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L'oeuvre littéraire du Moyen Age aux yeux de l'historien et du philologue. Interaction et concurrence des approches

L'oeuvre littéraire du Moyen Age aux yeux de l'historien et du philologue. Interaction et concurrence des approches

Publié le par Marion Moreau (Source : Victoria Smirnova)

Colloque international « L'oeuvre littéraire du Moyen Age aux yeux del'historien et du philologue.

Interaction et concurrence des approches »

Organisateurs :Institut de littérature mondiale de l'Académie des sciences de la Russie etl'Université des sciences humaines ;

1-3septembre 2012, Moscou

Laphilologie et l'histoire vont depuis longtemps de pair dans l'étude de lalittérature médiévale. Cela est explicable : premièrement, au Moyen Age,le domaine des « belles lettres » n'a pas d'autonomie, il n'est passéparé des autres ouvrages ayant une fonction didactique ou mêmepragmatique ; deuxièmement, la compréhension d'un texte médiéval demandetoujours du lecteur une large érudition historique – une certaine connaissancede la société du Moyen Age, des realiade la vie quotidienne, ainsi que du contexte événementiel et idéologique danslequel ce texte a été créé et ou il agit parfois d'une façon très active.

Dans lesdernières décennies du XXe et au début du XXIe siècles les philologues et leshistoriens médiévistes collaborent de plus en plus étroitement. Les historiensse tournent de plus en plus souvent vers l'étude des oeuvres qui constituentd'habitude l'objet de l'analyse philologique – des chansons de geste, desromans et mêmes des poèmes lyriques ; la littérature médiévale y apparaîtsouvent comme le miroir de l'histoire des idées et, probablement encore plusfréquemment, comme l'histoire de la quotidienneté. Cette dernière approche del'étude des monuments littéraires du Moyen Age devient actuellement si répanduequ'on peut parler de la naissance d'un nouveau courant scientifique qui attireégalement les philologues et les historiens. L'analyse des textes médiévauxcomme miroir de la quotidienneté se rapproche parfois d'un autre courant desétudes médiévales – celui de l'examen de l' « écriture pragmatique »,c'est-à-dire, des fonctions pragmatiques des poèmes écrits sur l'exemple destestaments, des ballades « diétologiques » d'Eustache Deschamps ouencore ses poèmes de thématique historique.

Ces étudesdes derniers temps, faisant une synthèse de l'interprétation historique etphilologique des textes, se caractérisent par une volonté de revoir lesrecherches de la seconde moitié du XXe siècle marquées par le « retour aulangage » et par la déconstruction totale de la narration. Notre colloques'inscrit dans cette perspective.

En effet,lorsque des chercheurs de disciplines diverses travaillent dans le même espace,apparaissent d'une façon systématiques des questions, dont les réponses dépendentde la prise de positions de celui qui effectue la recherche. Par exemple,comment expliquer la diminution des éléments comiques et humbles dans les misesen prose de la Chronique de Bertrand DuGuesclin de Cuvelier ? Faut-il y voir l'opposition – traditionnellepour le Moyen Age – de la forme-prose et de la forme-vers (la première estassociée à l'époque médiévale au registre élevé, la seconde au registreinférieur) ou bien tenir compte du fond historique et social, en affirmant quela transformation de Bertrand Du Guesclin en héros national ne permettaitdésormais aux écrivains de le représenter sous des traits comiques ?

Dans lachanson de geste inachevée C'est du roide Sicile, par Adam de La Halle, consacrée à Charles I d'Anjou, il est ditque ce monarque surpasse à tous les égards ses frères, y compris SaintLouis ; faut-il croire que cet éloge est motivé par les particularités dugenre de la chanson épique, dont le héros principal est toujours idéalisé, oupar le contexte historique dans lequel le poème est créé, puisque, dans lesdernières années de sa vie, Adam de La Halle fut très lié à Charles d'Anjou etvécût un certain temps à sa cour ?

