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La chair et le verbe. Histoire culturelle du corps : discours, représentations, et épistémologies. XIXe-XXIe s.

La chair et le verbe. Histoire culturelle du corps : discours, représentations, et épistémologies. XIXe-XXIe s.

Publié le par Marc Escola (Source : Vincent Gogibu)

(English version below)

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La chair et le verbe

Histoire culturelle du corps – discours, représentations, et épistémologies

XIXe-XXIe siècles

 

L’histoire du corps, qualifiée en 1988 de « puzzle en construction »[i], s’est depuis lors considérablement étoffée, quand bien même l’étiquette de puzzle lui resterait[ii]. Alain Corbin, dans l’introduction qu’il donnait en 2005 au deuxième volume d’une Histoire du corps (codirigée avec Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello), mettait clairement en garde devant « un objet historique dont la dimension défie toute tentative de synthèse véritable »[iii]. Et les trois maîtres d’œuvre indiquaient préalablement que « l’approche du corps mobilise plusieurs sciences, obligeant à varier les méthodes, les épistémologies, selon l’étude des sensations, des techniques, des consommations ou des expressions. Cette hétérogénéité est constitutive de l’objet lui-même. Elle est indépassable et doit être retenue en tant que telle dans une histoire du corps »[iv].

Le corps est traversé, voire structuré, de paradoxes et de tensions qui façonnent autant qu’ils révèlent notre rapport au monde : intime et public, intérieur et extérieur, connu et inconnu, visible et invisible, à soi et à l’autre, etc. Tout à la fois matériel et imaginaire, le corps perçu, ressenti, par soi-même et/ou par les autres, est une construction aux complexes origines. Et l’ambition d’appréhender cette complexité soulève autant de difficultés que d’enjeux :

- Une « approche du corps » inter ou transdisciplinaire est-elle une « histoire du corps » ? Quels sont les gains et/ou les pertes pour les disciplines impliquées ? Entre, d’une part la nécessité avérée et pratiquée des collaborations, et d’autre part les injonctions d’un concept en vogue, quels sont les impensés de l’interdisciplinarité ?

- En prenant acte, sur la période proposée, du rapprochement « psychosomatique » du corps et de l’esprit, interroger le corps aujourd’hui ne consiste-t-il pas à envisager autrement la question de la volonté, du désir, et de la liberté ?

Corps agis ou agissants, pantins ou petits dieux, quels corps « habitaient » nos pères, quels corps sommes-nous, à quels corps rêvons-nous ?

La démarche de la journée se veut réflexive : qu’est-ce que les sciences humaines disent du corps ? Qu’est-ce que la constitution du corps comme objet d’étude dit des sciences humaines ?
La double perspective de la journée consistera ainsi à :

  • Mettre en lumière, avant tout, des travaux récents (doctorats en cours, ou soutenus ces dernières années) s’inscrivant dans cette « histoire culturelle[v] du corps », entendue comme interdisciplinaire (de préférence avec une démarche comparatiste sinon historicisante) dans son acception la plus ouverte (sociologie, littérature, anthropologie, philosophie, histoire de l’art, architecture, mais aussi droit, médecine, sciences et techniques des activités physiques et sportives,...)
  • Interroger, dans la mesure du possible et des stades de réflexion, l’interdisciplinarité, l’« hétérogénéité », voire l’impossible « synthèse », quand on s’attaque à un sujet de cette dimension, de cette densité.

 

5 axes proposés :

[qui peuvent bien sûr se croiser]

1-) Ecosystèmes du corps

Une approche « en creux » par l’environnement du corps (vêtements, mobilier, outils, demeure, ergonomie, design, climat, etc.) et l’apprentissage impliqué (poses, postures, attitudes, gestes, mimétisme, modes, normes, nudité, pudeur, etc.).

2-) Les appétits du corps

La part de l’altérité dans la construction individuelle ; du corps pour soi au corps pour autrui ; le corps désirant ; la libido ; plaisirs et frustrations ; sexualité (dont les interdits moraux et légaux) ; les discours de la faim ; de la gastronomie à la diététique ; le « culte du corps », etc.

3-) Corps sous contrôle

Famille, médecine, religion, médias, école, armée, prison, monde du travail…, quelles visions du corps ces différents milieux véhiculent-ils ? Quelles réceptions, quels impacts produisent ces représentations ? Une attention particulière sera portée aux notions de « pouvoir », d’« autorité », de « tutelle », de « norme », et de « morale ».

