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Thèse Fanny Lorent.

Thèse Fanny Lorent. "La collection et la revue Poétique. Histoire intellectuelle, sociale et matérielle d’une discipline moderne 1970-1987" (Liège)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Fanny Lorent)

Fanny Lorent soutiendra sa thèse de doctorat intitulée 

"La collection et la revue Poétique

Histoire intellectuelle, sociale et matérielle d’une discipline moderne 1970-1987"

le 3 décembre 2018 à l'Université de Liège (Belgique)

Place Cockerill, salle A2/6/11

 

Cette thèse se veut un essai d’histoire intellectuelle, sociale et matérielle appliqué à une discipline moderne, la poétique. De la poétique, telle qu’elle a été refondée au tournant des années 1970 dans le lointain sillage d’Aristote, ce travail n’entend pas donner le dernier mot sur la définition, les objets, les méthodes. Il s’agit plutôt de fournir la chronique, pas à pas, texte par texte, de la façon dont une telle appellation a été mobilisée dans le second XXe siècle dans deux lieux spécifiques : la revue et la collection «Poétique», fondées en 1970 par Gérard Genette, Tzvetan Todorov et Hélène Cixous, et publiées par les Éditions du Seuil. En effet, c’est un critère éditorial qui a régi, au départ, mon enquête. Subordonner de la sorte les savoirs disciplinaires à un découpage «matériel» m’a semblé le premier geste à poser pour se démarquer d’une histoire des idées abstraite et idéaliste. Les textes ne sont pas compris, dans ce travail, en tant qu’entités désincarnées, mais en tant qu’objets, livres, numéros de revue. Cet angle d’approche permet de mener une étude qui, sans négliger le contenu conceptuel des textes, inscrit ceux- ci dans l’ensemble de la chaîne sociale mobilisée pour produire et diffuser les objets dans lesquels ils se réalisent. Ces derniers, unités pertinentes de la présente thèse, s’offrent aux yeux des lecteurs sous certaines configurations graphiques, présentent une composition et une organisation signifiantes des contenus. En outre, ils sont produits par des auteurs (dont la formation, la nationalité, l’appartenance professionnelle, le réseau amical, etc. doivent être pris en compte), et circulent dans un espace social, dans une communauté savante spécifique, et parfois au-delà. Telles sont les diverses dimensions que j’ai souhaité tenir ensemble dans cette thèse, laquelle espère se situer à la croisée de l’histoire des idées, de l’histoire du livre et de l’édition, de la sociologie des intellectuels et de ce que l’on commence à nommer aujourd’hui, à la suite de Marie-Ève Thérenty, la poétique des supports.

Cette chronique de la poétique dans et par Poétique et «Poétique» est organisée en quatre temps. Un long prologue, courant de 1963 à 1970, est destiné à saisir en acte la manière dont le terme poétique, après des années d’absence, est réapparu sur la scène intellectuelle, a circulé et s’est enfin stabilisé pour venir désigner le programme auquel la revue et la collection «Poétique» entendent répondre à leur fondation. Ensuite, trois chapitres correspondent aux restructurations internes de la revue et de la collection. Les trois périodes délimitées (1970- 1973; 1974-1978; 1979-1987) se soldent par le départ de Todorov de la direction de la collection. Si «Poétique» et Poétique sont toujours actives aujourd’hui, j’ai néanmoins choisi de me concentrer sur la période s’étendant de 1970 à 1987. Cruciales pour le paradigme structuraliste, ces années nous mènent des prémisses de la poétique moderne aux premiers moments de sa remise en cause par un retour de l’histoire littéraire. Elles permettent ainsi d’envisager comment la discipline s’est repensée, renouvelée sans cesse, pour survivre jusqu’à nos jours.