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L'individu et ses identités Perspectives sociologiques, anthropologiques et discursives

L'individu et ses identités Perspectives sociologiques, anthropologiques et discursives

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Claude Calame)

L’individu et ses identités

Perspectives sociologiques, anthropologiques et discursives

 

Colloque interdisciplinaire à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales

 

(MSH, Bd Raspail 54, salle 524, 75006 Paris, Mo Sèvres-Babylone)

Jeudi 8 février 2007 (de 9 h 30 à 18 h 30)

 

La notion de l’individu moderne doué d’une intériorité affective, d’une conscience de soi et d’une autonomie personnelle exercée dans la liberté s’avère être une construction historique. Dans la mesure où il s’agit d’une entité largement idéale et idéalisée, on a pu la projeter sur les phases les plus divergentes du développement de la civilisation européenne pour en écrire l’acte de naissance, en légitimer la réalité et, finalement, en signer l’acte de mort dans les années du structuralo-marxisme des années soixante. C’est dans cette mesure aussi que l’homme constitué en sujet libre et maître de sa volonté au siècle des Lumières a pu être récupéré par la pensée économiste libérale, puis néo-libérale.

Dès le XVIIIe siècle, essentiellement en France et dans le monde anglo-saxon, le sujet devient un individu qui se définit par ses libertés et par ses droits fondamentaux; il est ainsi fondé en sujet universel disposant de droits civils et politiques égaux et intangibles destinés à assurer l’exercice de sa liberté et l’autonomie de ses choix ; il devient un individu citoyen. Après avoir conquis des droits égaux qui l’ont transformé en sujet social à la faveur de l’industrialisation, l’individu libéral a été dévoyé pour devenir un sujet juridique attaché à la propriété privée et au profit personnel, indépendamment de toute solidarité sociale (par exemple par l’impôt...) ; il est ainsi devenu un sujet consommateur dans un monde de concurrence économique étendu, dans un néo-impérialisme économique relayé par de grandes institutions internationales et touchant l’ensemble des groupes humains, quelle que soit leur histoire, quelle que soit leur culture.

Au développement de l’individu psycho-social sur la seule base de la propriété privée et de la marchandisation des relations interpersonnelles on a bien cherché à opposer une identité individuelle fondée sur la propriété sociale qui a été rendue possible par l’extension d’un certain nombre de droits attachés au travail salarié. Il n’en reste pas moins que, même si elle est fondée sur une série de droits communs et de prestations partagées, une telle conception de l’individu social ne tient compte ni de l’épaisseur culturelle et symbolique de toute identité humaine, ni de l’aspiration contemporaine égocentrée à donner à son existence individuelle un sens à travers un système personnel et composite de significations, ni des processus dynamique de subjectivation par l’intermédiaire des relations sociales et culturelles, ni des manières que l’individu a de se représenter et de se dire en tant que sujet de discours, en rapport pragmatique avec les membres d’un groupe au profil culturel désormais composite.

De là trois approches proposées, en interaction pluridisciplinaire,  pour une définition critique de l’individu en tant qu’instance sociale et culturelle: a) l’approche sociologique centrée sur les paramètres économiques, sociaux et idéologiques d’une représentation du sujet-individu et des manières de la réaliser et de la vivre ; b) le biais de la comparaison anthropologique, dans la confrontation de représentations différentes, pour éviter l’européocentrisme universalisant et la projection des conceptions de l’individu diffusées dans l’idéologie dominante ; c) l’analyse des discours, pour saisir l’épaisseur verbale et sociale du sujet qui se dit et se réalise dans des formes de discours culturellement marquées et socialement acceptées ou au contraire marginalisées.                                                                                               C. C .

                                                                                             

 

9 h 30             Claude Calame (Directeur d’études à l’EHESS, Centre Louis Gernet d’études comparées sur les sociétés anciennes ; membre du CS d’ATTAC)

«Individu et sujet de discours : approches anthropologiques, sociologiques, linguistiques et poétiques»

 

10 h 00           Michel Wieviorka (Directeur d’études à l’EHESS, Directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques, Président de l’Association International de Sociologie)

«Le concept de “sujet“ doit-il être renouvelé dans, par et pour les sciences sociales ?»

 

10 h 45           Pascal Michon (Professeur au Lycée Claude Bernard, Philosophe et historien au Collège international de philosophie)

«Comment penser le pouvoir dans un monde fluide ?»

 

11 h 30           Pause

 

11 h 45           Alain Caillé (Professeur à l’Université de Paris X-Nanterre, codirecteur du Laboratoire de sociologie et philosophie politiques, directeur de la Revue du MAUSS)

«Individualisme et/ou parcellitarisme»

 

12 h 30           Erwan Dianteill (Maître de conférences à l’EHESS, chercheur au Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux)

«L’individu, la possession rituelle et la personne segmentée : réflexions à partir de l’œuvre de Roger Bastide»

 

13 h 15           Repas

 

14 h 30           Philippe Corcuff (Maître de conférence de science politique à l’Institut d’études politiques de Lyon, membre du Conseil scientifique d’ATTAC)

«Une individualité sociale contre l’individualisme marchand ? Pistes entre sociologie et philosophie politique»

 

15 h 15           François Dubet (Professeur à l’Université Victor Segalen de Bordeaux 2, Directeur d’études à l’EHESS, CADIS)

«Individu, socialisation et travail des acteurs»

16 h 00           Pause

 

16 h 15           Jean-Claude Galey (Directeur d’études à l’EHESS, Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud (anthropologie sociale)

«De quelques configurations indiennes de l'individu et de la personne. Penser d'un dehors dans une perspective de retour»

 

17 h 00           François de Singly (Professeur à l’Université Descartes, Paris V, Directeur du Centre de recherches sur les liens sociaux, CNRS)

«Individualisme et individualisation »

 

17 h 45           Table ronde animée par Albert Richez (Inspecteur d’académie hon., Philosophe, Membre du Conseil scientifique d’ATTAC)

«Individualisme contemporain et engagement militant»