs des propositions mi-janvier 2016.

 

Une publication d’une sélection des textes issus des communications faites lors du séminaire et de cette journée d’étude est prévue pour l'année suivante.