La Revue d'histoire littéraire de France, n°3, juillet-septembre 2005, 105e année.
La critique de droite
Marie Gil : La critique de droite : une autre avant-garde ?
Antoine COMPAGNON : Maurras critique
Fr.-X. HERVOUËT : Léon Daudet, un réactionnaire aux avantgardes
Marie Gil : Brasillach, critique dualiste
Pauline BERNON : Péguy critique, l'envers du tragique
Marielle MACÉ : « Montherlant s'éloigne » – les asynchronies de l'histoire littéraire
Nadia AMARA : Maurice Blanchot : quelques enjeux idéologiques et esthétiques d'une première époque critique
Fr.-Jean AUTHIER : Ambiguïté et ubiquité du discours critique « de droite » chez Jacques Laurent
Étude
Jean-Pierre COLLINET : La méditation de La Fontaine sur la fuite du temps
LA CRITIQUE DE DROITE : UNE AUTRE AVANT-GARDE ?
MARIE GIL
Les courants de pensée dominants depuis la Libération ont rendu difficilement perceptible une certaine critique d'avant-guerre qui, liée aux engagements socialistes et « populaires », fascistes ou monarchistes de ses représentants, domina l'espace littéraire de 1890 à 1945. L'importance de l'influence maurrassienne, la direction de la NRF par Drieu la Rochelle, les oscillations de ce dernier entre communisme et fascisme, les engagements de Giono, de Morand et de Montherlant, les écrits de Blanchot dans la presse d'extrême droite jusqu'en 1938, la revendication d'une filiation qui irait de Maistre à Maurras en passant par Péguy « national populaire », nous invitent à nous intéresser, à la suite des historiens, à cette critique, à ses frontières et à sa réception. Que signifient, replacées dans leur contexte, les oppositions entre rationalisme et anti-rationalisme, intellectualisme et anti-intellectualisme ? Cette critique uniformément anti-intellectuelle est-elle a-conceptuelle ? Y a-t-il une forme et un style critiques propres à l'idéologie ? Quels sont les liens qui unissent critique littéraire et (critique) politique ? Qu'est-ce que la critique de droite ?
Nous tenterons de répondre à ces questions en suivant deux voies : la première envisagera la critique de droite à travers l'ancrage institutionnel de l'Action Française. Elle mettra en lumière un paradoxe entre les tendances antimodernes de ses représentants et le rationalisme maurrassien. La seconde examinera trois cas nettement individualisés qui, de Péguy à Blanchot, couvriront les deux avant-guerres.
A cette série de six articles, issus d'une journée qui s'est tenue le 12 juin 2004 à l'Université de Paris IV-Sorbonne sur l'initiative de Michel Murat, fait suite une étude reflétant, grâce au cas de Jacques Laurent, un aspect de la critique de droite dans la seconde moitié du XX` siècle.