Questions de société

"L'instituteur A. Refalo refuse sa mise au pas" (revue de presse 09-10/07/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

"Mais je vous le dis : nous n'allons pas céder. Nous allonspoursuivre cette résistance car nous ne pouvons pas continuer à nousrenier et être complices de dispositifs porteurs d'un espritindividualiste, continuer à construire une société d'injustice où règnela loi du plus fort, car nos valeurs sont celles de la coopération, dela justice, de la solidarité, et ça nous ne le renierons jamais."


   Alain REFALO, enseignant désobéisseur, devant l'InspectionAcadémique de Toulouse, le 9 juillet 2009

-------------------------------

Revue de presse (09-10 juillet 2009):


L'instituteur Alain Refalo refuse sa « mise au pas » - LibéToulouse, 9 juillet 2009

Ladésobéissance pédagogique ça se paye. Alain Refalo, instituteur àl'école Jules Ferry de Colomiers était convoqué ce jeudi 9 juillet 2009à 15 heures devant le conseil de discipline de l'inspection académiquede Toulouse.

Pour l'administration, l'enseignant a dépassé lesbornes à plus d'un titre. Outre le fait d'avoir transformé les deuxheures d'enseignement personnalisé à destination des élèves endifficulté en atelier de théâtre pour toute sa classe, l'enseignant arevendiqué son « refus d'obéir » dans une lettre à l'inspecteurd'académie. Un courrier dont la publication a déclenché un mouvementnational “d'enseignants désobéisseurs”.

Cette attitude qualifiée « d'incitation à la désobéissance collective » lui vaut le risque de sanctions allant de la retenue sur salaires à la mutation d'office, voire la suspension.

14h30. L'entrée de la cité admistrative, défendue parun cordon de CRS est cerné de manifestants. Malgré l'étape du Tour deFrance retransmise à la télé ils sont prés de 500, parents d'élèves etenseignants, selon la police et les organisateurs à s'être déplacé poursoutenir l'instituteur.

Convoqué devant le conseil de discipline del'inspection d'académie, il prend la parole au micro tendu par l'un desmembres de son comité de soutien. « Très ému par la mobilisation, il assume, dit-il, (son) refus d'appliquer des réformes néfastes ». « Elles mettent en danger l'école de la République, ajoute-t il. Nous ne voulons pas être complices de cela ».

La foule applaudit. Des cris « Solidarité avec Alain Refalo ! » fusent. Au coté de l'instituteur, il y a aussi Pierre Cohen, le maire PS de Toulouse. « Larésistance des enseignants désobéisseurs est nécessaire, dit-il. Laconvocation d'Alain Refalo en conseil de discipline, montre la volontédu gouvernement de faire des exemples ».

« L'heure est à la mise au pas, ajouteJean François Mignard, le président de l'antenne Midi-Pyrénées de laligue des Droits de l'homme. Que ce soit contre les enseignantsdésobéisseurs, le soutien aux sans papiers, les étudiants bloqueurs, laseule réponse du gouvernement, c'est la répression. Mais il se trompe.Nous ne nous laisserons pas faire ».

Jean-Marie Muller, écrivain, auteur d'un « dictionnairede la non violence » accompagne Alain Refalo devant le conseil dediscipline de l'inspection d'académie. « Je participe àsa défense avec ses avocats, explique-t-il. A ce titre je rappelleraique la démocratie est bien plus menacée par l'obéissance servile que ladésobéissance civile ».

Marie, enseignante fait partie du comité de soutien : « Ily a désormais plus de 3000 enseignants désobéisseurs, affirme-t-elle.En nous attaquant, le gouvernement ne nous fait pas reculer. Aucontraire, cela crée une solidarité authentique qui n'a riend'idéologique ».

15 heures. Sous les cris de la foule scandant « résistance ! »,les avocats d'Alain Refalo poussent leur client vers l'entrée de lacité administrative. L'instituteur de Colomiers prend la parole unedernière fois avant son entrée devant la commission de discipline : « Cettemobilisation me donne de la force, dit-il. A la rentrée le mouvement derésistance pédagogique s'amplifiera. Comme disait Bernanos, il fautbeaucoup d'indiscipline pour faire un peuple libre »

J-M.E

Pour lire cet article sur le site de LibéToulouse

http://www.libetoulouse.fr/2007/2009/07/linstituteur-alain-refalo-refuse-sa-mise-au-pas.html

----------

Sur le site du collectif Poolp:

Toulouse : 500 personnes soutiennent un enseignant en conseil de discipline

Toulouse : 500 personnes soutiennent un enseignant en conseil de discipline. Article paru sur VousNousIls, le 9 juillet 2009.

Quelque 500 professeurs et parents d'élèves, ainsi quele député-maire PS de Toulouse Pierre Cohen, ont soutenu jeudi AlainRefalo lors de la convocation de l'enseignant de Colomiers(Haute-Garonne) en conseil de discipline pour sa désobéissance auxréformes gouvernementales.
Aux cris de"solidarité", les manifestants ont accompagné l'initiateur du mouvementde résistance pédagogique chez les enseignants du primaire, lors de sonentrée au siège de l'inspection académique de Haute-Garonne.

