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Événements & colloques

"La lecture au futur", par S. Rabau (Université de Lausanne, Programme CUSO)

Publié le par Marc Escola

Programme doctoral de littérature française

 

Vendredi 28 mars 2014

Université de Lausanne

Bâtiment Anthropole, Section de français

 

La lecture au futur

 

 

9h30 – Accueil des participants autour d’un café,

Bibliothèque de la section de français, salle 3155

 

10h. Salle 3128

– Conférence inaugurale :

Par Sophie Rabau, Maître de conférences HDR

à l’Université de Paris 3 (Sorbonne nouvelle) :

« La lecture au futur »

 

Discussion

 

12h.Déjeuner au Restaurant de Dorigny

 

13h30 - 15h. – Atelier, autour du projet de S. Rabau

L’Invention de Victor B. (extraits communiqués)

 

Organisation et contact :

Prof. Marc Escola (Université de Lausanne), marc.escola@unil.ch

Prof. Lise Michel (Université de Lausanne), lise.michel@unil.ch

 

 


« La "lecture au futur" appelle à un changement d’orientation temporelle de la lecture savante, que je ne fais plus aller de mon présent vers le passé de l’œuvre, mais d’un temps où se mêlent le passé de l’œuvre et le présent de ma lecture vers le futur et de l’œuvre et de ma lecture. Les études littéraires ont hérité de la philologie le goût de l’archive, ou plus exactement la passion du passé, qui semble jouir d’un privilège sous toutes ses formes: on admet que la lecture d’une œuvre s’enrichit de ce qu’on peut savoir de son contexte de création, de la réception du premier public, de la connaissance de ses brouillons, sources et avant-textes, de l’histoire du genre dans lequel elle s’inscrit. C’est au futur cependant que s’écrit l’œuvre et c’est dans le futur, dans ce que l’on nomme parfois la postérité, qu’elle trouve une valeur. L’écrivain vise à être lu dans un après de sa création, à peser sur son destin critique ou sur le devenir d’un genre; il ne connaît pas ses futurs lecteurs et prend le risque de n’être pas compris pour continuer d’être lu. Ne convient-il pas alors de conjuguer aussi le verbe lire au futur, de chercher non ce qui fut, mais ce qui peut encore advenir de l’œuvre? Au lieu de dire ce qui est déjà écrit, on traque alors ce qui reste à écrire et le chercheur en littérature troque son costume de conservateur contre celui de novateur: il cherche non plus la confirmation mais la surprise, voire l’inédit; plutôt que de vérifier son propos sur des faits établis, il juge de ses lectures à l’aune de leur richesse prospective. Un tel projet engage donc une réflexion sur la valeur que nous accordons à la prospection et à la conservation dans les études de lettres. Il nous invite à poser à nouveaux frais la question des rapports entre textes possibles et futur des textes, et plus largement entre la puissance et l’acte littéraire. Il ne va pas enfin sans l’invention de nouvelles manières de lire pour explorer l’étrange et mystérieuse contrée du futur littéraire. Peut-être ainsi trouverons-nous la clef qui permet de pénétrer dans la séduisante bibliothèque des livres encore à écrire. » S. R.

 

Sophie Rabau enseigne la théorie littéraire à l’Université de Paris Sorbonne (Paris 3). Elle est l’auteur de plusieurs essais :

Fictions de présence. La narration orale dans le texte romanesque du roman antique au XXe siècle, Champion, 2000.

L’Intertextualité, GF-Flammarion, 2002.

Et tout dernièrement : Quinze brèves rencontres avec Homère, Belin, 2013.

       On lui doit aussi des ouvrages en collaboration :

Théorie littéraire et littérature ancienne : interpolation et lacune, Presses de l’École normale supérieure, 1997.

Fiction d’auteur ? Le discours biographique sur l’auteur de l’Antiquité à nos jours, Champion 2001 (avec S. Dubel)

La Case blanche. Théorie littéraire et possibles d’écriture, Revue La Lecture littéraire, n° 8, 2006 (avec M. Escola)

Et plus récemment : Lire contre l’auteur, Presses Universitaires de Vincennes, 2012.