LA CRUAUTÉ AU FÉMININ
ARGUMENT
La jouissance du macabre dans ses diverses formes de représentation nest pas un fait nouveau et constitue pour lecteurs et spectateurs jamais blasés une manière de vivre les motions cruelles primitives recouvertes par la civilisation. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
Mais la multiplication des « reines du crime » dans la littérature de série ouvre une interrogation nouvelle. Sommes-nous face à un phénomène qui se dessinerait une image du féminin avec une cruauté spécifique, différente de cette « pulsion de cruauté » classiquement liée par Freud à la sexualité masculine dans sa conquête amoureuse ? Quels destins la cruauté originaire de lenfant, distincte de lagressivité et du sadisme, se verrait-elle ainsi offrir ? La question du rapport à lenfance et celle de la relation enfant/adulte se profilent dans de tels questionnements que les intervenantes aborderont à partir de leurs auteurs de prédilection.
PROGRAMME
9 h Accueil des participants
9 h 15 Ouverture du colloque
Pr Julia Kristeva et Pr Sophie de Mijolla-Mellor
Modérateur : Pr Michèle Bertrand
9 h 30 « Monstrueuse Colette » : Pr Julia Kristeva
A côté de la dame aux chats du Palais Royal et de Colette lamoureuse, il en existe une autre, fascinée par la monstruosité. Comment comprendre cet aspect de lauteur à la lumière de son apport au maternel et à la perversion ? La cruauté et le mal, étiquettes sociales et idéologiques, restent très insuffisantes pour cerner léclatement de la pulsion de mort et de lagressivité au coeur du processus de sublimation.
10 h Discussion en table ronde
10 h 15 « Femmes, fauves et grands criminels » : Pr Sophie de Mijolla-Mellor
La séduction qui émane des femmes narcissiques, des fauves et de certains grands criminels reste énigmatique comme le paradis perdu de linnocence qui nest pas linnocuité mais lignorance de la souffrance infligée à lautre. Lécriture « cruelle » de quelques romancières anglo-saxonnes, reines du crime, éclaire-t-elle cette pulsion archaïque qui ne se confond pas avec le sadisme, non plus quavec lagressivité, la haine ou la destructivité ?
10 h 45 Discussion en table ronde
11 h « La cruauté à loeuvre dans les nouvelles de Joyce Carol Oates » :
Pr Martine Chard-Hurchinson
Loeuvre foisonnante dune violence souvent outrancière qua construite Joyce Carol Oates incite à une interrogation sur sa mise en scène dun théâtre de lirreprésentable ainsi que sur les enjeux de celui-ci. Choisies pour leur théâtralité, trois nouvelles font du meurtre le passage obligé, la condition même de louverture ou de la clôture du récit, et de la cruauté, une «nécessité». Faut-il voir dans le meurtre sauvage de deux petites jumelles (« Heat »), le matricide (« Murder-Two ») et le suicide dun père sous les yeux de sa petite fille (« A Manhattan Romance ») autre chose quune nécessité esthétique ?
11 h 30 Discussion en table ronde
11 h 45 Débat avec la salle
13 h Déjeuner libre
14 h 15 Reprise de la journée scientifique
Modérateur : Pr François Richard
14 h 30 « Cruauté individuelle et collective » : Pr Michèle Bompard-Porte
« Comment peut-on tenter de conférer une intelligibilité au processus de cruauté collective qui sest déployé dans toute lEurope pendant la guerre de 1914-1918 ? Et quelles sont les conséquences collectives tant de cet épisode, quéclairent les travaux actuels des historiens, que de loubli dont il a été lobjet ? »
15 h Discussion en table ronde
15 h 15 « Attentats maternels : lautre guerre dans "le sang noir" de Louis
Guilloux » : Brigitte Galtier (M.C.)
« Le sang noir », histoire du suicide dun philosophe pendant la première guerre mondiale, est centré sur larrière plutôt que sur le front et multiplie les figures féminines de la cruauté. Les manoeuvres féminines castratrices masquent lagression en accusant lenfant de supplicier la mère, interdisant ainsi toute expression de révolte.
15 h 45 Discussion en table ronde
16 h « Archives de la cruauté chez Patricia Cornwell et ses lectrices »:
Karine Brutin
« Dans laffrontement entre lhéroïne et le serial-killer ny aurait-il pas la mise en scène dune pulsion "détective" triomphante qui sappuie sur la mise en pièces des corps pour retrouver la vérité des victimes ? Dans ces "patriarchives" (J. Derrida) se dépose la pulsion aux trois noms : "pulsion de mort, dagression et de destruction". »
16 h 30 Discussion en table ronde
16 h 45 Débat avec la salle
18 h Clôture du colloque
ORGANISATION
École Doctorale Recherches en psychanalyse
Directrice : Professeur Sophie de Mijolla-Mellor
École Doctorale Langue, Littérature, Image-civilisation et sciences humaines, domaines francophone et anglophone
Directrice : Professeur Julia Kristeva