Actualité
Appels à contributions
La facétie sur les tréteaux : XVIe–XVIIe siècles

La facétie sur les tréteaux : XVIe–XVIIe siècles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Vincent Dupuis)

« La facétie sur les tréteaux : XVIe–XVIIe siècles » (Paris, 30 mai 2015)

 

Journée d’étude organisée dans le cadre des activités scientifiques du Labex Obvil (Observatoire de la vie littéraire), avec le soutien de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme

 

L’élément le plus caractéristique sans doute de la posture adoptée par les promoteurs de la comédie, depuis sa renaissance au XVIe siècle jusqu’à la fin du XVIIe siècle, est la volonté de se distinguer des pratiques scéniques médiévales, de rompre avec les formes théâtrales d’inspiration farcesque. Conformément au projet de la Pléiade, Aristophane, et surtout Ménandre, Plaute et Terence, deviennent, à l’époque moderne, les modèles d’une comédie renouvelée, qui répudie le « badinage inutile » et les « paroles ridicules », et qui se présente d’abord et avant tout comme un « honnête » divertissement. Aussi, une des façons de concevoir la transition entre le théâtre du Moyen Âge et celui de la Renaissance est d’examiner la conversion des effets comiques « bas » et « grossiers » en éléments de langage très proches de l’esprit facétieux. Chez Cicéron, comme chez la plupart des penseurs humanistes, la facétie (entendue au sens premier de « bon mot ») doit éviter la bouffonnerie et l’obscénité ; elle doit maintenir le plaisir de la plaisanterie à l’intérieur des bornes posées par la décence. En cela, elle entre dans le paradigme de l’urbanitas, cette politesse raffinée et spirituelle fondée sur un idéal d’honnêteté ainsi que sur un ensemble de règles morales et esthétiques destinées à l’usage du gentilhomme.

 

Les titres mêmes de quelques-unes des premières comédies humanistes indiquent quelle place occupe ce registre sur la scène moderne. Le sous-titre de La Comédie Nephelococugie de Pierre Le Loyer (1579) précise qu’il s’agit d’une pièce « non moins docte que facecieuse ». De même, Pierre Larivey, le plus important auteur de comédie au XVIe siècle, qualifie ses six premières œuvres de « morales et facecieuses ». Ces indications, majeures sur le plan poétique, le sont tout autant au niveau de l’histoire des formes et des genres littéraires. Suivant la publication du De Sermone de Pontano (1509) et du Cortegiano de Castiglione (1528), où se donne à lire une définition de l’enjouement reposant sur l’emploi mesuré de la plaisanterie (facetudo), de nombreux recueils de narrations facétieuses sont publiés tout au long du XVIe siècle, dans la lignée du Liber facetiarum de Pogge – on peut citer, parmi les ouvrages les plus célèbres, Les Nouvelles récréations et joyeux devis de Bonaventure Des Périers (1558), ou encore  Les facétieuses journées de Gabriel Chappuys (1584). L’objet de cette journée d’étude sera de réfléchir au statut de la facétie au sein de la comédie renaissante et classique, de la question des frontières génériques à celle des emprunts textuels, en passant par les modalités performatives qui l’accompagnent et au travers desquelles elle contribue au spectacle théâtral.

Nous sollicitons des communications d’une vingtaine de minutes s’inscrivant dans la problématique décrite ci-dessus, et touchant plus spécifiquement à l’un ou l’autre des aspects suivants :

 

  • L’influence des modèles antiques (grecs, romains) et médiévaux ;
  • Les transferts littéraires, les échanges de pratiques textuelles d’une œuvre à l’autre, d’un genre à l’autre ;
  • Les éléments poétiques, stylistiques et rhétoriques mis en œuvre par la facétie ;
  • Le rôle que joue la facétie dans le cadre d’une théorie générale du rire sur la scène des XVIe et XVIIe siècles ;
  • Les phénomènes de récurrence des personnages, de circulation des thèmes et des motifs liés au facétieux ;
  • Le passage de la facétie racontée à la facétie jouée (la burla) ;
  • La prise en charge, par une instance énonciatrice, du discours facétieux ;
  • La vocation sociale de la facétie, les conditions de sa réception par le public de théâtre et la valeur qui lui est accordée.

 

Les propositions de communication, d’une longueur d’environ 300 mots, doivent être envoyées au plus tard le 15 mars 2015. Prière d’inclure votre nom, prénom, coordonnées ainsi que votre université d’attache.

Responsable : Vincent Dupuis (Université de Paris IV-Sorbonne)

Adresse : vincent.dupuis@mail.mcgill.ca