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Appels à contributions
L'île mystérieuse (Corte)

L'île mystérieuse (Corte)

Publié le par Marc Escola (Source : Isolery jacques)

Séminaire « Insularité », dir. Jacques Isolery, Alexandra W. Albertini

Université de Corse, UMR CNRS Lisa 6240

Date de remise des propositions : 30 janvier 2017

Date de remise des articles : 30 juin 2017

Thème 2017 : L’île mystérieuse

Dans le cadre du séminaire annuel organisé depuis six ans par M. J. Isolery et Mme A. W. Albertini à l’Université de Corse Pasquale Paoli sur le le thème : “Insularité/insularisation” et en vue de la publication du septième numéro de la revue Fert’îles (Pétra éd.), nous proposons un réflexion et lançons un appel à contributions pour 2017 sur le thème de « l’île mystérieuse ».

L’Île mystérieuse (1875) de J. Verne reste à jamais celle du capitaine Nemo. Elle s’y révèle comme un territoire ambivalent, surgissant derrière son rideau de brume, et contenant en germe tout un monde qui pourra éclore sous la double poussée de l’ingéniosité et de la scientificité. L’Île noire (1947) de Tintin en revisite le mystère avec son château hanté par un gorille dont l’effrayante réputation éloigne les importuns et laisse le champ libre à des faux-monnayeurs dirigés par le Docteur Müller. Comme l’écho euphémisé de L’Île du Docteur Moreau (1896) d’H. G. Wells, la bande dessinée exploite elle aussi la conjonction entre insularité, mystère et manipulation. L’île mystérieuse semble ainsi polariser les angoisses d’une société moderne confrontée aux dérives de la scientificité, du progrès technique. L’île  du Docteur Moreau ainsi que celle de Bioy Casares dans L’Invention de Morel (1940) et Plan d’évasion (1945) offrent leur clôture insulaire pour spatialiser et métaphoriser l’idée d’un laboratoire démoniaque.

Nemo, Müller, Moreau, Morel... La récurrence du phonème [m] nous renvoie de facto au [m]ystère, au mutisme et à cette racine indoeuropéenne « °mu- qui est le symbole des lèvres fermées et qui exprime la notion de son inarticulé (cf. mot) »[1]. Car telle est bien la clé de tout mystère que d’induire, par son silence, toutes les fantasmagories tournant autour de son virtuel et hypothétique objet. Et l’on sait bien, par ailleurs, combien s’avère difficile à rompre le silence des insulaires. Il est certain qu’il se passe toujours quelque chose de bizarre dans une île mystérieuse où même la trop belle évidence des choses semble toujours masquer quelque autre réalité plus profonde, plus “vraie”, plus fondamentale. Dans cette voie, nous souhaiterions interroger véritablement les composantes du mystère dans sa relation à l’insulaire, à l’insularité, à l’insularisation. Le concept d’« île mystérieuse » n’est certainement pas réductible au mystère de l’île. On aurait vite fait de faire alors le tour de l’île et du sujet… puisqu’il suffirait alors de faire celui du texte. Il faudrait donc ouvrir ce champ d’investigations et le labourer métaphoriquement dans son rapport au(x) mystère(s) tout comme le texte dans son rapport aux indices, aux ellipses mais aussi à sa part de mutisme.

Cette réflexion potentielle appelle des recherches en littérature française ou comparée pour investir de nouvelles approches qui montreraient alors la spécificité qu’entretient l’île avec la rationalité dans sa confrontation à l’irrationnel, au fantastique, au merveilleux. Et dans la mesure où le mystère pose sans cesse la question de l’altérité, l’île mystérieuse pourra être aussi interrogée sous l’angle de l’identité et de la quête ontologique.

 

Abstracts (300 à 500 mots) à adresser à a.w.albertini@sfr.fr et j.isolery0659@gmail.com avant le 30 janvier 2017. Le comité de lecture donnera son avis dans les quinze jours qui suivront. Les articles retenus viendront enrichir les actes du séminaire qui seront publiés courant 2018-19.

 

 

[1] Alain Rey, article « muet », Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1992.