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La métalepse aujourd'hui

La métalepse aujourd'hui

Publié le par Alexandre Gefen

 

Colloque International :

La métalepse, aujourdhui

 

Institut Goethe, Paris

29 et 30 novembre 2002

 

Organisé  par le

Le Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS-CNRS)

en collaboration avec le

Département de Littérature Comparée de lUniversité de Paris III

et le

Groupe de Recherche en Narratologie de lUniversité de Hambourg

 

(Actes publiés sous le titre

Métalepses. Entorses au pacte de la représentation)

 

 

On admet en général que tout récit est une narration dévénements et que par conséquent il sorganise en deux niveaux clairement séparés : le niveau de la narration et celui des événements narrés. Toute contamination dun niveau par lautre semblerait donc aller à lencontre de la nature même du récit.

Et pourtant, dans la réalité narrative, les choses sont plus complexes. Un des procédés narratifs qui sinscrivent en faux contre la thèse dune telle distinction dessence entre le niveau de la narration et celui du narré est le récit enchâssé, ou récit métadiégétique. Par ses effets denchâssement, le récit métadiégétique entretient avec le récit qui le contient soit une fonction explicative, soit une fonction thématique (qui peut aller jusquà la mise en abyme), soit, indépendamment du contenu du récit enchâssant, une relation de contamination entre les deux niveaux, lacte de narrer lui-même assurant le lien entre deux domaines normalement distincts lun de lautre. Ce dernier effet, la métalepse (Genette), est une espèce de mariage forcé de niveaux, réalisant de manière insolite le passage du narrateur ou du narrataire dans le domaine des personnages, ou inversement. La plupart du temps métalepse est marquée comme telle et donc perceptible. En revanche, lorsquelle fait léconomie du relais diégétique, elle fait vaciller la distinction entre les deux niveaux narratifs et, sur un plan plus général, déstabilise le fonctionnement représentationnel comme tel. Au théâtre notamment, comme en témoignent certaines pièces de Pirandello ou de Handke, les violations du « pacte représentationnel » débordent la scène, lieu de laction dramatique, bouleversant le cadre même de la représentation. Pourtant, même si la métalepse est une démarche transgressive, elle nen reste pas moins une des modalités de lenchâssement narratif, et fait donc partie des possibles du récit.

En fait, lenchâssement est un phénomène qui existe ailleurs que dans le récit. Il sagit dun problème qui, sous des formes diverses, se rencontre dans le domaine de la logique, des mathématiques, de la linguistique, de la sémiotique, de la psychologie cognitive, de lontologie, etc. Les recherches menées dans ces domaines nont pas manqué dexercer une influence sur létude de la métalepse. En effet, si le phénomène de la métalepse narrative invite à une réflexion plus générale sur les niveaux logiques, le statut de la frontière, les critères de la segmentation, etc., les recherches dans dautres domaines peuvent féconder à leur tour la réflexion sur la métalepse. Ainsi les travaux de Hofstadter (et dautres), permettent de rapprocher la métalepse des paradoxes de la « Boucle Étrange » ou de la « Hiérarchie Enchevêtrée ». Ces paradoxes ont des équivalents artistiques, par exemple lExposition destampes de Escher (paradoxe quil faut distinguer du caractère récursif de la mise en abyme quon trouve par exemple dans Mains dessinant de ce même Escher) ou Ceci nest pas une pipe de Magritte.

Mais la métalepse doit aussi être examinée (ré-examinée) à la lumière des différentes approches du récit qui se partagent aujourdhui le champ de lanalyse narrative. Quelle est la place de la métalepse dans les modèles de communication narrative qui distinguent entre auteur/lecteur concret, auteur/lecteur implicite, etc. ? Quel  est le périmètre de la métalepse dans une narratologie qui, sinspirant du récit oral de la vie quotidienne et des recherches en psychologie cognitive, part de lexistence de différents niveaux dexpérience du monde et de lidée dune stratification de la conscience ? Comment la sémantique narrative, fondée sur la logique des mondes possibles, permet-elle, par le biais des relations d « accessibilité » entre strates textuelles, daborder la métalepse ? Lhypertexte informatique, avec ses possibilités innombrables de liens entre segments textuels, ouvre-t-il des perspectives nouvelles pour la métalepse ?

Les évolutions récentes de la narratologie témoignent non seulement de lintégration de nouveaux modèles épistémologiques, mais aussi dun élargissement de son champ danalyse à dautres formes dexpression artistique. La métalepse, procédé énigmatique et troublant qui met en cause les moyens de la représentation, est un des nuds cruciaux de toute compréhension du récit, et plus généralement de la représentation. Il convient donc den approfondir le questionnement à la lumière des développements théoriques actuels en privilégiant une démarche transdisciplinaire. Nous sommes convaincus que ce qui, à première vue, peut apparaître comme une question technique, ouvre en fait des pistes pour une réflexion renouvelée consacrée au récit dans ses rapports avec dautres phénomènes culturels.

