Web littéraire
Actualités
La communauté, le mythe, la politique. Rencontre avec J.-L. Nancy (revue la vie manifeste)

La communauté, le mythe, la politique. Rencontre avec J.-L. Nancy (revue la vie manifeste)

Publié le par Marc Escola (Source : La vie manifeste)

Référence bibliographique : La communauté, le mythe, la politique. Rencontre avec J.-L. Nancy (revue la vie manifeste), , 2012.


Référence bibliographique : La communauté, le mythe, la politique. Rencontre avec Jean-Luc Nancy, , 2012.


Entretien radiophonique en trois parties avec Jean-Luc Nancy

Première partie (73mn)
Le commun, le communisme, la communauté.
Le fascisme, la communion.

Au printemps 1983 sur une invitation de Jean Christophe Bailly, pour le numéro 4 de la revue Aléa, Jean Luc Nancy écrit un texte largement commenté depuis : La Communauté désoeuvrée. Quelques mois plus tard, Maurice Blanchot publie aux Editions de Minuit une réponse à La communauté désoeuvrée sous le titre La Communauté inavouable.

Si tout semble avoir été dit sur ces deux essais majeurs pour qui veut penser la communauté, rien ou si peu, ne fut écrit sur les divergences profondes entre Nancy et Blanchot quant à la nature même de la communauté.

Comment expliquer ce long silence ? Et quel est au fond ce désaccord jamais mis au jour ? Ce sont les questions auxquelles Jean-Luc Nancy a bien voulu esquisser des réponses. Nous l’en remercions. Si c’est à Jean-Luc Nancy que nous avons posé ces deux questions, c’est parce qu’il a ouvert lui-même le débat dans une note au texte « Maurice Blanchot. Passion Politique » publié en 2011 aux éditions Galilée :

« Ce différend était si sérieux qu’il resta paradoxalement très peu apparent et fut très peu commenté comme tel, et par moi tout le premier. Je fus à la fois intimidé par ce que représentait Blanchot s’adressant à moi (et avec quelle habileté, avec quelle discrétion dans la discussion et même dans la dispute !) et emporté par l’élan du premier texte que je poursuivis jusqu’à un livre paru en 1986 (…) et où la gêne envers Blanchot et un découragement mirent en suspens – pour le moins – ce qui aurait dû ouvrir une vraie disputatio. Elle aurait touché, je n’en doute pas, au fond de la question politique et même au fond de la question de l’« essence » de la « communauté » : car la version qu’en donne Blanchot dans La Communauté inavouable n’est pas étrangère à ce qu’ont été ses convictions des années 1930. (…) Dans son fond obscur, son inavouable la communauté[chez Blanchot]est une communion à plusieurs faces (érotique, christique, littéraire) »

Désoeuvrement en rapport à l’oeuvre, désoeuvrement venant de l’oeuvre, pour Blanchot.
Désoeuvrement pour Nancy, en ce sens exact où elle n’a jamais réussi à faire oeuvre et ne peut y parvenir.

La différence entre ces deux auteurs est de taille, car si le désoeuvrement vient de l’oeuvre rien n’interdit au désoeuvrement de retourner à l’oeuvre, là où pour Jean-Luc Nancy, la communauté comme oeuvre est la destruction même de la communauté. L’oeuvre, l’unité vécue comme une perte est le puissant mythe de désir de communauté comme volonté d’oeuvre détruisant par là même toute communauté.

—————————————————-

Seconde partie (22mn)
Le récit, le mythe, la correspondance

« Rien n’est plus commun aux membres d’une communauté, en principe, qu’un mythe, ou un ensemble de mythes. Le mythe et la communauté se définissent au moins en partie – mais c’est peut-être en totalité – l’un par l’autre, et la réflexion sur la communauté appelait à être poursuivie du point de vue du mythe. »
Jean-Luc Nancy, La communauté désoeuvrée, éd Christian Bourgeois.

Comment faire quand le nom du récit fut le mythe ?
Comment faire sans récit ?
Comment faire quand la possibilité d’une communauté est lié à la possibilité d’un récit ?

———————————————————–

Troisième partie (75mn)
Le politique, la politique, la religion civile.

Dans cette troisième partie Jean- Luc Nancy revient sur les usages du mot politique.
Faut-il penser le politique ou la politique ?

Le mot politique à fini par se dissoudre et se répandre et par devenir le nom de l’élément englobant dans lequel toute l’existence commune prends son sens et sa consistance, à savoir que tout est politique. J. L Nancy

Après avoir longtemps pensée le politique – c’est-à-dire une certaine manière d’essentialiser la politique, plus précisément cette manière de penser que tout est politique, Jean-Luc Nancy nous invite désormais à considérer la politique comme un certains ordre de la communauté distinct de l’être en commun.
Dans la mesure où la politique exige l’exercice du pouvoir, il nous faudra pour la penser se défaire de l’illusion du pouvoir émancipée des rapports de domination qu’il autorise. .
Tout passe par la politique mais rien s’y accomplit, nous dira Jean-Luc Nancy. En d’autres termes, par la politique, la justice, l’égalité se révèleront toujours injuste et inégal mais sans la politique c’est toute possibilité de justice et d’égalité qui s’en trouve annihiler.
Seule la littérature est capable de tenir la promesse de justice, c’est dans la littérature que la justice s’accomplit, en ce sens, la littérature est cet appel en une politique toujours à venir.

Entretien publié dans la revue la vie manifeste à écouter ici