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La figure de Philomèle

La figure de Philomèle

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Le Pan poétique des muses)

Contribuer au dossier majeur du n°4 de la revue LPpdm : "La figure de Philomèle"

Argumentaire :

Tant de Philomèles en ce monde...

Dans le texte des Métamorphoses d’Ovide, Philomèle, la Princesse athénienne, d’une beauté sublime, est violée par son beau-frère, qui lui coupe la langue pour qu’elle cesse de réclamer vengeance. Elle révèle le crime à Procné, sa sœur en tissant une tapisserie. Les deux sœurs se vengent en faisant manger au violeur la chair de son propre fils. Les trois protagonistes sont transformés en oiseaux.

Figure complexe, qui représente la femme victime-meurtrière, prisonnière de ses malheurs, Philomèle illustre le thème primitif de la vengeance, la violence qui engendre la violence. Et la vengeance des sœurs exprime pleinement cela. Le châtiment est d'une violence inouïe non seulement à l'égard de l'oppresseur mais aussi envers l'enfant (être subalerne), créature innocente, incapable de se défendre. Cependant, l'essentiel est ailleurs...

L’appropriation féministe de la figure des tisseuses prend en compte l’identité sexuelle de la « voix » de la poétesse, et interprète — ce qui est indispensable de nos jours —, l’histoire de l’oppression des femmes dans les sociétés patriarcales. Philomèle, et Arachnê, montrent que le contre point direct de la violence subie par les femmes est leur « voix ». Philomèle devient pour la critique féministe américaine la figure emblématique de la poétesse, dont la voix, qui représente la nudité dans la tradition hébraïque, est censurée. C’est par une expression non verbale qu’elle se libère de la violence de l’oppresseur. Procné déchiffre, comprend et traduit la voix de sa sœur. Elle est l’allégorie de la critique féministe.

Lisons Anne Tomiche qui précise que « Le "nous" à qui Philomèle "parle" est la communauté des femmes, à la fois victimes de la violence masculine, condamnées au silence, et sources d’inspiration pour les poètes masculins. En même temps, elles protestent et cherchent à résister. Dans la même veine que Patricia Joplin, Jane Marcus et Elissa Marder font de Philomèle la figure de la femme violentée et réduite au silence dans une société patriarcale : Philomèle, écrit Jane Marcus, est "an appropriate metaphor for the silencing of the female, for rape and male violence against women" ("Philomèle est une métaphore appropriée de la réduction au silence de la femme, du viol et de la violence masculine contre les femmes") »*

Philomèle devient l’incarnation de la poétesse. Elle n’est pas sans évoquer le poète maudit rejeté de la cité par Platon. Le thème central de ce mythe est la violence spécifique envers les femmes qui est à l'origine de leur création verbale. Nous vous proposons donc d'envisager des textes relevant des deux séquences suivantes :

  • le tissage, dire autrement le vécu du corps, la douleur, la violence, la maladie, etc.
  • la poésie maudite, ou l’errance poétique, le poète prisonnier de sa douleur, de son passé et de ses obsessions...

Et par extension, tout texte sur le système qui dévalorise la création féminine est également susceptible de s’inscrire dans ce numéro.

* Voir l'article d'Anne Tomiche, « Philomèle dans le discours de la critique littéraire contemporaine », dans Véronique Gély, Jean-Louis Haquette et Anne Tomiche (dir.), Philomèle : figures du rossignol dans la tradition littéraire et artistique, actes du colloque international tenu à l'Université de Reims les 25 et 26 novembre 2004 ; Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, Maison de la recherche, coll. Littératures, 326 p., 2006, p. 314

 

Bibliographie sélective

Fabrizio Ara, Les Saturniens : morceaux d'anthologie moroses de la poésie maudite française, [S.l.] : Jannas, impr. 2011 ; Maurice Monda, François Montel, Bibliographie des poètes maudits, Paris, L. Giraud Badin, 1927 ; Ovide, Métamorphoses ; Anne Tomiche et Pierre Zoberman (dir.), Littérature et identités sexuelles, Paris, SFLGC, coll. Poétiques comparatistes, DL 2007, 191 p. ; Anne Tomiche, Métamorphoses du lyrisme : Philomèle, le rossignol et la modernité occidentale, Paris, Classiques Garnier, coll. Perspectives comparatistes, 2010 ; Véronique Gély, Jean-Louis Haquette et Anne Tomiche (dir.), Philomèle : figures du rossignol dans la tradition littéraire et artistique, actes du colloque international tenu à l'Université de Reims les 25 et 26 novembre 2004 ; Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, Maison de la recherche, Coll. Littératures, 326 p., 2006 ; Paul Verlaine, Les poètes maudits : Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle-Adam, Pauvre Lélian (Nouvelle édition, ornée de six portraits par Luque), Paris, L. Vanier, 1888, 103 p., in-18, url. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72580r

 

Contribuer au dossier mineur du n°4 de la revue LPpdm : "Muses & Poètes. Poésie, Femmes & Genre"

 

Depuis l'émergence du champ de recherche de la poésie des femmes à la fin du XXe siècle, les études et les anthologies se succèdent. Notre revue s'inscrit dans cette démarche tout en élargissant les frontières qui la déterminent. La revue Le Pan poétique des muses se voue à la poésie des femmes comme aux autres formes de leur existence en poésie et elle y inclut le genre. Vous êtes donc invité-e-s à prendre part à cette manifestation et vous avez carte blanche pour votre contribution en articles, notes de lecture, comptes-rendus, fragments, textes théoriques peu connus et poèmes de vous ou de nos ancêtres (aïeules/aïeux par votre intermédiaire). Cet appel à contribution comme cela est indiqué plus haut est permanent, il se renouvelle donc au lancement de chaque numéro de la revue.

Consignes à respecter

Vos textes d'une longueur de 25000 caractères (espaces compris) sont les bienvenus jusqu'au 20 novembre 2013 à Camille Aubaude (camille.aubaude@pandesmuses.fr). La publication d'une sélection de textes de ce numéro est prévue par les éditions Pan des muses de la SIEFEGP.

Merci de respecter les normes usuelles suivantes lors de la rédaction de votre article : prénom, nom (nom de plume si c'est votre cas), adresse postale et profession. Biobibliographie (de dix lignes). Pièces jointes acceptées : en format Word (pour les textes) et JPEG (pour les illustrations, dessins et annonces), police Book Antiqua, taille 12, interligne double, justifier, notes de fin. La contribution ne doit pas dépasser vingt-cinq mille caractères (espaces compris). La revue accepte de publier des textes et des poèmes déjà parus (merci de joindre les autorisations nécessaires).

Avertissement : ce périodique est féministe et publie des études théoriques et des textes poétiques des femmes, sur les femmes et sur le genre en poésie. Notre équipe réserve le droit de modifier, modeler, ajouter, censurer voire supprimer une partie des textes reçus. Vous pouvez contribuer à la revue en proposant vos articles et créations (6 poèmes, 2 illustrations, 2 articles) qui portent sur les femmes et/ou le genre en poésie. Ce périodique accorde une exception aux poètes hommes âgés de moins de 26 ans (ils peuvent publier des poèmes sur tous les thèmes).