La Gloire de Bergson. Essai sur le magistère philosophique de François Azouvi, Gallimard, 2007.
Qui se souvient encore que Bergson a été un philosophe célèbre, le premier sans doute à ce degré ? Professeur au Collège de France, il connut la gloire de son vivant. Les contemporains de Bergson se sont jetés à corps perdu sur cette philosophie qui valorisait l'intuition et critiquait l'intelligence. Elle leur a rendu le monde moins opaque, elle les a aidés à trouver qu'il avait un sens, c'est-à-dire qu'il allait quelque part. Si la France cartésienne coïncide en gros avec les partisans de la démocratie parlementaire particulièrement ancrée à gauche, la France bergsonienne recrute ses plus gros bataillons dans la droite nationale, conservatrice, volontiers adversaire du système parlementariste, mais également dans une gauche antiparlementaire, révolutionnaire ou anarchisante - tous partisans de l'élan vital. La barbarie des conflits mondiaux aura raison du bergsonisme et de son élan vital. Surgira alors l'intellectuel engagé, reconnu pour ses prises de position plus encore que par la lecture de ses oeuvres. On passera du magistère philosophique au magistère intellectuel. Aujourd'hui, qu'en est-il, alors que la philosophie fait la une des magazines ?