Appel à contribution pour un ouvrage collectif
La digression
UNIVERSITE d'EL MANAR
INSTITUT SUPERIEUR DES SCIENCES HUMAINES DE TUNIS
UNITE DE RECHERCHE « POETIQUE THEORIQUE ET PRATIQUE »
(dirigée par le Professeur Mohamed Kameleddine Gaha)
et
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE TUNIS
« La digression est un objet flou qui se dérobe au discours critique », affirme Aude Déruelle au début de son livre sur Balzac et la digression. Difficile à classer, la digression a été souvent considérée comme une déviation superflue, un symptôme de désordre et d'excès, un « vice d'éloquence, où l'on tombe lorsqu'un Orateur sort de son principal sujet pour en traiter un autre ». C'est un phénomène de l'hétérogénéité et de la déconstruction qui porte atteinte à la continuité et à la cohérence du texte. Elle serait un signe d'égarement, une parenthèse inutile, une faillite du discours.
Or des études consacrées à des auteurs comme Montaigne, Diderot, Balzac, Proust suggèrent, comme le note Randa Sabry, une problématique de la digression.
Derrière la feinte du détour involontaire, à travers le trajet sinueux, au-delà des fragments textuels hétéroclites se dissimulent une technique narrative ou argumentative et une stratégie discursive. L'autonomie de la digression et sa gratuité ne sont qu'apparentes. Elle déstabilise le processus narratif ou discursif pour leur imposer une autre dynamique. Cette forme de « détour » est, comme le dit R. Sabry, une mise en scène, un simulacre, un autre trajet possible pour aboutir à la même destination : « Ce qui est improvisation prolixe, heureux hasards, fil perdu, dans l'expérience banale de la digressivité se retourne chez l'auteur digressionniste en effets de hasard et de disparate, en simulacres de dérive ou de caprice, en jeux d'une écriture suffisamment maîtresse d'elle-même pour se montrer par instants en train de perdre la maîtrise de ce qu'elle écrit » .
Une digression, qu'elle soit utilisée dans les limites de la phrase ou qu'elle déborde ce cadre étroit – une séquence digressive peut-être descriptive, discursive, même narrative – elle renvoie à des questions d'énonciation et à une pratique de la lecture. Le discours digressif, qui fait partie de ce que Montaigne appelle la « vue oblique », même s'il traduit une poétique de l'écart et de la rupture, marque la « variété et la liberté qui ne se règle que sur elle-même » . La digression est associée à la pure liberté créatrice. Illustrant la complexité, la polyphonie du texte et sa mobilité, la digression joue le rôle d'élément moteur et unificateur. La bifurcation, l'effet de disparate énonciatif deviennent, non le symptôme de la fragmentation, mais celui de la continuité et le principe paradoxal de la progression. Elle favorise même au dire d'Eric Bordas le passage du monde de la fiction à ce qui est présenté comme le monde du réel.
Nous voudrions interroger les savoirs théoriques pour mettre à l'épreuve la rentabilité de cet « objet non identifié » (Maurice Laugaa), sa capacité à dégager les enjeux esthétiques fondamentaux de l'oeuvre littéraire. Nous proposerons de ce fait quatre axes de recherche :
a- Digression et narration.
b- Digression et rhétorique.
c- Digression et discours critique.
d- Esthétique de la digression.
Les propositions de contribution (titre, corpus, axe de réflexion) devront être envoyées avant le 30 juin 2006 à :
Mustapha TRABELSI
trabelsi_mustapha@yahoo.fr
et à l'adresse postale suivante :
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sfax
BP 553, 3000 Sfax (Tunisie)
Les collègues dont les propositions auront été acceptées sont priés de faire parvenir leur contribution avant le 30 septembre 2006.
Comité Scientifique : Mohamed Kameleddine Gaha, Didier Coste, Ali Abassi, Oueslati Salah, Arselène Ben Farhat, Mustapha Trabelsi
Suggestions bibliographiques :
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CENTRE UNIVERSITAIRE D'ÉTUDES ET DE RECHERCHES MÉDIÉVALES
La Digression dans la littérature et l'art du Moyen Age : actes du 29e Colloque du CUERMA, 19, 20 et 21 février 2004 / études réunis par Chantal Connochie-Bourgne. Coll. Senefiance, nº 51, Aix-en-Provence, 2005.
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