Questions de société
L'heuristique sans condition (Peirce et l'université)

L'heuristique sans condition (Peirce et l'université)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Hervé Baudry)

Un billet de Hervé Baudry en forme de rappel:


"On connaît la conférence de Stanford de Jacques Derrida (avril 1998, publiée aux éditions Galilée sous le titre L'Université sans condition). Il est peut-être intéressant de rappeler aussi ces lignes à propos du philosophe américain Charles Sanders Peirce, « éternel candidat » de l'Université :


« À ses yeux − et il le clamait à haute voix − l'université ne devait pas être un lieu où sont délivrés des résultats, mais un lieu où l'on éclaire, où l'on apprend à penser de façon autonome. Peirce notait : j'ai tout à faire pour éduquer mes auditeurs vers la recherche. Il niait avec insistance la conception qui assigne à l'université le devoir de communiquer des résultats théoriques, un savoir pratique, des conseils pour mener une vie juste. Pour Peirce, le but de l'université était la recherche, et l'enseignement dans la mesure seulement où il sert la recherche, « un moyen nécessaire à une fin ». Le maître n'est rien d'autre qu'un chercheur qui enseigne la recherche. Et pour aller encore plus loin : l'université doit éduquer des hommes pour la découverte − et non pour le gain de l'argent, citoyens ou gens cultivés. C'est à peu près ce qu'il proclama, le 4 juillet 1880, devant les Américains solennellement réunis à Paris. » (Ludwig Marcuse, La Philosophie américaine, Gallimard, 1967, p. 53-54 ; trad. fçse de Amerikanisches Philosophieren. Pragmatisten, Polytheisten, Tragiker, Hamburg 1959.)


Candidat à la chaire de philosophie de l'université Johns Hopkins, le logicien Charles Sanders Peirce échoua devant le psychologue Hall,  qui « proclamait que la Bible était le grand cours de psychologie » (ibid., p. 55)."