Essai
Nouvelle parution
J. Rancière, A. Jdey, La méthode de la scène

J. Rancière, A. Jdey, La méthode de la scène

Publié le par Marc Escola

La méthode de la scène

Jacques Rancière, Adnen Jdey

Date de parution : 18/05/2018
Editeur : Lignes
ISBN : 978-2-35526-184-8
EAN : 9782355261848
Nb. de pages : 208 p.

 

L’intérêt de la scène, c’est de montrer la pensée au travail, les concepts en train de se faire par opposition à toute une tradition philos­ophique qui dit qu’il faut d’abord définir les termes et voir comment ils se combinent et donnent la rationalité de la chose. » (Jacques Rancière)

L’impulsion fondamentale de la philosophie de Jacques Rancière est d’interroger la manière dont les partages de la pensée reconduisent la division entre ceux à qui le logos est reconnu et ceux à qui il est nié. L’un des aspects les plus saillants du rapport très étroit entre objet et méthode est le rôle que joue, dans cette philosophie, la dramatisation des concepts. Il n’est d’ailleurs pas exagéré d’avancer qu’aucun geste n’est davantage associé à cette pensée que celui de la mise en scène, laquelle met au jour ce qui travaille l’identité contrariée des scénarios de l’art et des fictions politiques, à savoir la possibilité d’affirmer la puissance commune de la pensée et de l’égalité des intelligences.

Si le pari de la parole chez Jacques Rancière constitue une façon de raccorder l’élan de la pensée aux rebonds du dialogue, ce livre de conversations se place en état de perpétuelle poursuite. Non seulement au sens où la « poursuite », dans les arts de la scène, désigne un projecteur orientable pour suivre sur le plateau l’acteur en mouvement ; mais aussi comme le mouvement qui, de scène en scène, anime à deux voix l’exercice vif de la philosophie.

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"Scène". Il n'est pas exagéré de dire qu'aucune catégorie n'est davantage associée à la philosophie de Jacques Rancière. L'impulsion fondamentale de son travail, depuis ses folles nuits prolétaires, a toujours été d'interroger la manière dont les partages de la pensée reconduisent, sous la distribution des corps en communauté, une division entre ceux à qui le logos est reconnu et ceux à qui il est nié.

Et si le travail du partage ne pouvait s'identifier comme l'objet de la pensée sans être en même temps la mise en oeuvre de sa méthode ? L'un des aspects les plus saillants de ce rapport très étroit entre objet et méthode, dans la philosophie de Jacques Rancière, est le rôle qu'y joue la "mise en scène". Contre la hiérarchie des niveaux de réalité et des régimes de discursivité, la méthode de la scène se dote en effet d'une double valeur.

Polémique, elle construit une différence dans un champ d'expérience ; et assertative, elle trace une transversale aux frontières des savoirs ainsi qu'aux contextualisations historiques. Induite ou construite, identifiée ou en puissance sous d'autres scénarios, la scène permet de mettre au jour ce qui travaille l'identité contrariée des productions de l'art et des fictions politiques. Ce que la méthode de la scène dit en creux de cette logique du dissensus, c'est la possibilité de constituer une puissance subjective qui renvoie à la condition politique de l'égalité.

Si le pari de la parole chez Jacques Rancière constitue une façon de remettre sur le métier le travail du concept, le pliant volontiers aux rebonds du dialogue et ses recoupements d'idées, ces conversations se placent inévitablement en état de perpétuelle poursuite. Non seulement au sens où la "poursuite", dans les arts de la scène, désigne un projecteur orientable pour suivre sur le plateau l'acteur en mouvement ; mais aussi comme l'impetus qui, de livre en livre, anime l'exercice de cette philosophie.

Entre les paradoxes de l'émancipation ouvrière et la contre-histoire de la modernité esthétique, le lecteur ne trouvera pas ici des réponses définitives aux questions posées, mais une variation à deux voix sur les composantes dramaturgiques d'une pensée à l'œuvre.

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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"La scène politique n’est pas une scène de théâtre", par C. Ruby.