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L'idée de littérature dans l'enseignement (1860-1940)

L'idée de littérature dans l'enseignement (1860-1940)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Thierry Roger)

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L'idée delittérature dans l'enseignement (1860-1940)

18, 19, 20 mars 2010

Université Paris IV-Sorbonne, Maison de laRecherche

IUFM de Paris

De la « reslitteraria » à la « littérature », des belles-lettres à la« littérature », le passage, connu maintenant grâce à de nombreuxtravaux, marque une spécialisation. Dans la première moitié du XIXe siècle,littérature, science, et grammaire appartiennent encore à un même domaine. Auterme de ce processus de spécialisation, que recouvre le mot « littérature » de1860 à 1940 ? Ses définitions sont liées à l'état du champ littéraire, àses frontières : les discours préfaciels, l'ensemble des métadiscours tenus parles écrivains et les critiques littéraires sont bien sûr essentiels dansl'élaboration de l'idée de littérature, de ses définitions, l'institutionscolaire l'est également. C'est le rôle joué par l'enseignement dans cettespécialisation, cette restriction, ces définitions que ce colloque se proposed'examiner. Les relations littérature–enseignement sont à étudier dans leursinteractions. Ces relations sont souvent analysées dans un seul sens :l'institution scolaire « recevant » la littérature, sorte d'objet constitué endehors d'elle. Il s'agira pour nous, en inversant cette perspective, de montrercomment jouent ces interactions. L'objectif du colloque est ainsi d'envisagercomment l'institution scolaire construit la littérature par les choix qui sontles siens, ses usages, ses méthodes.

Si lalittérature est chose historique, l'enseignement l'est tout autant. Au XIXesiècle, l'ensemble du cursus scolaire est constitué de deux ordres parallèles,l'ordre primaire et l'ordre secondaire, avec leurs publics et leurs finalitéspropres. Cette organisation se transforme pendant la période considérée (1860-1940),la construction de l'enseignement supérieur moderne complète ce cursus, luidonnant une architecture curriculaire. La place de la littérature est donc àenvisager dans chacun des deux ordres pour des publics et des finalitésdifférents, ce qui implique comme corpus de travail prioritaire tout à la foisles textes qui régissent l'institution scolaire, les revues destinées auxprofesseurs, les histoires littéraires scolaires (celles, par exemple deBrunetière, Doumic, Lanson, Des Granges …), les « morceaux choisis » ouanthologies, les manuels de l'enseignement primaire ou des classes élémentairesdes lycées.

Comment lalittérature enseignée contribue-t-elle donc à (re) définir l'idée delittérature ? Plusieurs pistes de réflexion peuvent être proposées, donnéessuccessivement mais à concevoir en interaction, comme autant de manières dedécliner l'idée de littérature :

–Corpus, dénomination, canon. L'enseignement est un des lieux majeursde constitution du canon et des espaces qui l'organisent (littératuresnationales, antiques, étrangères). L'avènement de la littérature nationale, avec une visée patrimoniale,voire nationaliste, distincte des littératures antiques, crée de nouvellesvaleurs, engendre de nouvelles modélisations. La présence des littératuresétrangères, simple substitut aux littératures antiques dans l'enseignementféminin, peut aussi être pensée en relation avec l'enseignement des languesétrangères et avec la constitution de la littérature comparée dans lesupérieur. Quelle place, enfin, réserve-t-on, au moment où le conflit entreenseignement public laïque et enseignement privé catholique atteint son apogée,à l'étude des textes sacrés ?

–Classements, découpages. Découpages chronologiques(périodisations, écoles, générations) ou découpages/classements issus de larhétorique comme la notion de genres, notion elle aussi prise dans un processusde transformation historique. En quoi les méthodes et les modes d'analyses, quiévoluent au cours de la période considérée et selon les niveaux d'enseignement,contribuent-ils à élaborer « la littérature », en établissant des frontières,en les déplaçant ?

–Usages, finalités, fonctions. De l'édification, de lamoralisation, chrétienne ou républicaine, à l'étude de la littérature pourelle-même : cette évolution,centrale dans l'histoire des usages et des finalités de la littérature dans l'enseignement, se poursuiten même temps que d'autrestransformations. La spécialisation s'observe aussi sans nul doute sur le plan des finalités assignées à l'apprentissagedes discours. Ce dernier se laisse appréhender, schématiquement, selon troisgrandes étapes : il s'agit d'abord d'apprendre à bien écrire pour convaincre,savoir, philosopher ; puis d'apprendre à bien écrire et à bien analyser ; enfind'apprendre à analyser. L'usage, qu'il soit rhétoricien, grammairien, poétique,herméneutique, fait-il varier reconnaissance et légitimité, quelle idée de lalittérature promeut-il ?

Les contributions pourront prendre la forme d'exposés surdes questions épistémologiques transversales, ou la forme monographique,analysant la manière dont sont traités auteurs, écoles, genres…

Elles devrontêtre adressées au plus tard début décembre.

Responsables :Didier Alexandre et Martine Jey

Contact : martine.jey@wanadoo.fr

Comité scientifique en cours deconstitution

 


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