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L'historiographie française de l'art, de l'affaire Dreyfus à la Quatrième République : nouvelles perspectives

L'historiographie française de l'art, de l'affaire Dreyfus à la Quatrième République : nouvelles perspectives

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Michela Passini)

L'historiographiefrançaise de l'art, de l'affaire Dreyfus à la Quatrième République :

nouvellesperspectives

Colloque international, Paris,INHA, salle Vasari, 21, 22 et 23 novembre 2011

Organisateurs : AnneLafont (INHA), Neil McWilliam (Duke University), Eric Michaud (EHESS), MichelaPassini (INHA).

Comitéscientifique : Kathryn L. Brush (University of Western Ontario), RossellaFroissart (Université de Provence Aix-Marseille 1), Hubertus Kohle (Universitéde Munich), Anne Lafont (INHA), Michel Leymarie (Université de Lille 3), NeilMcWilliam (Duke University), Eric Michaud (EHESS), Michela Passini (INHA).

L'axe histoire de l'histoire del'art de l'INHA, en collaboration avec Neil McWilliam et Eric Michaud, a entaméen 2007 un programme de recherches sur les enjeux nationaux dans les discourssur l'art en France, durant le premier XXe siècle. A ce titre, deux journéesd'études ont été organisées : la première (en novembre 2008) a traitéde la question nationale dans l'historiographie belge, britannique, italienne,russe, slovaque, roumaine et allemande. La seconde (en novembre 2009) a renducompte de la perception de l'art français à l'étranger en étudiant, entreautres, sa réception dans les revues espagnoles et italiennes, l'organisationd'expositions d'art français en Pologne et en Suède ou bien encore l'impact dela traduction d'ouvrages d'historiens de l'art français comme L'art du XVIIIe siècle des frèresGoncourt, qui parut en allemand en 1921.

D'entrée, il nous avait sembléopportun d'entamer ce programme sur l'historiographie des arts visuels et laquestion nationale sur un plan européen, donnant ainsi plus de relief à lasituation française. Nous souhaitons à présent poursuivre ce travail sur lesenjeux nationaux par un colloque international consacré cette fois au discours proprementhexagonal sur l'art. Autrement dit, il nous semble indispensable de confronterce qui semble être le motif idéologiquedominant dans la littérature artistique de la Troisième République - lenationalisme - aux autres enjeux intellectuels, culturels, idéologiques oupolitiques travaillant l'histoire de l'art de cette période. Réunir, autour dece demi-siècle, des chercheurs s'interrogeant sur les fondements explicites ouimplicites de notre discipline devrait s'avérer d'autant plus fructueux quecette époque est précisément celle d'une consolidation de l'histoire de l'art.Celle-ci se professionnalise, élabore de nouvelles méthodes, se forge unoutillage et redéfinit des domaines de recherche tandis que, progressivement,les musées, l'université, mais aussi le marché de l'art s'affirment comme leslieux de production privilégiés de ces discours et de ces savoirs sur l'art.

Sans être – loin s'en faut – définitifset prescripteurs, deux axes principaux se dessinent :

Les historiens de l'art : activités, profils, réseaux. Durantcette période, la figure de l'historien de l'art recouvre une grandevariété de profils socio-professionnels : conservateurs de musée et professeursdes universités sont majoritaires, d'autant que certains d'entre eux cumulentces deux fonctions ou les occupent successivement, à l'instar de Charles Diehlou d'Henry Lemonnier. Toutefois, artistes, collectionneurs – Stanislas Lami etEtienne Moreau-Nélaton émargeant dans ces deux catégories –, bibliothécaires(Jean Laran), hauts fonctionnaires (Armand Dayot), hommes politiquement engagés(Louis Dimier mais aussi Jean Locquin et Ferdinand Engerand), médecins ouphilosophes (Elie Faure et Gabriel Séailles) ou encore critiques d'art commeCharles Saunier, s'engagent dans l'écriture de l'histoire de l'art et tirent deleur double activité des bénéfices particuliers et des schémas de penséespécifiques, dont nous aimerions que le colloque se fasse l'écho. De même, il conviendrait des'interroger sur la place des femmes dans l'histoire de la discipline.Contrairement à l'Italie et à l'Angleterre, peu d'historiennes de l'artfrançaises sont repérables en dehors de quelques professionnelles des muséescomme Agnès Humbert, Denise Jalabert et Marie-Louise Bataille, et des épouseset collaboratrices d'hommes restés célèbres, à l'instar de Gabrielle Rosenthalet Galienne Francastel. 

La diversification méthodologique. Les grandscourants de pensée qui ont animé l'histoire de l'art germanophone puis, à partirdes années trente - nombre de ses écrivains étant en exil en Grande-Bretagne etaux Etats-Unis – l'histoire de l'art anglo-saxonne, sont désormais relativementconnus. Mais que sait-on de lacomplexité et de la diversité des discours d'un formalisme à la manière deFocillon, en regard de celui de Sedlmayrpar exemple ? Existe-t-il une étude comparant l'iconographie chrétienned'un Emile Mâle à celles développées par d'autres à la même époque ? Onsait que Burckhardt et Müntz eurent pour ambition, à la fin du XIXe siècle, d'écrireune histoire de l'art comme histoire de la civilisation ; or la périodesuivante est celle des premières tentatives (Léon Rosenthal et Jacques Mesnil)d'écrire une histoire « sociale » de l'art qui ne serait pasd'inspiration marxiste : les travaux menés sur l'un ou l'autre de cespenseurs seraient utilement mis à profit pour interroger, dans le champfrançais, la pluralité et la confrontation des approches. Si les individusincarnent parfois des méthodes, les « notions » témoignent généralementdes intérêts d'une époque pour certains aspects de l'art : que revêt parexemple, dans la littérature artistique de l'entre-deux-guerres, la notion de style (devenue centrale à la disciplinedepuis Les principes fondamentaux del'histoire de l'art de Wölfflin, publiés en allemand en 1915) ? Enfin, onpourra s'interroger sur les conséquences de l'abandon progressif del'esthétique normative ou de l'intérêt croissant pour l'art des sociétés « primitives» : quels croisements entre l'histoire de l'art et les disciplinesconnexes, telle l'ethnographie ?

Ces quelques exempless'attachent à montrer l'étendue des thèmes possibles, mais ne sont en aucun casexclusifs : nous attendons des propositions de communication qu'ellesrévèlent d'autres pistes, inattendues et stimulantes, dans le cadre de cetterencontre internationale sur les discours artistiques en France dans lapremière partie du XXe siècle.

La proposition de communication devra se limiter à une page. Elle seraaccompagnée d'un court CV et d'une bibliographie sélective.

Merci d'adresser vos propositions par courriel à : Anne Lafont anne.lafont@inha.fr et Michela Passini michela.passini@inha.fr.

Date limitepour déposer une proposition de communication : 15 janvier 2011. Le comité scientifique examinera lespropositions et communiquera les résultats de sa sélection courant février 2011.