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L'Offrande lyrique

L'Offrande lyrique

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Jean-Nicolas Illouz)

L'Offrande lyrique

Colloque organisé par Jean-Nicolas Illouz

À l'Université Paris VIII et au Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis
27, 28, 29 septembre 2007


S'il est vrai que le lyrisme peut être défini comme une poésie à la première personne, cette première personne ne se pose elle-même que dans le geste d'une adresse, qui la relie à une altérité. Qu'elle soit amoureuse ou religieuse, qu'elle célèbre ou qu'elle déplore, la parole lyrique est une parole fondamentalement invoquante, fondamentalement tutoyante.
A côté du « je » lyrique, c'est ce « tu » qui fera l'objet de ce colloque.


L'accent mis sur l'interlocuteur ou le destinataire lyrique suggère trois voies de recherche complémentaires.
– Il s'agira d'abord de rapporter la figure de l'adresse au désir qui la porte et la diffracte dans l'écriture. Dans la lyrique amoureuse notamment, les nominations toujours indirectes de la Dame (dont le nom voilé fait souvent miroiter dans le texte tous les prestiges de l'anagramme), sont l'indice qu'au-delà du destinataire « réel », c'est toujours un « innommable » qui se désigne à l'horizon de l'adresse. Cet innommable fait de toute invocation une épiphanie de l'absence, et confère à la célébration poétique la force d'une sublimation.
– Il s'agira ensuite de prendre plus précisément en compte les formes auxquelles donnent lieu ces jeux du désir et de l'absence dans le texte. Si la figure de l'adresse est d'abord grammaticale (le vocatif), ou rhétorique (l'apostrophe et ses divers développements), si elle est élaborée dans des formes poétiques, identifiées par la tradition ou disséminées dans les écritures de la modernité (l'envoi, l'épigramme, l'hommage, le toast ou le tombeau…), elle engage en réalité tout le travail du texte, parce qu'elle sous-tend en chacune de ses vibrations la parole lyrique, dont elle constitue la pulsation secrète, le rythme fondamental.
– Une troisième voie de recherche pourra conduire à réfléchir sur la communauté (ou sur la solitude) qu'instaure en lui-même le geste de l'adresse. Les diverses formes d'envoi au lecteur, la dédicace ou l'hommage d'un écrivain à un autre, l'échange épistolaire, la traduction même ou les échos des oeuvres entre elles, mais aussi les divers rituels auxquels se prêtent le livre et sa lecture, expriment bien le souci d'un lien ou d'un partage, qui vaut comme un signe de reconnaissance entre les poètes, et comme l'affirmation d'une conscience de soi de la poésie.

Ce colloque s'inscrit dans les perspectives de recherches qui ont contribué récemment à réévaluer la notion de lyrisme. Les communications que nous sollicitons, mises bout à bout, devraient dessiner ensemble le mouvement d'une histoire, de l'Antiquité à nos jours, et révéler le sens d'une historicité : du geste d'abord religieux de l'offrande, à sa profanation, et à sa relève dans une poétique, – quand le lyrisme est conçu comme « Don du poème » (Mallarmé) ou « Dévotion » (Rimbaud), – à quel dieu ?


Jeudi 27 septembre 2007
Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

Matinée :
9h. : accueil.
9h.15 – 10h. : Stéphane ROLET, université Paris VIII, « Inventions et métamorphoses du destinataire dans la poésie lyrique gréco-latine ».
10h. - 10h.45 : Christopher LUCKEN, université Paris VIII, « Mirlifiques oberliques. Charles d'Orléans marchand de chansons ».
10h.45 – 11h.30 : Françoise GRAZIANI, université Paris VIII, « La lettera amorosa ou l'offrande musicale de Monteverdi ».
11h.30 – 12h. : Discussion.

Après-midi :
14h. – 14h.45 : Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, Professeur émérite, « A qui s'adresse le message amoureux dans la poésie de Sappho et de Louise Labé ? »
14h.45 – 15h.30 : François CORNILLIAT, Rutgers University, « Poètes lyriques, poètes “leriques”? Le problème de l'adresse poétique en France vers 1550. »
15h.30 – 16h.15 : Gérard DESSONS, université Paris VIII, « Le divin et le poème : sur Jean de la Croix ».
16h.15 – 17h. : Alain GÉNETIOT, université Nancy II, « Don du poème dans la poésie mondaine du XVIIe siècle ».
16h. - 17h.30 : Discussion.

18h. – 20h. : Concert :
Schuman, Liederkreis (op.39), Ravel, Mélodies, interprétés par Anne Reinhold (soprano) et Christian Doumet (piano).

Vendredi 28 septembre
Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

Matinée :
10h. – 10h.45 : Steve MURPHY, université Rennes II, « Donner la main, poétiquement ».
10h.45 – 11h.30 : Anne-Emmanuelle BERGER, université Paris VIII, « Donner sa langue au chien ».
11h.30 – 12h.15 : Loïc WINDELS, université Paris VIII, « Baudelaire : l'offrande publique ».
12h.15 –13h. : Jean-Nicolas ILLOUZ, université Paris VIII, « Mallarmé : “à une tombe ou à un bonbon” ».
13h – 13h.30 : Discussion.

Après-midi :
14h.30. – 15h.15 : Jean-Claude MATHIEU, professeur émérite, « La tombe et le passant : l'apostrophe de la mort ».
15h.15 – 16h. : Anne GOURIO, université de Caen, « “Je ne suis que parole intentée à l'absence” : les paradoxes de l'adresse funèbre chez Jouve et Bonnefoy ».
16h. – 16h.45 : Patrick LABARTHE, université de Zürich, « Yves Bonnefoy et le don des épigrammes funéraires ».
16h.15 - 16h.30. : Discussion.

Samedi 29 septembre

Matinée
Université Paris VIII :
10h. – 10h.45 : Margot DEMARBAIX, université Paris VIII, « “A un jeune homme” : poétiques de l'adresse au jeune poète (Max Jacob, Jean Genet, Jude Stéfan) ».
10h.45 – 11h.30 : Martine CRÉAC'H, université Paris VIII, « “Objet invisible” ou “mains tenant le vide” : que peut donner la sculpture ? ».
11h.30 – 12h.15 : Dominique RABATÉ, université de Bordeaux, « Voici des fruits, des fleurs… Remarques sur le poème comme don d'amour ».
12h.15- 12h.45 : Discussion.

Après-midi.
Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis :
14h.30 – 15h.15 : JASMINE GETZ, université Lille III, « Poétique de l'interlocution : Mandelstam, Celan, André du Bouchet ».
15h.15 – 16h. : Christian DOUMET, université Paris VIII, « L'art de la dédicace ».
16h – 16h.45 : Claude MOUCHARD, professeur émérite, sujet à préciser.
16h.45 – 17h.15 : Discussion.

17h.30-18h.30 : Concert :
Madrigaux interprétés par Véronica Onetto (soprano) et Alex de Valera (luth).