4-) Corps à voir, corps à lire

Peinture et arts graphiques (dont l’art caricatural et grotesque), sculpture, littérature, théâtre, danse, opéra, photographie, cinéma, mais aussi publicité, etc. Témoignages ou modèles ?

5-) Corps parlants, corps parlés ?

Qui parle des corps ? D’où parlent les corps ?

La part insaisissable, secrète, intime, de tout être ; la corporéité, la part charnelle d’une voix, d’un regard, d’une expression (sensualité, suavité, lascivité, concupiscence,…) ;

La question des sources, des méthodes, d’une « histoire interdisciplinaire » du corps ; les chantiers en cours ou à explorer, etc.

Informations complémentaires

Comité scientifique : Philippe Artières, Robert Beck, Paule Lévy, Judith Lyon-Caen, André Rauch, Evanghelia Stead, Jean-Claude Yon

Comité d’organisation : Tanguy Bérenger, Émilie Fromentèze, Vincent Gogibu, Christophe Meslin, Laura Muresan

Calendrier :

  • Retour des propositions : au plus tard le 15 février 2016
  • Réponses : le 15 mars 2016
  • Date de la journée d’études : mercredi 11 mai 2016 (UVSQ, lieu à déterminer, auditorium de la BU ou amphi)

Modalités :

Cet appel à communications est ouvert à tous les doctorants, ou docteurs ayant soutenu ces dernières années, en France ou à l’étranger. Les communications se feront en français ou en anglais.

Les propositions de communication (500 mots environ) sont à envoyer, accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant, ainsi que l’université et/ou l’organisme de rattachement), au plus tard le 15 février 2016 à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com

 

[i] Yannick Ripa, « L'histoire du corps. Un puzzle en construction », Histoire de l'éducation, n° 37, 1988. pp. 47-54 ; [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1988_num_37_1_1551].

[ii] Alain Croix, « Heurs et malheurs du corps, bonheur de l'histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2006/1 (n° 53-1), p. 180 ; [http://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2006-1-page-178.htm].

[iii] Histoire du corps, (sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello), Volume 2, « De la Révolution à la Grande Guerre », sous la direction d’Alain Corbin, éditions du Seuil, 2005, p 9.

[iv] Histoire du corps, (sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello), Volume 1, « De la Renaissance aux Lumières », sous la direction de Georges Vigarello, éditions du Seuil, 2005, p 10 (Préface signée par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, et Georges Vigarello).

[v] Histoire culturelle étant entendue comme « histoire sociale des représentations » ; Cf. la définition plus développée qu’en donne le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines : http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoire-culturelle-des-societes-contemporaines/langue-fr/le-chcsc/.

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Call for Papers

 

Doctoral conference of the Centre for Cultural History

in Contemporary Societies (CHCSC)

 

Wednesday 11 May 2016

 

University of Versailles-Saint-Quentin

The Flesh and the Word

 

Cultural History of the Body – Discourse, Representation, and Epistemology

19th, 20th, and 21st centuries

 

Defined in 1988 as a “puzzle in progress,”[i] the history of the body has since expanded significantly, even though it still arguably remains a “puzzle.”[ii] In the 2005 introduction to the second volume of his History of the Body (codirected with Jean-Jacques Courtine and Georges Vigarello), Alain Corbin advises caution in dealing with “a historical object whose dimensions defy any attempts at true synthesis.”[iii] The three authors also point out that “the body engages with different sciences and necessitates varying methods and epistemologies according to the study of sensations, techniques, uses, or expressions. This heterogeneity is constitutive of the object itself. It is insurmountable and must be reckoned with in a history of the body.”[iv]

 

The body is saturated with, perhaps even structured around, a number of paradoxes and tensions which shape as much as they reveal our relationship to the world – private and public, inside and outside, known and unknown, visible and invisible, ours and other, etc. Both material and imaginary, the body as it is perceived and felt, by ourselves and/or by others, is a construct with complex origins. Tackling this complexity raises as many difficulties as opportunities:

 

- Does an inter- or transdisciplinary approach of the body still constitute a “history of the body”? What do the disciplines involved stand to gain or lose in the process? Between the practical necessities of collaboration and the demands of a concept in vogue, what are the blind spots of interdisciplinarity?