 

Pour plus de renseignements :

John Pier : j.pier@wanadoo.fr

 

 

Colloque International :"La métalepse, aujourd'hui"

 

Institut Goethe, Paris - 29 et 30 novembre 2002

Organisé par  le Le Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS-CNRS) en collaboration avec le Département de Littérature Comparée de l'Université de Paris III et le Groupe de Recherche en Narratologie de l'Université de Hambourg

 


Vendredi, 29 novembre

Accueil des participants: 9h
Présentation du colloque: 9h15

I. Président : Francis Berthelot (CRAL, CNRS, Paris) 

Séance plénière : 9h30-10h20 : Klaus Meyer-Minnemann (Universität Hamburg, RFA) : « Un procédé narratif qui 'produit un effet de bizarrerie' : la métalepse littéraire »

1. 10h20-10h50 : Sophie Rabau (Université Paris III) : « Ulysse à côté d'Homère : Mises en fiction d'une métalepse »

2. 10h50-11h20 : Sabine Schlickers (Universität Hamburg, RFA) : « Inversions, transgressions, paradoxes et bizarreries : métalepses dans la littérature espagnole et française »

3.   11h20-11h50 : Philippe Daros (Université Paris III) : « Métalepse et cadre »

Repas midi : 12h00-14h00

 

II. Président : Jean-François Jeandillou (Université Paris X/Institut Universitaire de France)

Séance plénière : 14h00-14h50 : Marie-Laure Ryan (Bellvue, Etats-Unis) : « Logique culturelle de la métalepse, ou : la métalepse dans tous ses états »

1. 14h50-15h20 : Christine Baron (Université Paris III) : « Métalepses et mondes possibles : La représentation inachevée »

2. 15h20-15h50 : Jan-Christoph Meister (Universität Hamburg, RFA) : « Stack-overflow as a pragmatic limit for self-referential systems. Towards a computer model of narrative metalepsis »

Pause café : 15h50-16h10

Séance plénière : 16h10-17h00:  Jean Bessière (Université Paris III) : « Les conditions que supposent les caractéristiques de la métalepse »

1. 17h00-17h30 : Georges Roque (CRAL, CNRS, Paris) : « Aspects de la métalepse dans l'image visuelle »

2. 17h30-18h00 : Jean-Marie Schaeffer (CRAL, CNRS/EHESS, Paris) : « Métalepse et immersion fictionnelle »

 

Samedi, 30 novembre

III. Président : Jean-Pierre Morel (Université Paris III)

Séance plénière : 9h30-10h20 : Dorrit Cohn (Harvard University, Cambridge, Etats-Unis) : « Métalepse et mise en abyme » [article en ligne]

1. 10h20-10h40 : Hans-Harald Müller (Universität Hamburg, RFA) : « Überlegungen zu Metalepse und Metafiktion am Beispiel von Leo Perutz' Roman 'Die dritte Kugel' »

2. 10h40-11h20 : Wolf Schmid (Universität Hamburg, RFA) : « Le rôle de la métalepse narrative dans la construction de la théorie du
formalisme russe »

3. 11h20-11h50 : Tom Kindt (Universität Hambourg, RFA) : « Zum Verhältnis von Metalepse und erzählerischer (Un-)Zuverlässigkeit. Betrachtungen zu Romanen von Ernst Weiss »

Repas midi : 12h00-14h00

 

IV. Présidente : Christine Montalbetti (Université Paris VIII) (sous réserve)

Séance plénière : 14h00-14h50 : Gérard Genette (EHESS, Paris) : « De la figure à la fiction »

1. 14h50-15h20 : Philippe Roussin (CRAL, CNRS/EHESS, Paris) : « Rhétorique de la métalepse »

2. 15h20-15h50 : Daniel Ferrer (ITEM, CNRS, Paris) : « Peut-on parler de métalepse génétique ? »

Pause café : 15h50-16h10

 

3. 16h10-16h40 : Monika Fludernik (Universität Freiburg, RFA) : « Scene-shifting and Metalepsis »

4. 16h40-17h10 : John Pier (Université de Tours/CRAL, CNRS, Paris) : « Métalepse et hiérarchies narratives »

5.   17h10-17h40 : Anja Cornils (Universität Hamburg, RFA) : « Métalepse narrative dans les Actes des Apôtres - signe de la narration fictive ? »

Conclusion : 17h40-18h00