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Appels à contributions
La culture comme excuse

La culture comme excuse

Publié le par Florian Pennanech (Source : Fred Dervin)

Appel à chapitres (ouvrage)

(Date limite de réception des résumés : 1.2.2012)

 

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La culture comme excuse

 

Directeur de la publication:

Fred Dervin

 (Universités de Eastern Finland, Helsinki & Turku, Finlande)

Mèl : freder@utu.fi

Site : http://users.utu.fi/freder/

 

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Argumentaire

 

Pour certains, le thème de cet appel paraîtra a priori surprenant et politiquement incorrect. Pour d’autres, comme étant déjà acquis.

Le mot culture est omniprésent dans nos sociétés contemporaines, notamment lorsque l’on parle de l’Autre, l’étranger, l’immigré, le réfugié, mais aussi des relations dites interculturelles. Pour Breidenbach et Nyíri (2009), nous voyons de la culture partout, dans tout et nous n’hésitons pas à utiliser le concept sans trop penser à ce qu’il réfère. D’après les deux auteurs, “it is safe to say that in the general public, cultural explanations are now much more readily involved to challenge the authority of the “hard” sciences than twenty years ago, while, surprising as it is, “culture experts”, are less likely to be challenged, say, on the customs of Iraq than physicists on the safety of nuclear reactors”. Malgré les phénomènes d’hypermobilité internationale et la mise en discours généralisée de « l’hybridité » et/ou des identités plurielles, la culture « solide » demeure une valeur sûre quand il s’agit d’expliquer l’Autre et de se justifier…

Pourtant, la plupart des chercheurs en sciences humaines et sociales le savent maintenant : la culture anthropologique (celle « du quotidien » pour faire vite), qu’elle soit dite nationale, ethnique, etc., n’existe pas en soi car elle est le produit de constructions, négociations, remises en question et manipulations. Ainsi, dans son deuxième roman très stéréotypé sur le Japon (Ni d’Eve ni d’Adam, 2007), Amélie Nothomb admet par exemple que : « L’avantage des discussions avec les étrangers est que l’on peut toujours attribuer l’expression plus ou moins consternée de l’autre à la différence culturelle ». C’est cela, entre autres, la culture comme excuse

Ce qui nous intéressera dans ce volume, ce n’est pas de décrire des cultures ou des « rencontres de cultures » mais d’examiner les phénomènes présentés supra, notamment lorsque la culture sert d’excuse. Certains anthropologues nous ont déjà frayé la voie (cf. e.g. Baumann, 1998 ou bien Wikan, 2002).

On se posera les questions suivantes : qui utilise la culture comme excuse, pour qui et pourquoi ? Qui est autorisé à l’utiliser comme excuse ? Qui incite qui à y avoir recours comme excuse ? Comment est-elle remise en question, négociée, transformée ? À quel(s) moment(s) la culture comme excuse semble-t-elle servir d’argument (ir-)recevable ? Et quelles sont les conséquences pour les acteurs impliqués à court et long terme ?

Les contextes d’étude sont illimités et vont de contextes formels (la recherche, la justice, l’école, l’économie, la politique, etc.) aux contextes informels (le quotidien, l’amitié, les relations intimes, les arts, etc.).

En ce qui concerne les contextes formels, on pourra par exemple s’intéresser à la notion de « cultural defense » (défense culturelle en français) qui a beaucoup été travaillée aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne dans les contextes juridiques où l’appartenance culturelle d’un accusé peut permettre une réduction de peine (cf. par ex. l’ouvrage Multicultural jurisprudence édité par Marie-Claire Foblets et Alison Dundes Renteln en 2009). Comment la défense culturelle est-elle utilisée et perçue dans d’autres contextes où elle n’est pas officiellement en vigueur ? Le travail des chercheurs représente un autre contexte d’analyse intéressant : comment utilisent-ils le concept de culture pour analyser des situations dites interculturelles ou expliquer leurs résultats ? Enfin, dans le domaine de l’éducation, on pourrait s’interroger sur le rôle des acteurs éducatifs dans la « culturalisation » des élèves mais aussi par exemple de leurs parents (et vice-versa).

L’ouvrage se pose également comme objectif de proposer des discussions méthodologiques autour de la thématique. Comment analyser la culture comme excuse ? Quels outils d’analyse, en concordance avec une démarche critique et constructionniste, peut-on adopter pour aller au-delà de la description ? Qu’en est-il de la « collecte » de données ? Qu’est-ce que cela change (pour le chercheur, les participants, etc.) ?

Autant que possible, les auteurs sont priés de se donner à un exercice interdisciplinaire soit en coopérant avec un collègue d’un autre domaine (ex. droit et linguistique ; éducation et anthropologie…) soit en se référant à des travaux issus de disciplines variées (philosophie, anthropologie, linguistique, psychologie (sociale), etc.).

 

Les personnes intéressées sont priées d’envoyer un résumé de 300 mots environ pour le 1.2.2012 à freder@utu.fi dans le corps du courriel (pas de document attaché). Le résultat des sélections vous parviendra le 15.2.2012. Le résumé de la proposition précisera les problématiques traitées, les attaches théoriques, les outils d’analyse et les données ainsi qu’une bibliographie de base (3 titres max.). La proposition comprendra également : prénom, nom, affiliations, courriel, quelques lignes sur l’auteur et une petite liste des publications principales (3 titres max.). Date limite de réception des articles: le 1er septembre 2012. La publication de l’ouvrage est prévue pour le début du printemps 2013 auprès d’une maison d’édition internationale, avec comité scientifique et de lecture. Les personnes intéressées sont invitées à rédiger en français ou en anglais.