L'inspection académique n'a pas été en mesured'indiquer quand la décision du conseil de discipline seraitcommuniquée à l'enseignant.
Alain Refalo a déjàété sanctionné de 19 jours de retrait de salaire et d'un refus depromotion pour avoir mis en place un atelier théâtre sur le temps del'aide personnalisée, et avec l'accord des parents d'élèves.
De nombreux syndicats d'enseignants ont réclamé "qu'aucune sanction ne soit appliquée" à l'enseignant.
"Cedispositif de l'aide personnalisée n'est pas conforme à l'idée que nousnous faisons de notre mission", a déclaré Alain Refalo avant son entréedans les bâtiments administratifs.
"Nous allonspoursuivre cette résistance car nous ne pouvons pas continuer à nousrenier et être complices de dispositifs porteurs d'un espritindividualiste, continuer à construire une société d'injustice où règnela loi du plus fort, car nos valeurs sont celles de coopération, dejustice, de solidarité, et ça nous ne le renierons jamais", a-t-ilajouté.
Citant Georges Bernanos --"il fautbeaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre"--, M. Refalo alancé sous les applaudissements de la foule: "nous n'allons pas céder".
PierreCohen, député-maire de Toulouse, a apporté son soutien "sans condition"à M. Refalo. "Cet acte de résistance s'inscrit bien dans ce quicorrespond aux attaques successives de tous les services publics,notamment dans les lois sur l'université et l'hôpital", a déclaré M.Cohen.

Selon le "Mouvement des enseignants en résistancepédagogique", les faits reprochés à Alain Refalo sont "refusd'obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à larésistance collective et attaque publique contre un fonctionnaire del'Education nationale".
A la suite d'une lettreenvoyée par M. Refalo à son inspecteur d'académie, et relayée surinternet, quelque 3.000 enseignants dans toute la France ont depuisdécidé de désobéir aux réformes gouvernementales.
Denombreuses lettres de soutien à M. Refalo ont également été envoyées àl'inspecteur d'académie de Haute-Garonne, notamment celle de troisanciens résistants, Raymond Aubrac, Walter Bassan et Stéphane Hessel,soulignant que "notre République ne saurait donner un signal aussicontraire que de sanctionner un enseignant tel qu'Alain Refalo".

- Lire les articles de La Dépêche "L'enseignant 'désobéisseur' de Colomiers devant le conseil de discipline", et "500 personnes pour soutenir l'instit' rebelle de Colomiers".
- Lire aussi l'article du Figaro "Profs «désobéisseurs» : place aux conseils de discipline".

-------------

Quelle sanction pour l'enseignant désobéisseur ?

Quelle sanction pour l'enseignant désobéisseur ? Par L'EXPRESS.fr, le 10 juillet 2009.

L'instituteur Alain Refalo,initiateur du mouvement des " désobéisseurs", va être fixé sur son sortdans les prochains jours. Il pourrait subir un déplacement d'office ouun abaissement d'échelon.
L'inspecteur d'académie deHaute-Garonne décidera "dans les prochains jours" d'une éventuellesanction contre Alain Refalo, figure de proue des enseignants affichant leur "désobéissance" aux réformes gouvernementales, a indiqué vendredi l'inspecteur, Jean-Louis Baglan.
Au lendemain de huit heures d'audition de ce professeur des écoles de Colomiers (Haute-Garonne) devant une commission paritaire disciplinaire(CAPD), M. Baglan a précisé à la presse que les sanctions possiblesétaient un "déplacement d'office" ou "un abaissement d'échelon", "uneexclusion de moins de 15 jours" ou simplement un blâme ou unavertissement.
L'inspecteur d'académie a exclu de fait des sanctionsplus graves, en ne mettant pas au vote de la commission l'exclusiontemporaire (3 mois à 2 ans) ou définitive des fonctions ou la mise à laretraite d'office. L'inspecteur, qui prend sa décision après avis de laCAPD, a indiqué "qu'aucune majorité ne s'est dégagée" entre les 10représentants des syndicats enseignants et les 10 représentants del'administration, ajoutant que c'était traditionnel.
"Je ne m'attends pas à une clémence de la hiérarchie"
AlainRefalo et ses défenseurs ont longuement défendu jeudi la cause del'enseignant qui avait notamment refusé de mettre en place ledispositif "d'aide personnalisée" prévu à la rentrée 2008, pendant que500 personnes lui manifestaient leur soutien devant l'inspectionacadémique.
"Je ne m'attends pas à une clémence de la hiérarchie,l'administration est restée droite dans ses bottes", a déclaré AlainRefalo.
"L'inspecteur va sans doute se concerter maintenant avec leministre de l'Education car ces sanctions sont politiques et le niveauretenu dépend du risque politique qu'ils sont prêts à assumer", a-t-ilajouté.
"Un abaissement d'échelon, touchant au portefeuille, serait une punition primaire", a-t-il estimé.
AlainRefalo est actuellement classé à l'échelon 6. Un abaissement àl'échelon 5, représenterait une perte de salaire comprise entre 100 et150 euros par mois. Les professeurs des écoles changent d'échelon enmoyenne tous les trois ans avec une augmentation d'environ 120 eurospar mois à chaque fois, estime-t-on dans l'entourage de l'enseignant.
AlainRefalo a déjà été sanctionné de 19 jours de retrait de salaire etl'inspecteur d'académie lui avait refusé en février une promotion àl'échelon 7.
"Nous étudierons de près la décision et ses motivationspour apprécier s'il faut faire appel devant le conseil supérieur de lafonction publique ou s'il faut faire un recours en annulation devant letribunal administratif", a précisé l'enseignant, sanctionnable pour"refus d'obéissance, manquement à l'obligation de réserve, incitation àla désobéissance collective et attaque publique contre un fonctionnairede l'Education nationale (son inspecteur de circonscription)".