 

- Taking into account the “psychosomatic” coming together of body and mind of the 19th and 20th centuries, to what extent could the study of the body today be considered another way of addressing the question of will, desire and freedom?

Either acting or acted upon, puppets or little gods – what bodies did our forefathers “inhabit”? What bodies are we? What bodies are we dreaming of?

 

The conference will have a reflective approach: what do the humanities tell us about the body? What does the body as an object of study tell us about the humanities?

 

The aim of the conference is twofold:

  • First and foremost, to present recent work (PhD theses in progress or defended in recent years) which falls within this “cultural history[v] of the body” understood as interdisciplinary (comparative or historiographical approaches are encouraged) in its broadest sense (sociology, literature, anthropology, philosophy, art history, architecture, law, medicine, sports science…)
  • Whenever possible, to question the interdisciplinarity, the heterogeneity – or even the impossibility of synthesis – of such a broad and dense field.

 

Themes might include (but are not limited to):

 

1. Ecosystems of the body.

Environmental approach of the body (clothes, furniture, tools, accommodation, ergonomics, design, climate, etc.) and its implied practices (poses, postures, attitudes, gestures, mimesis, fashions, norms, nudity, shyness, etc).

 

2. The appetites of the body

Otherness within one’s self-construction; the body for oneself and the body for others; the desiring body; libido; pleasures and frustrations; sexuality (including moral and legal prohibitions); the discourse of hunger; gastronomy and nutrition; the “cult of the body”, etc.

 

3. The body under control

Family, medicine, religion, the media, school, the army, prison, the world of work…: what visions of the body do these different worlds convey? What types of responses and impacts do these representations elicit? Of particular interest will be the notions of “power,” “authority,” “guardianship,” “norm,” and “morals.”

 

4. Seeing the body, reading the body

Painting and graphic arts (including the caricature and the grotesque), sculpture, literature, theatre, dance, opera, photography, cinema, as well as publicity, etc. Testimonies or models?

 

5. Speaking bodies, spoken bodies?

Who speaks of the body? Wherefrom does the body speak?

The elusive, secret, intimate part of any human being; corporeality, the carnal trait of a voice, a look, an expression (sensuality, suavity, lasciviousness, concupiscence, …);

Of interest will be the question of the sources and methods of an interdisciplinary history of the body; the works in progress and the areas yet to be explored, etc.

 

Additional information

 

Scientific committee: Philippe Artières, Robert Beck, Paule Lévy, Judith Lyon-Caen, André Rauch, Evanghelia Stead, Jean-Claude Yon

 

Organization committee: Tanguy Bérenger, Vincent Gogibu, Émilie Fromentèze, Christophe Meslin, Laura Muresan

 

Timeline:

 

  • Deadline for proposals: 15 February 2016
  • Answer: 15 March 2016
  • Conference date: Wednesday 11 May 2016 (University of Versailles)

 

Information for applicants:

This call for papers is open to all PhD students and doctors who completed their thesis in the last few years, in France or abroad. The presentations will be in French or English.

The proposals (±500-word abstracts) are to be sent along with a short bio that includes the title and subject of your PhD thesis as well as your institutional affiliation to doctorants.chcsc@gmail.com by 15 February 2016.

 

 

 

 

[i] Yannick Ripa,  « L'histoire du corps. Un puzzle en construction », Histoire de l'éducation, n° 37, 1988. pp. 47-54; [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1988_num_37_1_1551], our translation.

[ii] Alain Croix, « Heurs et malheurs du corps, bonheur de l'histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2006/1 (no 53-1), p. 180; [http://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2006-1-page-178.htm].

[iii] Histoire du corps, (dir. d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello), Volume 2, « De la Révolution à la Grande Guerre », dir. Alain Corbin, éditions du Seuil, 2005, p 9, our translation.

[iv] Histoire du corps, (dir. Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello), Volume 1, « De la Renaissance aux Lumières », dir. Georges Vigarello, éditions du Seuil, 2005, p 10 (Preface written by Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, et Georges Vigarello), our translation.

[v] Cultural history being understood as a “social history of representations.” See the Centre for Cultural History in Contemporary Societies’ definition: http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoire-culturelle-des-societes-contemporaines/langue-fr/le-chcsc/.

  • Responsable :
    CHCSC
  • Adresse :
    Université de Versailles-Saint-Quentin