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La culture progressiste pendant la guerre froide (1945-1989)

La culture progressiste pendant la guerre froide (1945-1989)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : François Genton et Edmond Raillard)

La culture« progressiste » pendant la guerre froide (1945-1989)

Jeudi et vendredi 15 et 16septembre 2011 – Université Grenoble 3-Stendhal

http://w3.u-grenoble3.fr/ilcea/spip/spip.php?article125&var_mode=calcul

La guerre froide fut aussi un phénomène culturel : tandis quele mouvement communiste prétendait relancer le combat antifasciste des années30 en mobilisant les milieux culturels contre l'« impérialisme yankee »,les puissances du « monde libre » enrôlaient de nombreuxintellectuels et artistes pour dénoncer le « péril rouge », larépression et les crimes staliniens. Le contrôle exercé sur l'art et la penséepar les gouvernements et leurs services fut déclaré et brutal à l'Est, et,quoique plus subtil, bien réel à l'Ouest. Une position intermédiaire ou nuancéeétait immanquablement perçue comme une marque d'allégeance au camp adverse.

La guerre idéologique n'a cependant pas dispensé les artistes etles intellectuels de chaque camp de traiter les mêmes questions :quelles leçons tirer des horreurs de la période précédente pourl'interprétation du passé, la construction de l'avenir et l'actionprésente ? Sur quels principes fallait-il fonder désormais l'action politique,économique et sociale ? Comment les intellectuels et les artistesdevaient-ils concevoir leur « engagement » en faveur d'une causepolitique et leur rapport au pouvoir politique ? L'art se devait-il derépondre à une intention, ou au contraire était-il vain de vouloir le réduire àdes objectifs sociaux et politiques ? A ces questions, qui d'une certainemanière réactualisaient celles des années 20 et 30, s'en ajoutaient denouvelles : la conscience du péril nucléaire, la reconstruction des territoiresravagés par la guerre, la décolonisation et l'irruption du « Tiers Monde »(terme créé en 1952 par A. Sauvy) et des pays « non alignés » sur lascène culturelle et politique, la naissance de la « société deconsommation », le début de la conquête de l'espace, l'ouverture desenseignements secondaire et supérieur à des milieux qui en étaienttraditionnellement exclus, le développement exponentiel de la culture populairemoderne et des moyens techniques de diffusion et de reproduction (disquevinyle, télévision, transistor, magnétophone) et la position dominante desEtats-Unis dans de nombreux secteurs, de la bande dessinée à l'artcontemporain, du cinéma et de la télévision à la musique populaire. Grâce àl'expansion et au rayonnement de la culture populaire anglo-saxonne, le« monde libre » bénéficiait d'un atout majeur auprès de la jeunessedes pays industrialisés.

De nos jours, la plupart des spécialistes de la vie culturelledurant la guerre froide mettent à juste titre l'accent sur l'américanisation dela « culture populaire » et sur l'évolution de l'organisation et ducontrôle politiques dans les Etats et entre les Etats, constatant l'échec du socialisme réel, touten reconnaissant des spécificités nationales, par exemple une rupture entre « sociétéréelle et société proclamée » plusimportante en Europe de l'Est qu'en Russie[1].Notre projet voudrait poser « autrement » la question du bilan, en s'appuyant avec toute la prudence requisesur la notion de « culture progressiste » ou « culturedu camp progressiste » pour désigner les productions artistiques etintellectuelles qui ont tenté de penser et de transformer le monde d'après 1945 à l'Est comme àl'Ouest.

La période concernée s'étend de 1945 au tournant de 1989-1991. Ons'intéressera aux formes d'expression destinées à tous les publics et l'onpourra aussi bien se pencher sur les domaines élitaires de la spéculationphilosophique, de l'art contemporain ou de l'avant-garde littéraire que sur lecinéma, voire le rock et les shows télévisés et se permettre de glisser, le caséchéant, d'un domaine à l'autre. Sans prétendre nier la pertinence de l'étudedes phénomènes « culturels » à l'échelle des nations sous l'angle dedifférents « champs » – littéraire, artistique, intellectuel, etc. –,c'est à la résonance internationale de ces phénomènes ou à leur décalage parrapport au contexte international que l'on s'intéressera d'abord.

Les communications se feront de préférence en français.L'allemand, l'anglais et l'espagnol seront aussi admis. Les participants sontpriés de livrer au plus tard deux semaines après le colloque le fichierélectronique (word ou compatible word) ainsi qu'une version imprimée de leurcontribution conformes aux normes typographiques de l'éditeur qui leur aurontété communiquées. Les textes seront publiés en ligne dans ILCEA.

Les propositions (au plus 4000 signes, espaces comprises, avec unepetite notice bio-bibliographique) sont à adresser au plus tard le 13 mars 2011 à

François Genton, professeur, études germaniques francois.genton@u-grenoble3.fr

Edmond Raillard, professeur, études ibériques etibéro-américaines edmond.raillard@u-grenoble3.fr


[1] Georges-Henri Soutou, « Conclusions », dansJean-François Sirinelli et Georges-Henri Soutou (dir.), Culture et guerre froide, Paris, PUPS, 2008, p. 306.