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La construction des savoirs au tournant des Lumières.

La construction des savoirs au tournant des Lumières.

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Chantal Massol)

La construction des savoirs au tournant des Lumières.
Figures de « passeurs » entre science, histoire et littérature

La journée d'étude sur la construction des savoirs au tournant des Lumières
de ce jeudi 22 novembre (après-midi 14h00 - 17h30) et
 vendredi 23 novembre (matin 9h00 - 13h00) 

organisée par Traverses 19-21 - Centre  d'études stendhaliennes et romantiques (Université Stendhal Grenoble 3)
et le Centre de recherche en histoire et histoire de l'art - Italie, pays alpins (CRHIPA) (Université Pierre Mendès France Grenoble 2)
avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, (cluster 14 « Enjeux et représentation de la science, de la technologie et de leurs usages »)
aura bien lieu comme prévu.

 Si la salle Jacques Cartier (Maison des Langues, tram Bibliothèques-Universités) est inaccessible,
une salle toute proche a  été retenue et elle sera signalée à l'entrée de la Maison des Langues jeudi midi.


Programme :
Jeudi 22 novembre 2007
Maison des Langues et des Cultures, Salle Jacques Cartier
13h30 : Accueil des participants
14h00 : Ouverture des travaux
- Alain GUYOT (Grenoble)
Présentation de la journée
- Irène PASSERON (Paris)
Autour de D'Alembert et de ses correspondants
- Gilles MONTEGRE (Grenoble)
« Unir l'esprit des sciences et l'esprit des belles-lettres » : l'Arcadie romaine au temps de Gioacchino Pizzi (1772-1790)
- Gabriel THIBAULT (Rouen)
Les paysages d'un philosophe-ingénieur (autour de Bernardin de Saint-Pierre)

Vendredi 23 novembre 2007
Maison des Langues et des Cultures, Salle Jacques Cartier
9h00 : Début des travaux
- Maurice ROUILLARD (Paris)
Cabanis, homme de l'art : de la sensibilité d'organe à la sensibilité d'esprit. Entre salons et Académie
- Serge BRIFFAUD (Bordeaux)
 Actualité du paysage humboldtien
- Frank ESTELMANN (Francfort)
Joseph Michaud, passeur entre poésie et histoire
- Ariane DEVANTHERY (Lausanne)
 Du savoir spécialisé au savoir vulgarisé, réflexion autour de la naissance des guides modernes
- Gilles BERTRAND (Grenoble)
 Conclusions


 Le XVIIIe siècle finissant, que l'on a coutume de nommer « siècle de  la sensibilité », et l'aube du XIXe siècle, temps du premier romantisme, voient émerger une série de figures notables d'écrivains, d'hommes de science, de soldats ou de simples hommes de lettres au  sens large du terme, voyageurs le plus souvent, par l'intermédiaire  desquels un dialogue constant et fructueux a pu se nouer entre science, histoire et littérature. Ces personnalités sont d'autant plus intéressantes qu'à l'époque,  savoirs et pratiques scientifiques en sont encore à constituer le  processus de leur spécialisation : science, histoire et littérature  n'ont pas toujours achevé de construire des espaces qui leur soient  propres et qui soient susceptibles de se penser en termes de rupture.  En témoigne la dette implicite ou explicite à l'égard des grands écrivains que se reconnaissent certains savants. Étudier ces figures de passeurs au tournant des Lumières pourrait donc fournir des clés de lecture pour qui cherche à comprendre les  relations complexes entretenues par la science et la littérature dans  ce « moment » très particulier. Par leur formation, leur itinéraire  personnel ou les missions qui leur ont été confiées, ces personnages  souvent influents se retrouvent souvent à la croisée des disciplines  et, partant, jouent un rôle essentiel dans la circulation des savoirs. Autant d'invitations à se pencher sur la manière dont les différents champs s'articulent et interagissent dans leurs écrits,  comme sur l'influence et les variations du style qu'ils y adoptent. En outre, leur conception de la connaissance est encore fortement  tributaire des Lumières, qui pensent cette dernière en termes encyclopédiques et véhiculent une vision totalisatrice des savoirs sur le monde. En témoigne la manière dont l'époque envisage le récit  de voyage, entreprise de découverte dont la relation doit « renferme[r], sans distinction, tous les objets de la curiosité et du savoir », selon les propres mots de l'abbé Prévost. Dans ces conditions, les « passeurs » auxquels on souhaite s'intéresser ne  peuvent dissocier le point de vue scientifique qu'ils entendent développer d'une pratique exploratoire, d'ordre narratif et subjectif, et d'une vision du monde, d'ordre philosophique, esthétique ou métaphysique, qui s'imposent comme naturellement à eux  et à leur écriture. Il convient donc de s'intéresser à la manière  dont la formation classique qu'ils ont reçue, les outils rhétoriques  dont elle les a pourvus, les lectures qui les ont influencés transparaissent dans la manière dont ils font dialoguer les disciplines pour aboutir à cette sorte de syncrétisme scientifique si propre au tournant des Lumières, et qui caractérise encore la pensée  de Humboldt. On souhaiterait enfin s'interroger sur le statut social de ces hommes  de lettres et de sciences d'un genre bien particulier, ainsi que sur  le statut littéraire et épistémologique de leurs écrits. Les aléas de  leur carrière ont-ils influencé leur écriture, leur vision du monde  et leur approche des objets auxquels ils se sont intéressés, ou encore la manière dont leurs écrits ont été reçus ? Comment jugeons-nous, en notre époque d'hyperspécialisation, ces savants doublés d'hommes de lettres, qui ne se souciaient aucunement de dissocier les objets de leur réflexion et les disciplines qui leur permettaient de les aborder ? Les thématiques et les axes de réflexion suggérés par le cluster 14  de la Région Rhône-Alpes « Enjeux et représentation de la science, de la technologie et de leurs usages » fournissent l'occasion d'évoquer ces figures parfois oubliées, souvent injustement tournées en dérision par notre siècle encore empreint de technocratisme et de positivisme. Le souci constant que ces « passeurs » ont manifesté de  ne jamais dissocier la perspective scientifique et la perspective  humaniste, de penser le monde de manière globale, sans jamais négliger une écriture toujours mise au service de cette pensée, peut  nous aider à réfléchir sur notre propre culture scientifique et notre  manière d'aborder les objets de la connaissance au XXIe siècle.