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L'Histoire trouée : négation et témoignage

L'Histoire trouée : négation et témoignage

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Aurélia Kalisky)

Colloque organisé dans le cadre du

Centre Littérature et savoirs à l'épreuve de la violence politique. Génocide et transmission

affilié au Centre de Recherche en Littérature comparée de Paris IV

et associé au Centre d'Etudes Juives  de Paris IV

 

Ce colloque a été réalisé grâce au soutien de :

Conseil Scientifique de Paris IV, Centre de Recherche en Littérature Comparée, Ecole doctorale de littérature française et comparée, Centre d'Etudes Juives, Centre Sens et Texte, DEA de linguistique française, de l'Université de Paris IV-Sorbonne, et avec la collaboration de, l'Association Internationale de Recherche sur les Crimes contre l'Humanité et les Génocides (Aircrige), et des Editions de Vallongues

 

Colloque L'Histoire trouée : négation et témoignage

 

Pour voir le résumé des interventions, vous pouvez vous rendre sur le site de l'Acrige à l'adresse suivante :

http://perso.wanadoo.fr/samanos/aircrige/

 

Lundi 16 septembre. Amphi Richelieu

9h : Georges MOLINIE. Président de Paris IV.

Introduction.

Catherine COQUIO. MC en littérature comparée à Paris IV, Négation et témoignage : retour et naufrage d'"Ulysse".

10h30-12h30 Négations, révisions.

Président de séance : Annette Wieviorka. Historienne CNRS

Enzo TRAVERSO. MC en sciences politiques. Université d'Amiens, "Révision" et révisionnismes.

Nadine FRESCO. Historienne. Le négationnisme français : généalogie et présentation.

Yves TERNON. Historien. Le spectre des négationnismes. Approche comparée des processus de négation des génocides.

Géraut DE LA PRADELLE, juriste (à confirmer), Les équivoques du droit.

14h-16h Droit et historiographie.

Président de séance : Enzo Traverso. Amiens.

Yan THOMAS. (à confirmer) Philosophe du droit. Directeur d'Etudes à l'EHESS. Vérité, parole et droit. Réflexions sur la Loi Gayssot.

Sévane GARIBIAN. Juriste, Ater à l'Université de Paris X, La négation dans le droit

Renaud DULONG. CNRS-EHESS. Centre d'étude des mouvements sociaux. Critique du négationnisme et épistémologie de la démarche historiographique.

Henriette ASSEO. Historienne, Professeur à l'EHESS. Le statut ambigu de l'histoire et de la mémoire du génocide des tsiganes.

Pause

16h30-19h30 Négation, témoignage et écriture de l'histoire

Président de séance : Julia Kristeva. Professeur std à l'Université de Paris VII

Marc NICHANIAN. Professeur à l'Université de Columbia, INstitut d'Etudes Orientales. Négation et témoignage : la question de l'archive (Agamben. Derrida).

Jean-Louis PANNE. Historien. La grande famine en Ukraine (1932-1933). Négation et témoignages.

Rithy PANH. Cinéaste (à confirmer). Le témoignage filmé. Témoins et bourreaux (à propos du génocide cambodgien)

 

Mardi 17 septembre. Amphi Richelieu.

9h-12h30 Mémoires et dénis

Président de séance : Claude Lefort, Philosophe.

Federica SOSSI. Professeur de philosophie à l'Université de Bergame. Témoigner de l'invisible (les camps)

Georges PETIT. Ecrivain. Mémoires et dénis. Point de vue d'un ancien déporté (Langenstein) sur l'image des camps nazis.

Pierre PACHET. Maître de conférences en littérature française à Paris VII, Indifférence, fabulation et négation : les franges de la parole publique.

Véronique NAHOUM-GRAPPE. Sociologue. CNRS-EHESS. Trous de mémoire et haine politique, ou comment ne pas se souvenir de ce qu'on n'a pas perçu?

Pause

11h30-12h30 Témoignage, art et littérature

Jean-Louis DEOTTE. Professeur de philosophie à Paris VIII. Les paradoxes de l'événement d'une disparition. L'Argentine et la photographie.

Claude MOUCHARD. Professeur de littérature française à l'Université de Paris VIII, Témoignage et poésie (un exemple japonais)

14h-19h30 Témoignage, art et littérature (suite)

Président de séance : Pierre Brunel, Professeur de littérature comparée à Paris IV

Carole DORNIER. Professeur de littérature française à l'Université de Caen. Littérarité et impact du témoignage : les procédés du récit dans la communication de l'expérience de la violence (guerres de religion et Terreur).

