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La littérature face à l’image : insertions, bricolage, répertoires

La littérature face à l’image : insertions, bricolage, répertoires

La littérature face à l’image : insertions, bricolage, répertoires.

 

Journées d'étude organisées les 11 et 12 octobre 2012 par l'équipe d'accueil Lettres, Idées, Savoirs (LIS) de l'Université Paris Est - Créteil

      Comment l’image influence-t-elle la compréhension du texte littéraire ? De quelle manière et dans quelle mesure la présence de l’image modifie-t-elle ou renouvelle-t-elle le sens d’une oeuvre ? Est-ce nécessairement le texte qui donne sens à l’image qui l’accompagne ?

      La conceptualisation des rapports entre ces deux pôles est fortement marquée par une tradition littéraire où l’image (dessin, gravure, photographie…) est conçue comme une illustration dont le sens serait tributaire du texte. Cette conception ancillaire de l’image se révèle insuffisante pour penser la complexité de la relation texte-image : c’est en effet souvent le texte qui « illustre », et la littérature semble de plus en plus mise à l’épreuve par sa confrontation à l’image. L’intégration de l’image dans le texte littéraire l’informe, le transforme ou l’excède : il est travaillé de l’intérieur par ces images qui ne sauraient être appréhendées simplement comme un élément hétérogène. Les travaux opérés en anthropologie, en linguistique, en philosophie, en psychanalyse, comme en sémiologie permettent d’étendre notre compréhension de ces processus, qui engagent bien plus qu’une dynamique d’intégration textuelle.

      La démultiplication des formes de l’image engendre un bouleversement de la littérature conçue comme un système de représentation dont la force intégrative n’a d’égal que la capacité à s’adapter à différents lieux d’« exposition », comme l’a montré Philippe Hamon dans Imageries : littérature et image au XIXe siècle (Paris, José Corti, 2001). Il nous semble donc intéressant de nous pencher sur cette complexité de manifestations et de détournements potentiels pour approfondir nos questionnements et dégager des critères d’analyse. L’examen des relations multiples qui s’instaurent entre le fait littéraire et l’image polymorphe nous permettra ainsi d’interroger nos structures préconçues d’approche du texte littéraire.

      C’est donc dans une perspective large et ouverte, invitant à la transdisciplinarité, que les doctorants littéraires de l’équipe Lettres, Idées, Savoirs, de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), proposent deux journées d’étude (les 11 et 12 octobre 2012) sur la question des places prises par l’image au sein du champ littéraire. 

 

      L'exploration de cette problématique se fondera essentiellement sur trois grands axes :

      - celui tout d’abord de l’insertion de l’image dans le texte littéraire : comment l’image s’insère-t-elle dans l’oeuvre, et quelles fonctions lui attribuer ? Utilisée pour orienter ou dévier la compréhension, elle entre quelquefois en concurrence avec les dimensions narrative et argumentative du texte littéraire. Alors, sous quelles conditions épouse-t-elle le texte, le complexifie-t-elle, ou rompt-elle avec lui ? De plus, la place de l’image au sein du texte littéraire varie largement en fonction des rôles qu’on a pu lui attribuer à travers les siècles : une succession d’analyses ancrées dans des corpus précis pourra nous faire entrevoir l’évolution des rapports entre ces pratiques artistiques conçues comme complémentaires ou concurrentes en fonction de la « valeur » culturelle qui leur est attribuée dans une société et une époque données.

 

      - La réflexion exploitera aussi la notion de bricolage, empruntée aux analyses de Lévi-Strauss, utilisée ici pour mettre l’accent sur l’analyse de la situation concrète et empirique de la création. Comment se manifestent les rapports entre deux types d’énonciation, l’un discursif (narratif ou argumentatif), l’autre imagé (sensible ou métaphorique), ancrés tous deux dans différentes temporalités et utilisant différents media ? En élaborant une analyse détaillée des liens qui se créent entre ces deux pôles, on s’interrogera sur les spécificités graphiques et sémantiques des créations littéraires qui naissent d'une telle relation d’intimité. En effet, la frontière entre le textuel et le visuel est-elle aussi nette qu’elle le paraît au premier regard ? En considérant, d’une part, la mise en page, le jeu des caractères, et, d’autre part, le rôle du commentaire et de la rhétorique dans l’exploitation des différents types d’images, nous pourrons dégager une série de phénomènes intermédiaires difficiles à synthétiser en un système général de fonctionnement.

 

      - Se posera également la question des répertoires. Au coeur de l’interrogation sur le statut de l’image entre imagerie et imaginaire, l’idée que la littérature se constitue à partir de représentations communes, voire modélisées, nous permettra d’élaborer une réflexion sur les schémas exemplaires qui influencent tant la création que la réception. Nous nous interrogerons sur la fonction de ces images reçues (conçues comme une équivalence aux « idées reçues » répertoriées par Flaubert). Quels types d’expérience représente-t-on surtout sous des formes schématiques et facilement reconnaissables ? À quels niveaux et de quelles manières peut intervenir la subversion ou l’enrichissement de ces images-types ? On tentera de penser le partage et la déformation de ces répertoires d’images comme un enjeu important de la création littéraire. Du point de vue de la réception, on se demandera dans quelle mesure ces répertoires d’images communes s’érigent en garanties de compréhension d’une littérature où la dimension esthétique est informée par des exigences communicationnelles. La question de l’appartenance culturelle de l’auteur et du lecteur et leur capacité au déchiffrement, à l’utilisation et au dépassement des stéréotypes pourront alors constituer un aboutissement à cette ligne de réflexions.

 

      Les communications, qui ne devront pas excéder vingt minutes, seront regroupées en sessions thématiques nous permettant d’offrir un espace propice à la discussion. Les propositions de communications (titre, résumé de la proposition de communication d’environ 500 mots, nom, courriel et appartenance institutionnelle) sont à envoyer avant le 11 juin 2012 à l'adresse suivante : lalitteraturefacealimage@gmx.fr