Questions de société

"La masterisation : des conséquences dévastatrices sur l'enseignement professionnel" (Sud Education, 28/08/09) + "Il est temps de se mobiliser !" (Sud Education 92, 05/09/09)

Publié le par Bérenger Boulay

La masterisation : des conséquences dévastatrices sur l'enseignement professionnel, Sud Education, 28 août 2009

http://www.sudeducation.org/article3145.html

Avecla mastérisation, les futurs PE, Certifiés, agrégés et PLPd'enseignement général seront confrontés aux mêmes problèmes. Il n'ensera pas de même pour les PLP d'enseignement professionnel.

Dans le domaine industriel, le bac + 5 correspond à un diplômed'ingénieur. Recruter un ingénieur qui n'a pas de savoir-faire pourformer des élèves rend la tâche difficile. En effet, être ingénieursignifie travailler à la conception alors que les titulaires de CAP,BEP ou Bac Pro sont des réalisateurs qui ont besoin de savoir exécuterun geste.

Dans le domaine artisanal, le bac + 5 n'existe pas. Par exemple, iln'y a pas de master en boulangerie ou en tapisserie... Alors commentrecruter des professeurs titulaires ? Pour se présenter aux concours,faudra-t-il, après s'être spécialisé dans un domaine technique, suivreun enseignement de 5 ans en université ? Aujourd'hui déjà, denombreuses spécialités ne permettent plus la titularisation du fait del'absence de formation d'un niveau bac +3 et d'ouverture de concoursinternes acceptant un diplôme de niveau V dans ces domaines.

Comment s'y retrouver quand les conditions d'accès aux concoursdeviennent du cas par cas et les exceptions acceptées nombreuses etvariables de 2010 à 2015 ?

Qui seront les professeurs de demain ? Des contractuels !

Soit des contractuels à vie qui seront donc obéissants, sous payéset se conformeront aux exigences exprimées par l'Éducation Nationale,soit des intervenants ponctuels qui auront un emploi dans uneentreprise et qui assureront des vacations dans les lycéesprofessionnels. Les premiers seront souvent issus de la maîtrise etresteront très théoriques, les seconds seront ceux qui connaissent lemieux la pratique du métier, mais tous seront précaires ! Si, au nomd'un même recrutement pour tous, le texte sur la mastérisation reste enl'état, il n'y aura plus d'enseignement pratique assuré par desProfesseurs de Lycée Professionnel titulaires. Il n'y aura plus besoind'annoncer des suppressions de postes, la souplesse du nombred'enseignants sera un fait irréfutable et ajustable à chaque rentrée.

Pourquoi conserver un LP si l'enseignement professionnel n'y estplus enseigné par des professeurs ? Il y a de fortes chances qu'à termeon se dirige vers le retour aux CFA (centres de formation d'apprentis)qui permettent au patronat local de faire former au fur et à mesure deses besoins des employés jetables. Ce phénomène sera facilité par lefait que les enseignants seront issus des entreprises voisines. Et plusde formation générale...

Sud éducation demande :
puce-32883.gif le retrait de la réforme dite « mastérisation » ;
puce-32883.gif le maintien de l'enseignement professionnel en LP assuré par des professeurs recrutés sur concours et formés ;
puce-32883.gif la titularisation sans concours de tous les précaires déjà employés à ce jour.

Commission fédérale Enseignement Professionnel

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Il est temps de se mobiliser !  Sud Education 92 - 5 septembre 2009

 http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article126

On espérait un joli mois de mai 2009ponctué de luttes et de manifs et de pour mettre finà la dégradation sociale dont les salariés et lesservices publics font les frais.

Mais une fois de plusla stratégie des confédérations syndicales, et lechantage aux examens dans le supérieur ont mis unfrein aux velléités des plus combatifs.

Pourtant, lesraisons de se révolter sont nombreuses dans lesecteur de l'Education notamment : suppression duBrevet d'Etude Professionnelle (BEP) etgénéralisation du bac pro en 3 ans,aggravation de la précarisation et de la situationdans les vies scolaires, privatisation descantines de collège et conditions de travaildégradées pour les personnels ouvriers, les TOS, réforme annoncée du lycée et dufonctionnement des écoles, sans parler dela poursuite des expulsions d'élèves sans papier ou de la suppression massive des postesd'enseignants (16 000 de plus pour la rentrée2010).

La nomination de Luc Châtel au Ministèrede l'Education Nationale n'annonce aucunchangement politique favorable à l'Education. Cetancien patron de L'Oréal, porte-parole dugouvernement Sarkozy, est un proche de Madelin,qui a déjà pour fait d'armes la privatisation de laPoste. Reste à savoir quelle sera la réaction del'ensemble des travailleurs de l'Education, desparents, des jeunes et de l'ensemble de la société.

Dans beaucoup d'autres secteurs d'activités, leslicenciements, les réductions de salaire et lechômage partiel ou total ont déjà suscités beaucoupde réactions parfois très radicales.

Et nous,resterons-nous passifs encore longtemps devant lesprivatisations, expulsions, suppressions de postes etle tri social de l'Ecole de plus en plus caricatural ?

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