Krikor BELEDIAN. Ecrivain, MC à l'INALCO. Le retour de la Catastrophe (sur la littérature arménienne en 1915)

Aurélia KALISKY. Doctorante en littérature comparée à Paris III, Refus de témoigner, ou chronique d'une métamorphose : du témoin à l'écrivain (Imre Kertész, Ruth Klüger)

Pause

16h30 Témoignage, art et littérature (suite)

Président : Jean-Pierre Morel, Professeur de littérature comparée à Paris III

Frosa PEJOSKA. INALCO. L'écriture comme cénotaphe. A propos de Danilo Kis.

Eric MARTY. Professeur de littérature française à Paris VII, Jean Genet à Chatila.

Romuald FONKOUA. Maître de conférences en littérature comparée à Cergy-Pontoise, Dans les blancs de l'histoire officielle : la littérature en Afrique au XXe siècle.

 

Mercredi 18 septembre. Amphi Descartes.

9h-13h Aspects anthropologiques et philosophiques

Président de séance : Pierre Pachet, Paris VII,

Michel DEGUY. Ecrivain.L'incroyable. Remarques sur le témoignage

Nicole LORAUX. Anthropologue et historienne. Directrice d'Etudes à l'EHESS. Le brouillé dissimule un rêve (la question féminine en Grèce et la Shoah)

Frédéric WORMS. Philosophe. La négation comme violation du témoignage.

Pause.

11h Témoignage, art et littérature (suite)

Président de séance : Catherine Coquio, Paris IV

Jean BESSIERE. Professeur de littérature comparée à Paris III, Reconstitutions littéraires de l'histoire trouée - les Amériques : DeLillo, Glissant, Roberto Bolaño

Boubacar Boris DIOP. Ecrivain.Ecrire contre l'oubli : des auteurs africains au Rwanda.

Jean-Pierre KAREGEYE. Doctorant à l'Université de Californie à Berkeley, Rwanda. Témoignage et corporéité.

14h Aspects anthropologiques, psychanalytiques, politiques

Président de séance : Jean-François Chiantaretto, psychanalyste, Professeur de Psychopathologie à Paris XIII

Yolande GOVINDAMA. Psychanalyste. Paris V. Déni de l'esclavage et sa fonction dans la dynamique psychique et le lien social (Antilles, Réunion)

Hélène PIRALIAN. Ecrivain, psychanalyste. Rupture de généalogie et identité perdue : du lien bourreau-victime à partir de deux nouvelles récentes, turque et arménienne.

Janine ALTOUNIAN. Ecrivain. Traductrice. Limportance du dedans/dehors dans le démantèlement de lemprise du déni.

Pause

16h30

Président de séance : Nabile Farès. Ecrivain et psychanalyste.

Martine HOVANESSIAN. Anthropologue. CNRS-Unité de Recherches Migrations et Société. P. VII, Fonction anthropologique du témoignage et histoire orale : traversées des lieux de l'exil et désappartenance.

Bernard LEMPERT. Psychologue, écrivain. Le vote et le crime.

Luiza TOSCANE (Comité pour le respect des Droits de l'Homme en Tunisie), Le statut de la victime dans les ONG : une expérience tunisienne

 

Jeudi 19 septembre après-midi. Amphi Descartes.

13h-19h30 Enjeux politiques

Président de séance : Jean-René Chauvin. Témoin et militant.

Albert HERSZKOWICZ. Médecin. Réflexions sur l'évolution de l'antisémitisme en Europe.

Louis BAGILISHYA. Membre de l'association Communauté Rwandaise de France. Discours de la négation, dénis et politiques.

Franklin NARODETZKI. Psychanalyste. Le traitement de la réalité : de la Bosnie à la Palestine.

Saleh ABDEL JAWAD. Historien et Professeur de sciences politiques à l'Université de Birzeit, Ramallah, La négation des témoignages palestiniens dans l'historiographie israélienne.

Pause.

16h30 Enjeux politiques (suite)

Président de séance : Yves Bénot. Historien. Président de lAssociation de Recherche sur la Colonisation Européenne.

Nils ANDERSSON. Editeur. Le travail de la mémoire face à la guerre d'Algérie.

Sadek SELLAM, historien, La justice française et la crise algérienne : le conflit de paternité des crimes politiques en Algérie depuis 1992 à l'épreuve des récents procès. Avatars d'une tentative de déni.

