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L'expérience romanesque au XIXe siècle

L'expérience romanesque au XIXe siècle

Publié le par Marielle Macé (Source : Catherine Mariette-Clot)

« L'expérience romanesque au XIXe siècle » Grenoble, Université Stendhal, E.A. 3748 « Traverses 19-21», 23-25 novembre 2011.

Comité scientifique : Lise Dumasy, Marielle Macé, Michel Viegnes, Damien Zanone.

Responsable scientifique : Catherine Mariette-Clot.

 

 

Partir d'une bonne définition du « romanesque »  est délicat puisque le terme est aussi plastique et sujet à interrogation que celui de « roman » dont il tire son origine.

Le romanesque sera ici envisagé non pas sur un plan générique mais thématique, un peu à la manière de ce que disait Barthes dans Le Grain de la voix quand il souhaitait « trouver peu à peu la forme qui détachera le romanesque du roman ».

Dans son acception thématique, le mot renvoie à une atmosphère fondée sur une intrigue dont les deux ressorts principaux sont « l'amour et l'aventure » (Northrop Frye, L'Écriture profane, Essai sur la structure du romanesque, 1976) que l'on retrouve en particulier dans un certain type de romans picaresques et merveilleux avant le XIXe siècle. Mais ces romans, en développant des situations invraisemblables, étrangères aux réalités connues du lecteur, ne favorisent pas l'identification aux personnages, trop fantaisistes et très abstraits, ni l'accueil aux « mondes possibles » de la fiction (Voir Françoise Lavocat (éd.), La Théorie littéraire des mondes possibles, 2010).

Le XIXe siècle représente de ce point de vue un tournant, le moment où s'édifient un monde nouveau et une manière nouvelle de le dire. Les lecteurs reconnaissent comme leurs les désirs et les rêves des personnages de fiction. Le temps est venu où « les êtres se définissent autant par leurs chimères que par leur condition réelle » (Paul Bénichou, Le Sacre de l'écrivain).

 À ces lecteurs communs, depuis la Révolution, il peut aussi arriver des aventures extraordinaires et la lecture est ce levier qui permet de changer son monde - le monde - de façon singulière, en laissant libre cours à ses fantasmes et à son désir ou bien en opérant dans le réel des transformations suggérées par la pensée de la lecture. Dans ce XIXe siècle de plus en plus prosaïque, le romanesque s'apparente à une valeur morale qui garde la trace de l'héroïsme et de l'esprit chevaleresques. Il serait une sorte d'attitude ou de code, la figuration idéale de tous les possibles, et sa nostalgie ; l'expérience d'un manque à vivre et la tentative de le combler. Ces « aperçus d'un monde idéal » (George Sand, Leone Leoni) peuvent donc produire de dangereuses chimères : est romanesque celle ou celui qui, comme Emma Bovary, s'est laissé prendre aux simulacres littéraires de l'amour (ou de l'aventure), celui qui n'a plus de défense critique, plus de distance pour juger de lui-même ce qui l'obsède, celui qui, désemparé devant le réel, tente d'inventer une parodie de la littérature en guise de vie. C'est le versant pathologique du « romanesque » qui se perd dans la fiction sans que la fameuse « suspension d'incrédulité » n'opère la distinction entre fiction et réalité. Mais cette crainte des dangers qu'engendre la lecture de romans - notamment chez les femmes qui en sont grandes consommatrices- n'est-elle pas un poncif de la réception critique, une peur que la libération du désir n'entraîne un bouleversement de l'ordre des choses et donc le signe d'une dévalorisation du mot dans la deuxième moitié du XIXe siècle ?

Il faudra donc analyser les particularités de cette « immersion fictionnelle » (Jean-Marie Schaeffer) et ses répercussions sur la vie des lecteurs, qu'ils soient fictifs ou non, à un moment de l'Histoire littéraire où le romantisme a favorisé l'expérience intérieure, l'essor de l'imagination, afin d'interroger cette notion. Prenant en compte les théories de la pragmatique qu'une telle perspective englobe mais à laquelle elle ne se réduit pas, nous tenterons de mettre en place une manière de psychologie et de morale de la littérature.

PROGRAMME du colloque « L'expérience du romanesque au XIXe siècle » 23-25 novembre 2011, Maison des Sciences de l'Homme, Université de Grenoble.

 

Mercredi 23 novembre, après-midi

Horizons théoriques, définitions : qu'est-ce que le romanesque ?

  • 14h : Alain Schaffner (Littérature française – Université Sorbonne nouvelle, Paris 3) : « Le romanesque à la fin du XIXe siècle »
  • 14h30 :Yves Citton : (Littérature française – Université Stendhal, Grenoble 3) : « Le romanesque entre contagion du geste et fiction de l'inexpérience ».
  • 16h : Damien Zanone (Littérature française – Université Catholique de Louvain-La-Neuve) : « Le romanesque ou la mémoire du roman ».
  • 16h30 : Isabelle Daunais (Littérature française –Université Mc Gill, Montréal) : « La mémoire du romanesque ».

 

 

 

 

Jeudi 24 novembre, matinée 

Figures et expériences du romanesque

  • 9h : Fabienne Bercegol (Littérature française - Université de Toulouse 2) : « La dimension réflexive des confessions romanesques dans la fiction du XIXe siècle ».
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  • 9h30 : Laure Lévêque (Littérature française – Université de Toulon) : « Quel mal nous font les romans ! », Modeste Mignon, mensonge romantique et vérité romanesque ? »
  • 11h : Patrick Berthier (Littérature française– Université de Nantes), « Lecteurs et lectrices de romans dans La Comédie humaine ».
  • 11h30 : Brigitte Louichon (Littérature française– Université de Bordeaux), « Discours sur la lecture romanesque : l'exemple d'Eugène Sue ».

 

 

Jeudi 24 novembre, après-midi

Romanesque et roman : conjonction ou disjonction ?

  • 14h30 : Andreas Pfersmann (MCF habilité, Littérature comparée – Université de Polynésie), « Retour sur la notion de « roman romanesque » (XVIIIe-XIXe siècles) ».
  • 15h : Marie Baudry, (Institut Émilie du Châtelet - Université Paris III) : « Être « romanesque » de Stendhal à Flaubert : pour un « romanesque sans le roman » ?
  • 15h30 : Jacques-David Ebguy (Littérature française - Université de Nancy 2), « De l'imaginaire à l''impossible' : romanesque et roman de formation ».

 

 

 

 

 

Vendredi 25 novembre, matin

Le romanesque au féminin

  • 9h : Delphine Jayot (Post-doc – ITEM) : « Figures de lectrices au XIXe,  De Graziella à Emma ou comment lire Paul et Virginie? ».
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  • 9h30 : Isabelle Hoog Naginski (Prof. Littérature française – Tufts University, Boston, USA), « Le 'Tolle lege' d'Alexis dans Spiridion de George Sand : l'étude, la méditation, la prophétie ».
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  • 11h : Maria Scott (Lecturer of french – National University of Ireland, Galway), « Jeunes filles romanesques chez Stendhal et Balzac : une étude comparée de Mina de Vanghel et La Fille aux yeux d'or ».
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  • 11h30 : Valérie Cossy (prof. Littérature comparée – Université de Lausanne) : « Lectrice romanesque et destinée féminine selon Jane Austen, Gustave Flaubert et Mary Elizabeth Braddon »