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Appels à contributions
La littérature francophone en Flandre depuis 1970

La littérature francophone en Flandre depuis 1970

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Paul Dirkx)

APPEL À CONTRIBUTIONS

FrancoFonie
Revue du Centre d'Étude des Francophones en Flandre (CEFF)
Tijdschrift van het Studiecentrum Franstaligen in Vlaanderen (SFV)
n° 4

La littérature francophone en Flandre depuis 1970.
Mythes et réalités



Problématique
La quatrième livraison de FrancoFonie sera consacrée à un premier bilan de la production littéraire francophone en Flandre depuis 1970. Cette date correspond au début officiel du processus de régionalisation, de communautarisation et de fédéralisation de la Belgique : date importante donc, même si, étant d'ordre politique, elle est à manier avec prudence, comme on va le voir.
Un des topoï qui caractérisent les discours relatifs aux productions littéraires francophones en Belgique est l'idée selon laquelle les écrivains de langue française au nord de la frontière linguistique seraient en voie de disparition. Il serait acquis qu'après le panthéon symboliste flamand (Maeterlinck, Verhaeren, Rodenbach, Elskamp, Van Lerberghe) et après ses successeurs qui, de Franz Hellens à Marie Gevers, poursuivirent sur la lancée pendant un demi-siècle encore, la littérature de langue française en Flandre se serait éteinte dans les dernières décennies jusqu'à ne plus être représentée aujourd'hui que par une poignée d'écrivains peu connus.
Sans prétendre le contraire, à savoir que le nombre de ces écrivains serait en augmentation, il est temps d'interroger le caractère d'évidence de la thèse de la disparition, thèse aussi répandue qu'insuffisamment examinée. Tout d'abord, on peut se poser la question de savoir si et dans quelles conditions un groupe comptant encore actuellement plusieurs centaines de milliers de personnes pourrait cesser de produire un corpus d'oeuvres littéraires, quel que soit le degré de légitimité de celui-ci. Ensuite, il faut se demander si l'on est justifié à traiter de la problématique de l'écriture francophone en Flandre en faisant abstraction de Bruxelles, pourtant le principal centre littéraire du pays. La question semble en outre difficile à étudier dans sa complexité si l'on raisonne en termes de « français » - « néerlandais », sans jamais prendre en compte les interactions linguistiques (bilinguisme, diglossie, etc.) orales et scripturales. De même, peut-on continuer d'exclure certains écrivains originaires du Nord du pays sous prétexte qu'ils se sont installés à un certain moment ailleurs, notamment en France (Henry Bauchau, Werner Lambersy, Pascal de Duve, etc.) ?
De plus, la thèse de la disparition s'appuie le plus souvent sur une vision elle-même peu vérifiée de l'histoire de la littérature francophone en Flandre. Cette histoire aurait en effet pris naturellement le chemin de l'évolution générale de la langue française dans cette partie de la Belgique, selon une logique qui subordonne l'histoire littéraire à l'histoire tout court (ou, plus précisément, à l'histoire politique), évacuant de ce fait la part d'autonomie du système littéraire. Un tel court-circuitage renforce en outre le caractère « inéluctable » de l'étiolement de la vie littéraire et culturelle francophone en Flandre et ne permet pas de discerner les déterminants de ce qui n'est justement pas un étiolement, c'est-à-dire un processus naturel, mais une évolution issue de mécanismes sociohistoriques (délégitimation de l'écriture en français, affaiblissement des institutions qui l'entourent : cercles d'écrivains, maisons d'édition, organes de presse périodique, librairies, bibliothèques, etc.).
Les articles de ce dossier de la revue FrancoFonie s'intéresseront donc à l'un ou à plusieurs des quatre axes suivants (isolés ici pour les besoins de la clarté) :
1° Histoire littéraire : quels sont les (réseaux d')écrivains qui, après 1970, ont continué d'écrire en français en Flandre, et quelles sont les institutions qui ont poursuivi un travail de soutien et de diffusion ? qu'en est-il des écrivains qui, comme Michel Seuphor, Jean Ray et bien d'autres en leur temps, ont écrit ou écrivent encore en deux langues ?
2° Sociologie de la littérature : quels sont les mécanismes de délégitimation observables sur cette période ?
3° Analyse discursive : quels sont les discours métalittéraires, culturels ou politiques qui ont contribué à produire ou accentuer cette évolution ?
4° Poétique et thématique : quelles sont les options des auteurs des quatre dernières décennies dans leurs oeuvres, quant au sentiment d'être des « exilés du langage », voire quant à la difficulté ou la hantise de trouver une langue propre ?

Le dossier apportera ainsi un premier bilan des productions littéraires en question, dans une perspective littéraire et sociohistorique soucieuse de contextualiser les critères d'appartenance au patrimoine littéraire francophone « de Flandre ». Il donnera peut-être à voir que le discours critique, en annonçant la fin de la production littéraire en Flandre, s'est moins donné les moyens de sa mission critique qu'elle a aidé à réaliser ses prévisions.

Modalités de soumission de propositions
Les propositions d'articles (1500 signes) en français, néerlandais ou anglais devront parvenir aux deux coordinateurs de numéro,

Paul Dirkx (paul.dirkx@univ-nancy2.fr) et
Christian Berg (christian.berg@ua.ac.be)

avant fin février 2011 et sous Word ou en rtf. Elles seront évaluées par le Comité scientifique du CEFF-SFV (http://www.ceff-sfv.be/fr/cs.html). Une réponse sera envoyée à leurs auteurs avant le 15 avril 2011, avec les modalités de rédaction en cas d'acceptation. Remise des articles pour le 15 novembre 2011 et publication début 2012.