François-Xavier VERSHAVE. Président de "Survie". Criminalité économique et crimes contre l'humanité en Afrique : une synergie occultée

19h30 Clôture du colloque

 

Présentation des activités menées par le centre Littérature et savoirs à l'épreuve de la violence politique. Génocide et transmission (Paris IV) en collaboration avec l'Association Internationale de Recherche sur les Crimes contre l'Humanité et les Génocides (Aircrige).

Ce colloque prend la suite de celui qui s'était déroulé à Paris IV-Sorbonne en mai 1997 sous le titre L'Homme, la langue, les camps, qui a abouti au recueil Parler des camps, penser les génocides, Albin-Michel, 1999 (C. Coquio éd.), et à la création d'Aircrige.

Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche collective entreprise sous la forme d'une série de colloques et de séminaires, encadrés à partir de 1999 par le centre Littérature et savoirs à l'épreuve de la violence politique. Génocide et transmission  (CRLC Paris IV) :

Littérature et savoirs à l'épreuve des camps (1995-1997)

Extermination et politique (1997-1999)

Les démocraties face aux crimes contre l'humanité  (2000)

Les formes du déni  (2000-2002)

 

C'est dans le cadre de ce cycle sur le déni, et d'une réflexion parallèle sur le témoignage, qu'a été mené ces deux dernières années un travail sur l'Afrique, à travers une série de rencontres coorganisées avec diverses structures :

Rwanda 1994 -2000 : mémoires d'un génocide africain. Avec La Villette et Fest'Africa, 19 novembre 2000.

France et Afrique : répression des indépendances et "décolonisation", dénis, mémoires effacées et violences actuelles (Cameroun, Madagascar, Algérie ). Sorbonne, 9 juin 2001.

Rwanda : discours de la justice et parole du témoin . Sorbonne, 10 janvier 2002.

Hommage à Mongo Beti. Comité pour l'hommage à Mongo Beti, Sorbonne, 16 février 2002.

La Commission Vérité et réconciliation: un modèle?  A l'occasion de la remise du prix "Témoin du monde" à Gillian Slovo pour Poussière rouge. Avec RFI et le Centre "Ecritures du roman contemporain en langue anglaise" de Paris IV. Sorbonne, 19 mars 2002.

L'exclusion raciale en Côte d'Ivoire : les usages politiques de la notion d'ivoirité. Avec le cinéma "Images d'ailleurs", 6 avril 2002.

Dictature et racisme d'Etat au Soudan et en Mauritanie. Sorbonne, 31 mai-1er juin 2002.

 

Pour plus d'informations, consulter le site www.aircrige.org 

et celui du CRLC-Paris IV Sorbonne :

 

Responsable : Catherine Coquio. Maître de conférences en littérature comparée. Centre Littérature et savoirs à l'épreuve de la violence politique. CRLC Paris IV-Sorbonne. 1 rue V. Cousin 75005 Paris.

Adresses email : catherinecoquio@hotmail.com ; aircrige@hotmail.com

Contact téléphonique : Aurélia Kalisky. 06.60.71.53.94

 

OBJECTIFS 

- Engager une réflexion sur la mémoire, la connaissance et la visibilité des catastrophes historiques à partir des phénomènes de la négation et du témoignage de la violence politique extrême. Interroger la ténacité des négationnismes et le développement du témoignage comme manifestations conjointes, sur fond d'une apparente crise du savoir, de la culture, de la pensée et des actes à l'endroit de l'humain et de sa destructivité politique. 

 

- Observer le témoignage dans sa structure épistémologique, sa fonction anthropologique, sa place au croisement des pratiques historiographique, juridique, artistique et philosophique. Définir son lien ou son étrangeté à ce qui semble être son envers, la négation de l'événement destructeur, dont on tentera d'interpréter les structures discursives, les mobiles, les mécanismes, les fonctions, les effets.

 

- Interpréter l'importance croissante du témoignage comme "institution" sociale naturelle (R. Dulong) de plus en plus requise dans l'écriture de l'histoire et les dispositifs juridiques internationaux, et consacré aujourd'hui en "genre" littéraire et corpus philosophique.

 

- Amorcer une topographie et une interprétation des formes de négation des massacres et  génocides du siècle passé, en distinguant entre les doctrines instituées, complices du crime et relevant d'une stratégie politique, et les formes diffuses de déni, qui procèdent à une déréalisation ou à une suspension du sens et du jugement.