Dans lapoésie lyrique médiévale des plusieurs régions – en Provence, au Nord de laFrance, en Sicile et en Toscane – les rapports du « je » lyrique etde sa bien-aimée prennent des formes diverses : de la contemplation del'image de la dame que le poète conserve dans son coeur jusqu'à un jeu érotiquesensuel. Pourrait-on voir dans cette différence du sentiment amoureuxl'opposition des deux registres (supérieur, courtois et inférieur,anti-courtois)? Ou bien faut-il croire que dans les poèmes du premier type sereflètent les rapports de vassalité (puisque le poète chante l'épouse ou labien-aimée de son seigneur), alors que dans le second cas le chercheur a untémoignage des pratiques érotiques répandues au Moyen Age ?

Lapluralité des réponses aux mêmes questions qui apparaissent lorsqu'on discuteune seule oeuvre ou quelques textes – notamment, appartenant à tel ou tel genreou bien ceux qui contiennent des versions diverses du même sujet – démontrequ'il serait intéressent d'organiser un colloque consacré à la comparaison desapproches philologiques et historiques à l'étude de la littérature médiévale,ainsi qu'à leur interaction possible et à leur concurrence.

Lesparticipants du colloque devraient choisir un ou quelques textes qui permettentd'opposer plusieurs interprétations du même problème – par exemple, expliquercertaines particularités de son corpus, d'une part, à la lumière des doctrinesesthétiques, importantes pour le Moyen Age, des arts poétiques, de l'histoired'un genre littéraire, d'autre part, à la lumière de l'histoire des idées, de lasociologie historique ou des événements précis. Comme nous envisageons, enconclusion de la communication, des participants présenterons des arguments enfaveur d'un point de vue particulier ou entreprendront de prouver que parrapport aux textes analysés des prises des positions diverses se complètent. Cettetâche, semble-t-il, n'a jamais été formulée lors de l'organisation d'autresrencontres pluridisciplinaires avec la participation des philologues et deshistoriens. Nous proposons d'analyser principalement les textes à tendancelittéraire, c'est-à-dire, ayant une composante esthétique – des romans, deschansons de geste, des poèmes lyriques, etc., ainsi que des textesmétalittéraires (les arts poétiques, les rhétoriques).

Comme nousl'espérons, ce colloque permettra d'apprécier la signification des composantesesthétique et socio-historique pour des couches diverses des textes et despériodes différentes de la littérature médiévale. Ainsi, les contours flous del'espace en évolution permanente, devenant de plus en plus large, qui deviendraplus tard celui des « belles lettres », seront plus précis pour leMoyen Age. Nous attendons également que le travail du colloque contribuera àl'apparition de nouvelles interprétations de certains motifs, sujets, particularitésstructurelles et formelles d'un texte (par exemple, du dialogue, de laforme-vers et de la forme-prose ou du mélange macaronique des dialectes). Eneffet, les philologues médiévistes souvent exagèrent les aspects esthétiquesdes textes analysés, les identifiant, peut-être, inconsciemment, à une oeuvrelittéraire de nos jours, où tout est créé, pour ainsi dire, par la volonté del'auteur qui cherche à faire sur son lecteur ou auditeur un effet esthétique.Mais est-ce que cette identification est fondée ?

Voicicertaines questions qui peuvent être discutées lors du colloque :

- lestraits constitutifs de la chanson de geste, du roman, du fabliau, de la chansonlyrique, etc. dans le contexte historique et littéraire ;

- l'auteurmédiéval : le conventionnel et le réel, historiquement motivé dans sonimage ;

- lacomposante historique et sociale des arts poétiques médiévales ; lamotivation historique et sociale des concepts et des normes littéraires ;

-l'influence des systèmes du savoir médiévaux sur les textes littéraires ;une oeuvre dans le contexte de la « philosophie » médiévale, ainsi quedans le contexte de l'histoire des formes littéraires ;

- le choixdu langage (latin, langue vulgaire, mélange des dialectes) : desmotivations sociales et esthétiques.

Lescommunications et les discussions seront accompagnées de l'interprétationsimultanée.

Les actes ducolloque seront publiés.

Uneexcursion de deux jours dans une des anciennes villes de la Russie européenneest planifiée après le colloque.

Veuillez envoyer un résumé d'une demie-page avant le 1er mars 2011 auxorganisateurs :

Ludmilla Evdokimova : ludmila.evdokimova@gmail.com

Victoria Smirnova : smirnova.victoria@gmail.com

Comitéd'organisation :

LudmillaEvdokimova, directeurdes recherches del'Institut de littératuremondiale, Docteur èslettres

VictoriaSmirnova, Docteur èslettres