 

- Poser des jalons pour une approche comparative, différenciatrice, des modes de négation et de témoignage à l'oeuvre selon les événements, leur degré de constitution historiographique, de reconnaissance juridique et d'existence culturelle. Observer les "marges" issues des points aveugles de l'Occident. Faire la part des cultures de l'écrit et de l'oral dans les rythmes d'écriture de l'histoire.

 

- Amorcer une réflexion épistémologique sur le positivisme historiographique et son usage pervers (de type faurissonien), et sur le statut cognitif ou véridictionnel du témoignage. Interroger le statut du témoignage dans le discours négationniste, et dans sa réplique lorsqu'elle est prise dans le cercle vicieux de la demande de preuve et lorsqu'elle cherche à s'en dégager.

 

- Interroger le brouillage des polarités politiques droite/gauche dans les discours de la négation. Chercher ce qui tracerait les lignes de partage effectif, dans les discours politiques, entre la prise en compte du sens des crimes d'Etat et leur effacement.

 

- Réfléchir sur les conditions de possibilité d'une écriture de l'histoire et du temps présent, ainsi que sur ses obstacles, ce qui pourrait conduire à un questionnement des formes actuelles du nihilisme, au plan politique et culturel à la fois.

QUESTIONS

- La négation et le témoignage peuvent-ils être pris comme phénomènes de civilisation dûs à la destructivité moderne de la violence politique, en particulier génocidaire? Y aurait-il une "ère de la négation" comme on a dit qu'on entrait dans une "ère du témoin" (A. Wieviorka)? Y a-t-il contradiction, hétérogénéité, ou lien fonctionnel entre les deux?

 

- Comment un événement destructeur essentiel pour un groupe humain peut-il disparaître intégralement du champ de vision d'autres groupes, à une époque qui propose la perspective d'une connaissance immédiate et universelle de tout ce qui a lieu? Y a-t-il une évolution ou révolution possible du regard à ce sujet?

 

- Qu'est-ce qui, dans un tel événement, le rend invisible, voire "impensable"? Comment peut-il être pensé, transmis, voire surmonté, quel rôle peuvent y jouer l'histoire, le droit, la littérature, la psychanalyse, la politique, l'art?

 

- Y a-t-il une temporalité propre à son émergence comme événement figurable? Quel rapport entretient-elle avec la temporalité du massacre nié, qui suppose aussi une négation du temps?

 

- Qu'est-ce qui est dénié ou nié exactement? Le fait, l'événement, leur sens, leur violence, l'histoire la souffrance, la pensée, l'humanité? Quel rôle joue, au coeur de ces négations, celle de la mort même, qui interdit le deuil et détruit tout horizon de sens?

 

- Il y a des agents et organes de négation institués. Y a-t-il un sujet du déni? Ce sujet peut-il être collectif? Y a-t-il des "communautés de déni" (R. Kaës) ? Par quels processus (idéologiques, culturels, politiques) se forment-elles? Comment se défont-elles? Quelle part y prennent les conflits d'interprétation, la confusion des discours et l'inertie mentale? Quel rôle y jouent les "sciences humaines" et les divers modes d'intellectualisation et d'esthétisation, à l'oeuvre jusque dans le travail de mémoire? 

 

- Y a-t-il un mode de négation ou déni propre au discours politique, d'Etat et d'opposition? Quel est le statut de la victime dans les discours des pouvoirs et "contre-pouvoirs", y compris humanitaires? Peut-on imaginer un comportement politique attentif à la réalité du témoin, qui ne se réduise pas au discours des droits de l'homme?

 

- Y a-t-il un genre particulier de déni à l'oeuvre dans l'art? Voit-on se manifester dans le langage des arts des phénomènes intimement liés aux processus de destruction politique et à leur réplique, supposant un nouveau rapport au réel? Quels problèmes pose la consécration du témoignage, forcément sélective, dans le patrimoine culturel?

 

- De quoi peut-on porter témoignage? Qui peut le faire et pour qui? De quoi peuvent témoigner le rescapé et l'observateur? Qu'est-ce qu'un témoignage indirect? Quels relais peut-on imaginer dans la transmission?

 

- Que se passe-t-il lorsqu'un témoignage devient littéraire, et lorsque la fiction intègre des témoignages? Y a-t-il antinomie entre la visée artistique et la visée cognitive et éthique du témoignage? Le témoignage, en entrant en littérature, crée-t-il un "genre"? Y a-t-il, du fait de ses antinomies internes, une violence critique qui lui serait propre?